Bombardier: la Caisse de dépôt travaille à un «scénario inventif»

Publié le 05/11/2015 à 15:40

Bombardier: la Caisse de dépôt travaille à un «scénario inventif»

Publié le 05/11/2015 à 15:40

Après le gouvernement du Québec, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) est sur le point de participer à son tour au sauvetage de Bombardier et de son programme CSeries, soutient un de ses ex-dirigeants.

Michel Nadeau, devenu directeur général de l’Institut sur la gouvernance d’organisations publiques et privées (IGOPP) après avoir œuvré près de vingt ans à la Caisse, en est convaincu.

Il soutient détenir de «sources proches du dossier», que l’organisation travaille actuellement à un scénario qu’il qualifie à la fois d’«inventif et créatif» afin d’intervenir financièrement dans l’entreprise, actuellement en difficulté. Un scénario qui, en autant que toutes les parties y consentent, pourrait faire l’objet d’une annonce qui ne saurait tarder, selon M. Nadeau.

Rappelons que Québec a annoncé la semaine dernière vouloir investir 1 G$US dans Bombardier afin de l'aider à compléter le développement de sa nouvelle gamme d’avions commerciaux CSeries, dont les dépassements de coût ont grandement fragilisé la santé financière de l’ensemble de l’entreprise.

Par le biais d'Investissement Québec (IQ), Québec possédera 49,5% d'une société en commandite qui regroupera les actifs, passifs et obligations du CSeries. En échange, Bombardier - qui détiendra 50,5% de la société – s’engage à maintenir son siège social au Québec, ainsi que d'autres activités liées au programme CSeries pour les 20 prochaines années.

Sans être en mesure de décrire l’entente en préparation, l’ex-numéro deux de la Caisse –il a été président de CDP Capital (100G$ d’actifs) sous l’ex-président Jean-Claude Scraire- soutient que l’organisation se buterait actuellement à des réticences de la haute direction de Bombardier.

«Comme lors d’une danse, il faut être deux pour faire un deal, dit-il. Il arrive que les directions de certaines entreprises, et c’est peut-être le cas chez Bombardier, ont besoin d’un certain temps pour reprendre contact avec une certaine réalité.»

Par la voix de son président et chef de la direction, Alain Bellemare, Bombardier n’a pas voulu confirmer l’existence de telles discussions avec la Caisse. Ce dernier se limite à répéter depuis des mois «envisager toutes les options possibles».

Au cours de derniers mois, les rumeurs vont bon train sur la nature de ces options actuellement sur la table. Outre une aide spéciale du gouvernement fédéral, fortement envisagée depuis le dernier investissement de Québec, la vente d’une part ou de la totalité du programme CSeries à des concurrents comme Airbus et Boeing ont soulevé plusieurs questions.

Bombardier aurait aussi entrepris des discussions avec la Caisse ces derniers mois, qui aurait cependant demandé en échange des modifications liées au nombre de votes attribués à ses actions de catégorie A (10 votes par action), qui permettent actuellement à la famille Bombardier-Beaudoin de contrôler encore 54% de l’entreprise.

«En profitant de l’éventuelle nouvelle émission d’actions multivotantes de Bombardier, la Caisse pourrait accroître sa part dans l’entreprise tout en diluant celle de la famille (Bombardier-Beaudoin). Voilà un geste, pense Michel Nadeau, que la rue apprécierait beaucoup».

Sur ce point cependant, comme sur d’autres, le directeur des communications de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Maxime Chagnon, observe la règle du mutisme. «Nous ne confirmons pas et ne commentons pas les discussions de la Caisse, celles qui ont cours comme celles qui n’ont pas cours. (…) Comme toujours, nous ne commentons pas les rumeurs du marché.»

Peu après 15 heures ce jeudi, l’action de Bombardier se négociait à 1,51$ à la Bourse de Toronto, en hausse de 0,04$ ou de 2,72% comparativement au cours de clôture de la veille. Depuis le début de l’année, la valeur de son action a reculé de 2,68$ ou de 64,58%.

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