L'aide fédérale à Bombardier essuie une volée de critiques

Publié le 08/02/2017 à 13:30

L'aide fédérale à Bombardier essuie une volée de critiques

Publié le 08/02/2017 à 13:30

L'opposition à Ottawa n'a pas tardé à critiquer la décision du gouvernement Trudeau d'accorder un prêt de 372,5 millions $ à Bombardier, les conservateurs dénonçant l'utilisation de l'argent des contribuables pour une entreprise «qui n'en avait pas besoin pour continuer», tandis que le Bloc estime que le Québec est «complètement abandonné» par le fédéral.

Le gouvernement Trudeau a annoncé, mardi soir, l'octroi d'un prêt de 372,5 millions $ à Bombardier. À l'entrée des caucus, le jeune député conservateur Garnett Genuis a indiqué qu'il aurait été préférable que le gouvernement appuie un agrandissement de l'aéroport Billy-Bishop à Toronto, ce qui aurait permis de soutenir du même coup Bombardier.

Les conservateurs avaient d'ailleurs déposé une motion en ce sens l'an dernier, sans succès. M. Genuis a également rappelé que Bombardier avait déclaré dans le passé que l'aide fédérale n'était pas nécessaire pour poursuivre ses activités.

De son côté, le chef par intérim du Bloc québécois, Rhéal Fortin, a dénoncé le montant du prêt octroyé par Ottawa, qui se situe loin du milliard que demandait la compagnie québécoise. Selon lui, le Québec est complètement laissé à lui-même comparativement aux autres provinces.

«Le commentaire le plus approprié, je pense, sur Bombardier, c'est que ça leur a pris 20 mois, au gouvernement fédéral (...), alors au bout de 20 mois, qui est la période de gestation d'un éléphant, on accouche d'une souris», a illustré M. Fortin en matinée. M. Fortin a également critiqué le fait que seul le tiers du montant octroyé ira au développement de la CSeries, au Québec.

«C'est très loin du milliard américain qui était demandé pour la série C. Je comprends que la situation change, elle évolue, mais manifestement, le gouvernement fédéral n'est pas là pour appuyer l'entreprise québécoise de la même façon qu'il a appuyé, par exemple, l'automobile en Ontario, le pétrole dans l'Ouest, Muskrat Falls dans les Maritimes», a-t-il dit.

Le ministre de l'Innovation, des Sciences et du Développement économique, Navdeep Bains, a cependant assuré, à l'entrée des caucus, que les deux tiers des emplois touchés par le prêt d'Ottawa étaient situés au Québec, puisque la recherche et le développement de même que la finition du Global 7000 sont faits à Dorval.

«Donc ces emplois sont une bonne chose pour le secteur de l'aérospatial en général, et les deux tiers des emplois seront au Québec et à Dorval», a-t-il expliqué. Le premier ministre Justin Trudeau a pour sa part affirmé que son gouvernement avait discuté longuement avec le président et chef de la direction de Bombardier, Alain Bellemare, «qui a expliqué que l'aide dont Bombardier a besoin, c'est de ce montant-là».

«Grâce à nous, Bombardier existe encore!» 

Le montant consenti par Ottawa à Bombardier et le long délai de réponse de la part du gouvernement Trudeau aux demandes de l'entreprise ont créé un malaise certain à Québec, où la classe politique s'attendait à bien davantage.

Le premier ministre Philippe Couillard était très peu bavard, mercredi, pour commenter la contribution fédérale, venue "tardivement", a-t-il reconnu à l'Assemblée nationale. Il a surtout insisté pour dire que c'était son gouvernement à lui qui était intervenu à temps, l'an dernier, et massivement, afin de sauver le fleuron québécois de l'aéronautique du naufrage.

«Grâce à nous, Bombardier existe encore!», avait lancé un peu plus tôt le premier ministre aux journalistes, sans vouloir s'arrêter, alors qu'il allait rejoindre les membres de son caucus. Il n'a pas voulu élaborer davantage.

Le chef de l'opposition officielle, Jean-François Lisée, était beaucoup plus enclin à critiquer la position du gouvernement fédéral dans ce dossier et à en faire une lecture politique. Le trop faible soutien financier apporté par Ottawa à Bombardier milite en faveur de la souveraineté du Québec, selon lui.

Aux yeux du gouvernement fédéral, qui n'a pas hésité dans le passé à aider généreusement l'industrie automobile en difficulté en Ontario, ce n'est jamais le tour du Québec de recevoir sa part du gâteau, a-t-il commenté en conférence de presse, mercredi matin, au lendemain de l'annonce, très attendue, faite par le gouvernement Trudeau dans le dossier de Bombardier.

 Le chef péquiste en conclut que le Québec est toujours le grand négligé du système fédéral et qu'il aurait intérêt à en sortir. «À quoi ça sert exactement d'être dans ce pays-là?», s'est interrogé M. Lisée, en conférence de presse, au parlement. C'est le rôle du gouvernement fédéral de venir en aide aux fleurons économiques en difficulté à travers le pays, mais «quand notre tour vient, ben, c'est jamais notre tour», a-t-il ajouté, convaincu que cette déconvenue constitue une preuve additionnelle «qu'on serait mieux de faire l'indépendance du Québec».

«On n'est pas dans le bon pays», selon lui. Le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, juge pour sa part que Québec a mal négocié son soutien à la multinationale, en prenant une trop grande part des risques financiers encourus.

À l'Assemblée nationale, il a demandé au premier ministre Couillard de renégocier l'entente conclue l'an dernier avec Bombardier, un scénario aussitôt exclu par M. Couillard.

«Comme négociateur, Philippe Couillard a fait la démonstration qu'il était un pee-wee, un amateur», selon M. Legault. Il estime que la contribution bien modeste, si on la compare à celle de Québec, consentie par Ottawa mardi est la preuve de la justesse de son argumentaire. À ses yeux, les négociateurs fédéraux «ont été des négociateurs plus habiles et plus rusés» que ceux du Québec.

M. Legault se demande aussi quelles sont les garanties d'emplois pour le Québec dans ce dossier. Le porte-parole de Québec solidaire, Amir Khadir, a déploré pour sa part que malgré une participation directe du gouvernement du Québec dans l'entreprise, le gouvernement Couillard ne pourra exercer aucun contrôle sur la gestion et l'administration de Bombardier.

«Ce que ça veut dire, c'est que cette entreprise-là ne nous respecte pas, considère les contribuables québécois comme une vache à lait à siphonner quand ça lui plaît sans aucune responsabilité morale», a-t-il conclu en point de presse.

«Ça veut dire que nos politiciens au fédéral comme ici à Québec, Mme Anglade (ministre de l'Économie) et M. Couillard, méprisent les travailleurs et les travailleuses et ne sont qu'au service, malheureusement, des intérêts d'une entreprise comme Bombardier», selon lui.

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