Tesla: des milliards de dollars partis en fumée

Publié le 23/06/2016 à 13:55

Tesla: des milliards de dollars partis en fumée

Publié le 23/06/2016 à 13:55

Par AFP

Elon Musk. (Photo: Bloomberg)

En voulant réunir sous le même toit deux de ses bébés, Elon Musk, le charismatique patron de Tesla, s'est pour la première fois mis à dos Wall Street qui a exprimé sa désapprobation à coups de milliards de dollars partis en fumée en Bourse.

M. Musk a pris de court la communauté financière mardi en annonçant que Tesla (Nasdaq, TSLA), le fabricant de véhicules électriques de luxe, mettait 2,7 milliards de dollars sur la table pour racheter le producteur d'énergie solaire SolarCity (Nasdaq, SCTY). 

L'entrepreneur milliardaire d'origine sud-africaine a fondé les deux entreprises: Tesla en 2003 et SolarCity en 2006. Il détient 21,1% du constructeur automobile et 22,5% de SolarCity et est le président de leur conseil d'administration respectif.

Certes, les deux entreprises ont des partenariats - SolarCity se sert par exemple des batteries Tesla pour stocker l'électricité produite par ses panneaux solaires notamment sur l'île hawaïenne de Kuai. Mais la fusion de ces deux groupes aux fortunes diverses a fait plus d'un sceptique.

Tesla en a fait les frais en perdant sur la seule séance boursière de mercredi 10,45% de sa valeur, soit 3,4 milliards de dollars.

«C'est clairement un grand tournant pour le modèle économique de Tesla», explique Patrick Jobin, analyste chez Credit Suisse. «Et SolarCity vaut davantage que ce qu'offre Tesla. Nous ne donnons pas plus de 40% de chance à ce projet d'aller jusqu'au bout», résume-t-il. 

Ce projet de mariage a en effet rajouté de la confusion à la quête d'identité de Tesla, qui veut convaincre ses détracteurs qu'il est un véritable constructeur automobile avec la commercialisation prévue fin 2017 de la «Model 3», sa première voiture moyenne de gamme produite en masse. 

Le groupe automobile, qui n'a jamais dégagé un bénéfice depuis sa création malgré une bonne réputation auprès des consommateurs, compte sur ce véhicule pour produire 500 000 véhicules par an d'ici 2018 soit plus de cinq fois les 89 000 voitures annuelles construites actuellement.

Conflit d'intérêts

Côté SolarCity, le problème est lié au prix: ses actionnaires et la communauté financière estiment que le groupe vaut davantage que ce qui est proposé en dépit du fait qu'il est endetté et est devenu un puits de pertes lors des trois dernières années. Le titre a en effet gagné plus de 3% mercredi.

Marier Tesla et SolarCity «coule de source», défend pourtant Elon Musk dont les projets visionnaires sont derrière l'ascension fulgurante de Tesla en Bourse. Le constructeur automobile vaut 28 milliards de dollars alors qu'il ne vend que deux modèles. Par comparaison, Renault valait 24 milliards d'euros mercredi et PSA Peugeot Citröen 11,3 milliards alors qu'ils commercialisent chacun des dizaines de modèles.

«Nous serions la seule compagnie au monde intégrée verticalement en offrant une solution d'énergie propre de bout en bout», argue M. Musk, qui construit une gigantesque usine de batteries dans le Nevada (ouest). 

L'argument n'a pas convaincu Wall Street, de nombreux analystes faisant valoir que les actionnaires de Tesla sont essentiellement intéressés par l'automobile.

La fusion Tesla-SolarCity «accroît notre inquiétude sur la capacité de Tesla à accélérer avec succès la production de la 'Model 3' car l'intégration et le financement de SolarCity risquent de détourner l'attention du management», redoute Ryan Brinkman Chez JPMorgan.

«Les acheteurs des voitures Tesla les achètent principalement parce qu'elles sont les meilleures et les plus en avance sur le plan technologique. Ils ne s'intéressent pas au fait qu'elles ont la meilleure solution énergétique disponible», souligne également Deutsche Bank. 

Certains observateurs s'interrogent aussi sur les problèmes de gouvernance que soulève le mariage. 

Les deux groupes partagent des membres de leur conseil d'administration et deux des cousins de M. Musk, Lyndon et Peter Rive, sont respectivement directeur général et responsable des technologies de SolarCitry.

Pour éviter tout conflit d'intérêts, M. Musk, qui est aussi patron de SpaceX, a déjà annoncé qu'il ne prendrait pas part au vote final sur la fusion prévu dans les prochaines semaines.

Ceci n'empêche par des investisseurs tel le financier spéculateur Jim Chanos, chez Kynikos Associates, de qualifier ce mariage de «renflouement» de SolarCity par Tesla. C'est un «exemple honteux de mauvaise gouvernance d'une entreprise», fulmine-t-il.

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