Conserver une solide chaîne d'approvisionnement aéronautique


Édition du 19 Mars 2016

Conserver une solide chaîne d'approvisionnement aéronautique


Édition du 19 Mars 2016

Par Les Affaires

[Photo : Shutterstock]

La région métropolitaine de Montréal accueille la troisième grappe aéronautique en importance dans le monde, 55 % des emplois et des ventes du secteur canadien de l'aéronautique, et 70 % des investissements de R-D en aéronautique au Canada. Au coeur de la réussite mondiale de ce secteur, on compte quatre équipementiers d'origine établis au Québec et chefs de file mondiaux - Bombardier, Bell Helicopter Textron Canada, Pratt & Whitney Canada et CAE - de même qu'une robuste chaîne de valeur québécoise de près de 200 fabricants d'équipement et de petites et moyennes entreprises (PME).

Bombardier représente à elle seule environ 18 000 emplois directs en aéronautique au Québec, soit 57 % de ces emplois, et quelque 6 300 emplois en Ontario. Depuis 1986, elle a également généré plus de 16 milliards de dollars en taxes, impôts, droits, impôts sur le revenu des employés et remboursements de subventions gouvernementales.

Si l'on affaiblit l'un ou l'autre des grands équipementiers d'origine du secteur aéronautique au Canada, on commence à gruger le coeur et l'âme de ce secteur à haute technologie et de cette importante source de richesse dans notre pays. La vie deviendrait également beaucoup plus difficile pour près de 1 000 fournisseurs aéronautiques au Québec et en Ontario.

Que risquons-nous de plus à ne pas soutenir nos champions aéronautiques mondiaux et leurs produits phares ? Au Québec, par exemple, nous mettons en péril les 42 000 emplois du secteur, dont un fort pourcentage de postes hautement qualifiés et très bien rémunérés. Nous compromettons la capacité de l'aéronautique à rester le principal exportateur de la province et à maintenir, sans parler d'augmenter, des ventes qui ont atteint 13,8 G$ au Québec en 2014. La capacité de la province à attirer et à conserver les meilleurs talents par ses programmes spécialisés d'études postsecondaires et par des cheminements professionnels prometteurs s'en trouverait diminuée. Les fournisseurs perdraient également des occasions de devenir des fournisseurs mondiaux de premier ordre. Les répercussions en chaîne sur tout le secteur aéronautique canadien seraient loin d'être négligeables.

Créer de la richesse

Tout aussi troublants seraient les brevets, les innovations, les produits et les capacités futures qui ne se concrétiseraient jamais. Ce que cela représenterait pour notre société et notre économie est difficile à mesurer. Ce que nous savons, cependant, c'est que l'innovation et la connaissance sont essentielles à la création de richesse. Au Québec, elles sont essentielles pour stimuler le revenu disponible par habitant dans la province, actuellement le plus bas au pays.

Si le Canada veut conserver une solide industrie aéronautique - et nous sommes convaincus que ce secteur à valeur ajoutée est crucial pour la prospérité future du pays -, il doit veiller à ce que les entreprises qui en sont les piliers prospèrent dans l'arène internationale. Les États-Unis et l'Europe soutiennent vigoureusement leurs industries aéronautiques pour y stimuler l'innovation, l'avantage concurrentiel et la création d'emplois et de richesse. Un nombre croissant d'autres pays, dont la Chine, se lancent également dans ce secteur, car ils voient bien les avantages concrets d'une présence en aéronautique.

Le gouvernement du Québec a relevé le défi en investissant dans le programme d'avions commerciaux CSeries de dernière génération de Bombardier et dans l'avenir de la province. Cet investissement montre clairement au marché et aux clients potentiels des avions CSeries que le Québec soutient ses champions aéronautiques mondiaux et leurs produits révolutionnaires. Nous encourageons le gouvernement fédéral à s'assurer d'envoyer un message tout aussi percutant.

Suzanne M. Benoît, pdg, Aéro Montréal

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