Une mine de projets

Publié le 11/02/2011 à 00:00, mis à jour le 14/02/2011 à 13:49

Une mine de projets

Publié le 11/02/2011 à 00:00, mis à jour le 14/02/2011 à 13:49

Par Pierre Théroux

Port de Sept-ÃŽles

À la fin de juillet, un navire transocéanique, chargé de 165 000 tonnes de minerai de fer produit par la société Consolidated Thomson Iron Mines, quittait le Port de Sept-Îles. Sa destination : la Chine, avec à son bord le premier de plusieurs chargements en provenance de sa mine du Lac Bloom, près de Fermont.

C'est là que la minière a investi quelque 500 millions de dollars (M$) depuis plus de deux ans pour donner le coup d'envoi au premier projet minier à voir le jour sur la Côte-Nord en plus de 30 ans.

Et elle n'entend pas s'arrêter là. Dès l'automne, elle prévoit injecter un autre demi- milliard de dollars pour doubler de 8 à 16 millions de tonnes sa production annuelle, avant la fin de 2012.

La production annuelle du Lac Bloom, dont le gisement évalué à 640 millions de tonnes pourrait être exploité pendant plus de 30 ans, a déjà trouvé preneur pour les sept prochaines années.

Forte demande des pays émergents

Le spectaculaire développement économique des pays émergents, notamment la Chine et l'Inde, a eu des répercussions importantes jusque sur la Côte-Nord.

La forte demande de ces pays pour le minerai de fer a entraîné un engouement pour l'exploration et l'exploitation des gisements situés dans la fosse du Labrador, cette ceinture géologique qui s'étend notamment de Manic-5 à Schefferville.

" Au début des années 2000, très peu d'entreprises s'intéressaient au potentiel minier du territoire. Aujourd'hui, c'est tout le contraire ", note Guy Simard, directeur du CLD de Manicouagan.

Outre Consolidated Thomson, la société New Millenium s'apprête à investir plus de 300 M$ dans le redémarrage d'une mine de fer dans le secteur de Schefferville, exploitée par l'Iron Ore Company (IOC) jusqu'au début des années 1980. Ce projet doit générer 4 millions de tonnes de minerai par an.

Non loin de là, New Millenium mise également sur le projet KéMag actuellement en phase d'exploration. Consolidated Thomson a aussi des projets d'exploration de ses propriétés Lamêlée-Peppler, situées dans le voisinage immédiat de sa mine à ciel ouvert du Lac Bloom.

Plus au sud, dans la région de Pessamit, les petites sociétés minières Argex et St-Georges ont entrepris des travaux d'exploration visant à découvrir des gisements de fer, de titane, de cuivre, de platine et de nickel. Par ailleurs, des travaux d'exploration d'uranium près de Sept-Îles ont été amorcés, mais font face à de vives oppositions de citoyens.

Deuxième port en importance au pays ?

Au total, la région compte une vingtaine de projets miniers de fer soit en exploitation, soit sous exploration. Une situation qui sied parfaitement au Port de Sept-Îles, d'où est expédié le minerai. Celui-ci représente quelque 90 % des produits manutentionnés, alors que les destinations internationales constituent plus de 85 % du trafic du port.

" Le boom minier est comparable à celui de la décennie 1970, alors que le port avait atteint un niveau inégalé de 35 millions de tonnes ", indique son pdg, Pierre Gagnon.

Après avoir connu une moyenne annuelle de 21,5 millions de tonnes manutentionnées au cours des 10 dernières années, avec des pointes de 23,9 (2000) et 23,5 millions (2006), le plus important port minéralier en Amérique du Nord prévoit tripler à 65 millions de tonnes son volume d'activités d'ici cinq ans.

Dès l'an prochain, le volume attendu de 35 000 tonnes permettrait au Port de Sept-Îles de devancer celui de Montréal et d'occuper le deuxième rang au Canada pour le tonnage en vrac manutentionné.

Résultats : plus de 250 M$ auront été investis au Port en 2009 et 2010. À eux seuls, les travaux d'implantation d'équipements de manutention et de voies ferroviaires réalisés par Consolidated Thompson pour permettre le démarrage de ses expéditions ont nécessité des investissements privés records de plus de 100 M$ au terminal de Pointe-Noire.

L'administration portuaire a elle-même investi 50 millions au cours des 10 dernières années, et prévoit en investir autant d'ici la fin de 2011 pour continuer son plan de modernisation de ses installations où travaillent près de 1 000 personnes.

Actuellement en chantier : l'aménagement d'un quai de 18 M$ pour les bateaux de croisière, dont Sept-Îles a accueilli les premiers navires et ses 5 000 passagers en 2009.

Le Port souhaite aménager un quai capable d'accueillir les immenses vraquiers " chinamax " de 350 000 tonnes " pour mieux desservir les clients qui expédient le fer ", dit M. Gagnon.

Le Port ne compte pas seulement sur l'industrie minière pour accroître ses activités. Aluminerie Alouette, la plus grande en Amérique avec sa superficie d'environ un kilomètre au terminal de Pointe-Noire, prévoit une troisième phase d'expansion qui nécessiterait des investissements de 1,5 milliard de dollars.

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