Aeroplan: bras de fer en vue entre Aimia et Air Canada

Publié le 17/02/2017 à 05:00

Aeroplan: bras de fer en vue entre Aimia et Air Canada

Publié le 17/02/2017 à 05:00

Rupert Duchesne, chef de la direction d'Aimia, actuellement en congé de maladie. D'ici son retour prévu en mai, David Johnston, actuel chef de l’exploitation du groupe assure l'intérim. (Photo: AIMIA)

La pression monte de plus en plus pour la société montréalaise Aimia alors qu’approche à grands pas l’échéance du contrat qui la lie à Air Canada, son plus important client.

En vigueur depuis 2005, l’entente qui existe entre les deux entreprises arrivera à échéance en 2020. Les négociations sont entreprises et les enjeux comptent pour chacune. Mais l’inquiétude se fait sentir surtout du côté d’Aimia (AIM, 9,43$), en raison de cette possibilité apparemment réelle qu’Air Canada (AC, 14,23$) choisisse de lui tourner le dos, avec l’intention de se charger dorénavant elle-même d’Aeroplan, son programme de fidélité.

Loin d’être loufoque, ce scénario du rapatriement semble suffisamment sérieux pour que les analystes de l’industrie aient commencé à réduire leurs prévisions de bénéfice et leur évaluation globale du titre d’Aimia (anciennement Aeroplan Canada) en bourse. Il y a un mois, percevant un rapport de force en faveur d’Air Canada, l’équipe de CIBC Marchés mondiaux abaissait sa recommandation de «neutre» à «sous-performance» avec un cours cible à 8,00$.

Il faut dire qu’Air Canada est l’un des plus importants partenaires d’accumulation et d’échange d’Aimia. En 2015, le transporteur aérien a été responsable de 10% du volume de facturation enregistré par Aimia et, de concert avec les autres membres de Star Alliance, bénéficiaire de 43% des dépenses de récompenses d’Aimia.

Pour sa part, Aimia demeure toujours le plus important client d’Air Canada. L’entreprise que dirige Rupert Duchesne depuis sa fondation en 2002, achète et distribue en récompenses quelque 1,9 million de sièges par année sur les ailes d’Air Canada, pour une enveloppe annuelle estimée à 350M$.

Néanmoins, aux yeux de Stephanie Price, analyste chez Marchés mondiaux CIBC, il ne fait aucun doute qu’Aimia se trouve aujourd’hui en position de faiblesse face à Air Canada et que la société en sortira affaiblie.

Négociatrice aguerrie, Air Canada s’est illustrée ces dernières années dans l’art de tirer son épingle de telles renégociations, notamment avec Chorus Aviation, ses fournisseurs de services d’entretien (autrefois assumés par Aveos), et ses distributeurs de produits alimentaires. Les escomptes accordés à Aimia sur la vente de sièges et l'impossibilité pour Air Canada d'offrir des «milles» à d'autres partenaires (notamment les institutions financières) feront probablement l'objet de discussions serrées.

Selon l’analyste, seules des concessions substantielles en faveur d’Air Canada pourraient empêcher le transporteur de rapatrier en son sein la gestion de son programme de fidélité. Peu importe les scénarios, évalue-t-elle, Air Canada devrait recevoir d’une nouvelle entente plus de 200M$ par année de revenus d’exploitation supplémentaires.

Si Aimia est prête à se mettre à table, une entente est possible. Mais si les demandes d’Air Canada s’avéraient trop élevées ou si Aimia refusait de revoir son entente à la baisse, l’analyste de la CIBC s’attend à ce qu’il y ait divorce et qu’Air Canada rapatrie son programme de fidélité.

Il faut dire qu’en dépit des efforts d’AIMIA depuis une décennie, encore une grande majorité des grands transporteurs continuent de gérer eux-mêmes leurs programmes de fidélité. Air Canada rejoindrait ainsi une majorité, composée de transporteurs aussi importants qu’Air France, American Airlines, British Airways, Cathay Pacific Airways, Delta Airlines, Emirates, Lufthansa, Qatar Airways, Singapore Airlines, Southwest Airlines et United Airlines

Évidemment, une telle décision ne serait pas sans coût pour le transporteur. Il devrait injecter d’importantes sommes dans la gestion de programme (notamment dans la mise en place d’un centre de service à la clientèle de 1 875 téléphonistes). Elle a cependant déjà entrepris en parti ces investissements avec le lancement, en 2013, de son programme Altitude, réservé à ses meilleurs clients.

Pour Air Canada donc, le changement n’apparaît pas si dramatique. Même avec une injection de l’ordre de 500M$ dans une opération de transfert de gestion, analyse la CIBC, le retour sur l’investissement demeurerait élevé pour le transporteur, dont les revenus d’exploitation additionnels seraient d’environ 200M$ par année.

Sans être fatal pour Aimia, le coût d’un rapatriement du programme par Air Canada serait de son côté élevé. Il suffit pour s’en convaincre de rappeler que pas moins de 85% du BAIIA (bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement) ajusté d’Aimia dépend directement du Canada et du programme de fidélité de la coalition Aeroplan

Tout compte fait, qu’il y ait nouvelle entente ou divorce, Aimia n’aura d’autres choix, selon la CIBC, que de compenser ses pertes par une révision en profondeur de sa structure de revenus, par de nouvelles réductions de coûts, et par la vente d’actifs jugés non stratégiques, dont possiblement ses participations dans Cardlytics et Club Premier.

Selon Tim Casey, analyste chez BMO Marchés des capitaux, Aimia n’a pas encore terminé l’examen des actifs dont elle pourrait se départir. Ces actifs représenteraient des facturations brutes annuelles de 150M$ à 200M$ en 2016.

Depuis le début de 2017, son titre a progressé de 5,18% à la Bourse de Toronto et s’échangeait au-dessus des 9$ en début de semaine.

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