L'est de Montréal se tourne vers les énergies propres

Publié le 19/06/2010 à 00:00

L'est de Montréal se tourne vers les énergies propres

Publié le 19/06/2010 à 00:00

Par Les Affaires

Robert Coutu en rêve ! Le maire de Montréal-Est voudrait voir sa ville devenir une pionnière du développement des énergies vertes, telles que le biodiesel ou celles issues de la valorisation des déchets organiques. La municipalité est d'ailleurs sur les rangs pour obtenir un des deux futurs centres de biométhanisation promis par Montréal.

Associée à l'industrie lourde et à la pétrochimie depuis des années, Montréal-Est souhaite attirer d'autres activités. Elle investira 2 millions de dollars (M$) par an d'ici 2015 pour aménager de nouvelles rues afin de rendre ses 12 km2 de terrains vacants accessibles. " On veut attirer des entreprises du secteur pharmaceutique, de l'aérospatiale et des nouvelles technologies. Près de la moitié du territoire est à développer ", souligne l'élu. Il n'est seul à se demander quel sera l'avenir de la pétrochimie dans l'est de Montréal.

Confirmée au début du mois, l'annonce de la transformation de la raffinerie Shell en terminal pétrolier, faute de repreneur, a eu l'effet d'un électrochoc. Plus du quart du chiffre d'affaires des quelque 800 fournisseurs locaux qui alimentent l'industrie lourde de l'est de l'île était lié à cette raffinerie. Près de 550 emplois directs sont menacés, et on évalue les pertes à 244 M$ par an.

" Quand on questionne les entreprises, certaines d'entre elles pensent fermer ou se disent précarisées. Cela nuit au dynamisme local ", affirme Annie Bourgoin, directrice générale de la SODEC Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles.

Pas de panique

L'est de la métropole avait déjà été particulièrement touché par la crise en 2009. " La plupart des entreprises ont diminué leur production, fonctionnant à 60 % de leur capacité ", indique Dimitri Tsingakis, directeur de l'Association industrielle de l'est de Montréal (AIEM).

L'industrie ne considère pas que le glas de la pétrochimie a sonné à Montréal pour autant. " La solution n'est pas de mettre la hache dans les entreprises. On va continuer à avoir besoin du pétrole pendant quelques années encore ", rappelle André Brunelle, président de l'AIEM et de l'entreprise Parachem.

Selon lui, la solution est plutôt du côté d'une consommation plus responsable et de la réduction de l'empreinte écologique des entreprises. Le concept d'écologie industrielle est d'ailleurs mis de l'avant par l'association. " Certains résidus industriels peuvent devenir de la matière première pour d'autres entreprises. Nous pouvons aussi rendre les procédés plus efficaces et diminuer les rejets en partageant davantage nos connaissances ", illustre M. Tsingakis.

Cependant, la relance du territoire passe aussi par la révision des critères d'implantation établis par Montréal. " La Ville pense développement densifié et en hauteur, mais cela ne fonctionne pas pour une grande entreprise qui occupe moins de 30 % du terrain ", estime Mme Bourgoin. De plus, les délais pour étudier les dossiers sont trop longs. " Il peut s'écouler plus d'un an avant d'obtenir une réponse. Les entreprises ont déjà traversé le pont ", ajoute-t-elle.

Une enquête de l'organisme auprès de 35 entreprises qui se sont relocalisées au cours des trois dernières années à l'extérieur de Montréal a montré qu'il s'agissait pour la plupart d'entrepreneurs qui auraient voulu devenir propriétaires de leurs locaux, mais que le territoire n'avait pas pu accueillir. Difficile, dans de telles conditions, d'espérer attirer de nouveaux acteurs.

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