Merck s'offre Cubist pour 9,5G$US

Publié le 08/12/2014 à 15:24

Merck s'offre Cubist pour 9,5G$US

Publié le 08/12/2014 à 15:24

Par AFP

(Photo: Bloomberg)

Dans la course à la croissance que se livrent les grands laboratoires pharmaceutiques du globe, l'Américain Merck a frappé un grand coup lundi en achetant le spécialiste des antibiotiques Cubist Pharmaceuticals pour 9,5 milliards de dollars.

Fondée en 1992 et basée à Lexington dans le Massachusetts (nord-est des États-Unis), Cubist est connue pour ses traitements contre les maladies nosocomiales.

Son médicament vedette (94% de ses ventes) le Cubicin, antibiotique contre les infections cutanées, vendu dans une cinquantaine de pays, lui a rapporté l'an dernier un peu plus de 966,7 millions de dollars.

Considéré par les analystes comme un futur «blockbuster» - ces médicaments qui rapportent un milliard de dollars par an - le Cubicin devrait voir ses ventes s'élever à 2 milliards de dollars par an à partir de 2017, selon les estimations de Cubist.

Pour s'emparer du spécialiste de «superbactéries» résistantes aux médicaments existants, Merck a mis sur la table 8,4 milliards de dollars en numéraire et reprendra 1,1 milliard de dollars de dette nette supportée par sa future filiale, selon un communiqué. Ce qui valorise Cubist à 9,5 milliards de dollars.

Dans le détail, le deuxième groupe pharmaceutique américain après Pfizer propose 102 dollars par action Cubist. Cela représente pour les actionnaires de Cubist une prime de 37% par rapport au dernier cours coté (74,36 dollars vendredi soir sur le Nasdaq).

Un besoin d'antibiotiques

«Cubist a un pipeline en phase finale très prometteur», justifie le directeur général de Merck, Kenneth Frazier, cité dans le communiqué.

Cette acquisition, qui devrait être finalisée au premier trimestre 2015 après le feu vert des autorités règlementaires, va permettre à Merck de se développer dans les antibiotiques.

Cubist dispose de plusieurs médicaments en tests cliniques de phase 3, la dernière étape avant une demande de mise sur le marché, notamment contre la pneumonie ou les problèmes intestinaux.

L'un de ces traitements est le Ceftolozane/tazobactam, censé traiter les infections urinaires et abdominales. Les autorités sanitaires américaines doivent se prononcer sur son autorisation le 21 décembre.

Merck mise de son côté sur le Relebactam, un traitement contre la lactamase, une bactérie qui résiste par exemple à la penicilline.

Cette opération intervient dans un contexte de recomposition du paysage pharmaceutique mondial et notamment américain où les grands groupes sont en quête de relais de croissance pour pallier la perte de leurs brevets.

Si les antibiotiques n'étaient pas jusqu'ici considérés comme un créneau très rentable, les analystes font valoir que l'arsenal thérapeutique anti-bactérologique devient insuffisant face à des bactéries développant de fortes résistances.

Selon eux, il va falloir trouver de nouvelles mollécules pour vaincre ces résistances aux antibiotiques connus. C'est cette urgence qui rend attractive une «biotech» comme Cubist. 

Merck estime d'ailleurs que cette acquisition devrait gonfler son chiffre d'affaires d'un milliard de dollars l'an prochain, même si elle sera neutre sur le bénéfice ajusté par action en 2015 et relutive au delà.

Elle ne devrait pas non plus être trop difficile à digérer pour Merck qui affiche une capitalisation boursière de 175 milliards.

À Wall Street, le titre Cubist s'envolait de 35,54% à 100,79 dollars dans les premiers échanges, tandis que Merck reculait de 0,44% à 61,22 dollars.

Ce dernier avait annoncé à l'automne 2013 un plan d'économies qui prévoyait 8 500 suppressions d'emplois d'ici fin 2015 et fait part de son intention de se concentrer sur quelques domaines thérapeutiques clés comme l'oncologie, le diabète, les vaccins et les soins hospitaliers de courte durée.

Il vient de finaliser la cession au concurrent allemand Bayer pour 14,2 milliards de dollars de sa division de produits de consommation grand public, qui comprend des médicaments en vente libre comme le traitement contre l'allergie Claritin, mais aussi les crèmes solaires Coppertone ou les produits pour les pieds Dr Scholl's.

Merck n'écarte pas par ailleurs de futures cessions, alors qu'analystes et marchés lui suggèrent depuis plusieurs mois de céder ses produits matures, concurrencés par les génériques, pour se concentrer sur ses traitements en développement.

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