Faire manger les Chinois pour éviter d'être mangé

Publié le 08/02/2012 à 13:52, mis à jour le 09/02/2012 à 08:57

Faire manger les Chinois pour éviter d'être mangé

Publié le 08/02/2012 à 13:52, mis à jour le 09/02/2012 à 08:57

Par Marie-Eve Fournier

Photo : LesAffaires.com

Toronto – Les entreprises de l’industrie agroalimentaire au Canada doivent changer leurs stratégies et obtenir l’aide du gouvernement pour croître davantage à l’international si elles veulent éviter de subir le même sort que l’industrie minière, croit le Conference Board du Canada.

C’est en citant les entreprises Alcan, Falconbridge et Inco – dont le contrôle a été pris par des sociétés étrangères – que Michael R. Bloom, vice-président au Conference Board du Canada, a encouragé les entreprises du secteur alimentaire à prendre de l’expansion. « C’est un sujet auquel il faut réfléchir », a-t-il dit au Canadian Food Summit 2012, qui se tient actuellement à Toronto.

M. Bloom a rappelé que le Canada est déjà l’un des rares pays du monde qui exportent davantage de nourriture qu’ils en importent. Mais la demande mondiale pour la nourriture est immense et les entreprises canadiennes peuvent en profiter. L’Inde et la Chine sont les deux pays qui risquent le plus de manquer de nourriture et « peu de pays peuvent subvenir à leurs besoins».

L’expansion à l’international est d’autant plus importante que la demande intérieure au Canada est faible ; la population augmente en effet très lentement.

La force du dollar canadien, la hausse du prix des denrées, la consolidation (fermes, usines de transformation, détaillants), la concurrence accrue et les besoins financiers énormes requis par l’industrie comp liquent cependant les choses...

Dépenses alimentaires en constante baisse

Par ailleurs, le Conference Board a indiqué que les Canadiens dépensent invariablement de moins en moins d’argent pour se nourrir. Et ce, depuis 50 ans. En 1961, 30 % des revenus étaient consacrés à l’alimentation, contre 15 % aujourd’hui.

Malgré tout, l’industrie agroalimentaire se porte bien et fait plus de profits que toutes les autres industries, selon des données compilées par l’organisme. «Tout le monde doit manger, la demande est inélastique », a expliqué M. Bloom.

Il y a quand même de grands défis à tous les niveaux de la chaîne : les petites fermes en arrachent et disparaissent du paysage, la consolidation dans le secteur manufacturier et la concurrence accrue que les livrent aux épiciers des détaillants « non traditionnels ».

« Depuis 2004, la part de marché des détaillants comme Walmart, Canadian Tire et les pharmacies est passée de 12 % à 18 % », a précisé le représentant du Conference Board.

Les défis de Saputo

Dans le cadre d’une matinée consacrée entièrement à la viabilité économique des entreprises du secteur alimentaire, Dino Dello Sbarba, vice-président exploitation de Saputo (un des commanditaires de l'événement), a fait un survol des stratégies de l’entreprise montréalaise pour croître. Le douzième plus grand transformateur laitier du monde, avec 47 usines dans cinq pays, a été cité comme étant un bel exemple de réussite.

Au Canada, la consommation per capita de lait est beaucoup plus élevée que la moyenne mondiale (250 litres contre 104), a indiqué le dirigent, ce qui force Saputo « à chercher des avenues de croissance à l’international, dans les marchés émergents ». Au cours des prochaines années, la consommation mondiale de produits laitiers devrait augmenter de 2 %.

Le fait que l’industrie laitière canadienne soit « très règlementée » pose aussi des défis au transformateur. « Il y a de bons et de mauvais côtés à tous les systèmes. Nous ne sommes pas là pour les critiquer. Nous composons avec. »

Un fermier ontarien a ensuite pris la parole pour raconter les problèmes auxquels il est confronté, notamment celui de la relève. « Mes deux garçons ne sont pas intéressés par ma ferme. Je ne sais pas ce que je vais faire », a lancé Peter J. Lambrick, tout en insistant sur le fait que sa situation est loin d’être unique. L’âge moyen des agriculteurs ontariens est de 57 ans.

Comme pour faire réaliser aux quelque 600 personnes dans la salle que le prix de notre nourriture n’est pas élevé, il a précisé que dans quatre jours (le 12 février), en moyenne, les Canadiens auront gagné assez d’argent cette année pour se nourrir tout au long de 2012. Cette journée est appelée « Food Freedom Day ».

« Il faut réaliser à quel point nous sommes privilégiés », a affirmé l’agriculteur, tout en souhaitant que tous les acteurs de la chaîne d’approvisionnement puissent faire des profits acceptables.

À lire : Les Affaires au Canadian Food Summit 2012

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