Jean-Paul Gagné : un budget adéquat, mais trop optimiste

Publié le 27/01/2009 à 00:00

Jean-Paul Gagné : un budget adéquat, mais trop optimiste

Publié le 27/01/2009 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

Le ministre des Finances avait besoin de plaire à un grand nombre de Canadiens. C’est chose faite, grâce au saupoudrage de mesures, si bien que toutes les clientèles électorales ont une part de la nouvelle manne fédérale : les particuliers (hausse du montant de base et des fourchettes des taux d’impôt), les personnes âgées (hausse du crédit d’impôt), les entrepreneurs, les étudiants (bourses d’études), les chercheurs, les Autochtones, ainsi que les gestionnaires d’un grand nombre d’industries.

Un plan de relance était nécessaire, car l’économie canadienne subira durement les effets de la récession américaine, qui s’annonce sévère.

Le gouvernement canadien dépensera18 milliards (G) de dollars en 2009-2010 et à 15,5 G$ en 2010-2011 pour différentes mesures de relance de l’économie. C’est un peu plus de 1 % du produit intérieur brut (PIB) canadien sur une base annuelle. Toute proportion gardée, c’est la moitié du plan de relance de 825 G$ sur deux ans du président Barack Obama, toujours sur une base annuelle. C’est adéquat, car la situation canadienne est beaucoup moins pique qu’aux États-Unis.

Avec les mesures de soutien de l’économie qui ne sont pas des dépenses fiscales directes du gouvernement (comme les prêts de 2,7 G$ à l’industrie automobile et de 1 G$ aux municipalités), l’impact global du plan de relance du gouvernement représenterait respectivement 1,9 % et 1,4 % du PIB pour les deux prochaines années. Aux États-Unis, les impacts respectifs seront de 2,9 % et 2,8 % du PIB.

Toutefois, l’effort global du gouvernement Harper ne s’arrête pas là puisque celui-ci prévoit des déficits totaux respectifs de 33,7 G$ et 29,8 G$ pour les deux prochaines années en raison des manques à gagner respectifs de 15,7 G$ et 14,2 G$ qu’aurait encourus Ottawa sans le programme de relance.

Le plan budgétaire du ministre Flaherty coûtera cher. Pendant les cinq exercices financiers qui se termineront le 31 mars 2013, les déficits cumulatifs atteindront 85 G$. Quant à la dette fédérale, elle passera au cours de la même période de 456 G$ à la fin de mars 2008 à 542 G$ à la fin de mars 2013. Elle atteindra 32,1 % du PIB en mars 2011, au lieu de 28,6 % en mars 2009. On est bien loin de mars 1996, alors qu’elle avait atteint 68,4 % du PIB.

Le ministre annonce que le gouvernement retrouvera en situation de surplus budgétaire à compter de 2013 -2014. C’est certainement optimiste, car il faudrait, pour cela, que la reprise économique soit à la fois rapide et solide et, surtout, que l’économie américaine se redresse de façon significative. Or, certaines mesures budgétaires, telles les baisses d’impôt sur le revenu ses particuliers, sont permanentes.

Le budget renferme aussi plusieurs mesures structurantes pour l’économie : 2 G$ pour la construction, la rénovation et l’entretien d’immeubles dans le secteur de l’éducation post-secondaire, 750 M$ à la Fondation canadienne pour l’innovation en appui aux infrastructures pour la recherche de pointe, 225 millions pour apporter des services à large bande dans les régions éloignées, 500 M$ pour l’informatisation des dossiers médicaux et 1 G$ pour la recherche et développement et des projets d’énergie propre.

Tel que prévu, l’aide aux infrastructures n’a pas été oubliée avec des engagements de 12 G$ sur deux ans. Or, il est à prévoir qu’une bonne partie de ces montants ne seront pas débloqués au cours de la période prévu puisque plusieurs projets nécessitent une contrepartie des gouvernements provinciaux, ce qui nécessite toujours des négociations.

Le budget s’attaque avec raison au manque de disponibilité du crédit. Ottawa rachètera 50 G$ de prêts hypothécaires assurés, portant ce programme à 125 G$. C’est une excellente mesure, car c’est autant d’argent qui sera libéré pour permettre aux banques d’accroître leurs prêts aux entreprises et aux particuliers. La Banque de développement du Canada, qui finance des PME, Exportation et développement Canada, qui assure les exportations et la Société d’hypothèques et de logement auront des fonds additionnels. De plus, Ottawa accroîtra ses engagements sous forme de garanties sur des prêts commerciaux à différentes catégories d’entreprises (PME, assureurs vie, etc.). Les entreprises bénéficient aussi d’allègements fiscaux et l’élimination de droits de douanes afin de faciliter l’achat d’équipements, de matériel de fabrication et d’ordinateurs, ce qui leur permettra d’accroître leur productivité.

D’aucuns trouveront que le plan de relance n’est pas assez audacieux, mais les critiques les plus vives devraient venir des provinces puisque les sommes versées au titre de la péréquation ont été revues à la baisse, ce qui veut dire que rien dans ce budget ne leur apporte un répit supplémentaire, à part le soutien pour les dépenses d’infrastructures.

Compte tenu que Québec recevra moins d’argent que prévu de la péréquation, la ministre Monique Jérôme-Forget devra sans doute démontrer beaucoup de courage et de créativité pour livrer un budget proche de l’équilibre financier.

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