Aviation québécoise : un plan de vol axé sur l'avenir


Édition du 17 Juin 2017

Aviation québécoise : un plan de vol axé sur l'avenir


Édition du 17 Juin 2017

Par Alain McKenna

Les futurs pilotes d’avion pourront compter sur un système de formation virtuel et immersif qui s’adaptera à leurs réactions et ajustera leur formation en conséquence. Le secteur de l’aviation sera ainsi plus sûr et plus efficace.

Aucun secteur d'activité ne semble échapper à la quatrième révolution industrielle. Pas même l'aviation ! Automatisation, mégadonnées et intelligence artificielle (IA) vont radicalement transformer ce secteur. Ça tombe bien, l'industrie québécoise a un plan pour en tirer profit.

«Il y a trois grands courants qui redéfinissent toutes les industries à l'heure actuelle, et on n'y échappe pas non plus : les mégadonnées, les objets connectés et l'intelligence artificielle, résume Denis Faubert, président du Consortium de recherche et d'innovation en aérospatiale au Québec (CRIAQ). Ce sont des phénomènes intersectoriels, c'est-à-dire qu'ils vont au-delà des frontières de secteurs précis. Ça peut avoir l'air d'une menace, mais les entreprises québécoises spécialisées en aérospatiale voient ce changement de manière positive. Elles se préparent pour en profiter.»

Le CRIAQ en sait quelque chose : en partenariat avec HEC Montréal et Polytechnique, l'organisme à but non lucratif a commandé une étude à ce sujet, en vue d'aider ses partenaires à se positionner avantageusement. Ils sont nombreux : en ajoutant aux grands intégrateurs (Bombardier, CAE, Bell Helicopter, Pratt & Whitney) les multiples PME qui leur fournissent produits et services, l'aérospatiale québécoise totalise plus de 200 entreprises. Elles représentent un peu plus de la moitié des 172 000 travailleurs de l'industrie canadienne, elle-même au troisième rang mondial en aérospatiale. Derrière la santé, celle-ci représente le secteur où il s'investit la plus grande somme en R-D au pays. Alors, quand il est temps de parler de tendances émergentes, ces entreprises sont aux avant-postes.

De la réalité virtuelle à l'assemblage

Montréal a la chance de compter sur une des sociétés les plus influentes dans son industrie : CAE. Après tout, la formation des pilotes définit comment les avions se comportent. Avec la réalité virtuelle, la formation des professionnels de l'aviation peut toutefois aller plus loin. CAE, qui utilise déjà la réalité virtuelle pour certains programmes de formation dans le secteur de la santé, pourrait le faire aussi dans l'aviation. En fait, en combinant cette technologie à la vision informatique, on pourrait faire bien plus que former des pilotes.

La vision par ordinateur permet d'analyser en temps réel les émotions sur le visage des gens. Un système de formation virtuel et immersif pourrait s'adapter à la réaction des individus et ajuster la formation en conséquence. Il serait donc possible à un futur pilote moins à l'aise dans certains contextes d'améliorer ses pratiques dans un cadre plus spécifique.

Ultimement, ça rendra le secteur plus sûr et plus efficace. «En combinant l'intelligence artificielle [dont un des éléments est la vision informatique] avec les mégadonnées, on est capable de traiter une vaste quantité d'information en accéléré. Dans l'avion, ça signifie qu'on peut mieux gérer les moteurs pour réduire leur charge, accroître leur durabilité et optimiser leur consommation, poursuit Denis Faubert. En fait, l'impact se fait sentir jusque dans la chaîne de montage : en automatisant les appareils de la chaîne et en introduisant une IA adaptée à ce contexte, il sera possible de fabriquer des avions plus rapidement et de façon moins coûteuse.»

Un avionneur pourra aussi mieux prévoir ce qu'il advient de ses produits une fois leur vie utile terminée. À l'heure où l'industrie de l'aérospatiale est appelée à faire sa part en environnement, c'est un atout qui fera la différence entre une vente de plusieurs exemplaires d'un modèle précis et la perte d'un contrat au profit d'un concurrent.

«Le temps et l'argent que feront épargner ces technologies feront la différence, conclut le porte-parole du CRIAQ. C'est ahurissant la vitesse à laquelle elles vont débouler dans notre industrie. Ce qu'il y a de bien au Québec, c'est qu'on est en train de se préparer à ces changements.»

L’aérospatiale de demain en cinq exemples concrets

De quoi aura l’air l’aviation de demain ? ­Elle sera plus rapide, plus sûre et plus écologique. La preuve en cinq technologies émergentes, mais bien concrètes.

Voyager sans passeport... et sans crainte
Au pied de 33 portes d’embarquement de l’aéroport ­Heathrow de ­Londres, ­British ­Airways a mis en place un système de caméras qui remplacera, à terme, le passeport dans l’identification des passagers. À l’entrée de l’aéroport, les passagers scannent leur carte d’embarquement, leur preuve d’identité et leur visage, puis peuvent tout ranger, ce système utilisant l’intelligence artificielle pour les identifier et leur donner accès au bon vol.

Des avions cargo sans pilote
Les avions cargo ne sont pas soumis aux mêmes standards que les avions pour passagers. Ils pourraient bien devenir les premiers appareils à ne plus nécessiter de pilote, comme des drones. La jeune pousse américaine ­Natilus, qui planche sur la commercialisation d’un tel avion, a dévoilé en mai dernier le prototype d’un appareil pouvant voler seul pendant 30 heures tout en transportant 300 kilos de matériel. C’est peu, mais c’est un premier pas vers l’automatisation des livraisons aéroportées. Selon ­Natilus, il serait ainsi possible de réduire de moitié le coût du transport aérien.

Des avions moins énergivores
Ces dernières années, les avionneurs se sont penchés sur les matériaux légers et l’optimisation de l’espace afin de réduire la consommation de leurs aéronefs. La prochaine frontière dans ce domaine se trouve dans les mégadonnées et l’automatisation, qui permettront d’améliorer les plans de vol pour réduire le temps passé dans les airs et qui feront un suivi plus serré du comportement des moteurs. « Les vols seront moins longs, les aéroports seront moins surchargés et les voyages seront plus sûrs », estime ­Denis ­Faubert.

Le cycle de vie des avions suivi de près
Assembler un avion est un exercice de haute voltige. La logistique complexe impliquant les fabricants et leurs nombreux fournisseurs est une des raisons pour lesquelles les nouveaux avions, comme le 787 ­Dreamliner de ­Boeing ou la ­CSeries de ­Bombardier, prennent plus de temps que prévu à voir le jour. En combinant des technologies empruntées à la finance, comme le blockchain, à des systèmes de suivi intelligents, il serait possible de resserrer les délais de production en sachant en temps réel où se trouvent les différentes composantes des futurs avions.

Pour en finir avec le triangle des ­Bermudes
On ne s’en rend pas compte, mais il existe encore plusieurs endroits du globe où on ne peut pas garder le contact avec les avions commerciaux. C’est en voie de changer : en combinant des satellites avec des systèmes informatisés, des sociétés comme l’américaine ­Aireon ont commencé à tester un système de suivi à quelques mètres près, et ce, partout sur la planète.

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