Bombardier: les actionnaires se rangent du côté de la direction... et du rendement

Publié le 12/05/2017 à 13:15

Bombardier: les actionnaires se rangent du côté de la direction... et du rendement

Publié le 12/05/2017 à 13:15

Michel Nadeau, directeur général de l'IGOPP. (DR)

Tout ça pour ça ? C’est en ces termes que bon nombre d’observateurs ont pu accueillir le résultat des votes de consultations tenues, ce jeudi, à l’occasion de l’assemblée annuelle des actionnaires de Bombardier.

Car malgré tout le bruit qui aura entouré la rémunération des dirigeants et l’élection des administrateurs, les actionnaires de Bombardier se seront finalement rangés massivement derrière les recommandations de la direction de l’entreprise.

Ainsi, la politique de rémunération des membres de la haute direction de Bombardier, pourtant vivement critiquées ces dernières semaines, a reçu un appui de 93,47% des voix exprimées, contre seulement 6% d’opposition.

Le scénario s’est répété au moment de l’élection des administrateurs, en particulier ceux issus de la famille Beaudoin-Bombardier, dont la présence au conseil d’administration et l’expertise de certains avaient pourtant été questionnés au cours des dernières semaines.

Résultat : Pierre Beaudoin, petit-fils du fondateur Joseph-Armand Bombardier, a réussi à recueillir 92,32% d’appui pour sa réélection au conseil d’administration de l’entreprise. Nommé président exécutif du conseil d’administration au moment de l’embauche d’Alain Bellemare à titre de chef de la direction, il agira dorénavant à titre de président «non exécutif» du conseil.

Laurent Beaudoin, 78 ans, gendre du fondateur et ex-président de Bombardier, a recueilli pour sa part 95,45% d’appuis pour sa réélection au conseil. Il en va de même de même des trois autres membres de la famille ; Joanne Bissonnette, JR André Bombardier et Jean-Louis Fontaine ont tous obtenu le support de plus de 96% des voix.

Le rendement d’abord, selon l’IGOPP

Présent à Dorval lors de cette assemblée des actionnaires, Michel Nadeau, directeur général de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP), tire quelques conclusions difficiles à la lueur des résultats de vote obtenus.

En outre, l’ex-numéro 2 de la Caisse de dépôt et placement du Québec (sous Jean-Claude Scraire) se dit forcé de supposer que même si le débat des dernières semaines sur les questions de gouvernance chez Bombardier ont pris une grande place au Québec, il ne semble pas avoir connu le même écho ailleurs au Canada et aux États-Unis.

Car même si 53% des voix proviennent de la détention d’actions multivotantes par les membres de la famille Bombardier-Beaudoin, force est de constater à son avis qu’une majorité des détenteurs d’actions ordinaires (catégorie B) ont finalement ignoré les appels multiples au rejet des propositions de l’entreprise.

 « Ça vient prouver que les grands gestionnaires de fonds mutuels ne sont pas sensibles à toutes ces préoccupations. Tout ce qu’ils veulent au fond, c’est du rendement. (…) Une hausse de 0,50$ du prix d’une action de Bombardier aujourd’hui se traduit par une création de valeur de 1G$ dans la poche des investisseurs. Il faut comprendre, dans ce contexte, que les dizaines de M$ que l’on distribue aux membres de la direction de l’entreprise chaque année ne sont pas d’une très grande importance pour ces gens.»

Quant aux petits actionnaires indépendants, on estime que plus des deux-tiers qui se sont prévalus de leur droit de vote se sont prononcés en faveur des propositions de la direction de Bombardier ; et donc à l’encontre des positions exprimées ces dernières semaines par la FTQ, la Caisse de dépôt et placement du Québec, l’IGOPP, le Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires, Teachers, et cie.

À la lumière de ces résultats, M. Nadeau affirme être forcé de conclure qu’à l’instar des grands gestionnaires, une majorité de «petits porteurs» cherchent d’abord du rendement sur leurs investissements. «On l’a vu (par les questions exprimées en assemblée), ce qu’ils veulent, c’est un dividende ; un dividende et surtout que la valeur du titre en Bourse remonte, de 2$ à 10$, puis de 10$ à 20$. C’est tout ce qu’ils souhaitent.»

À (re) lire sur le même sujet: Bombardier: Pierre Beaudoin quitte son poste au CA, mais...

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