S.O.S. main-d'oeuvre !

Publié le 20/03/2010 à 00:00, mis à jour le 11/03/2011 à 16:12

S.O.S. main-d'oeuvre !

Publié le 20/03/2010 à 00:00, mis à jour le 11/03/2011 à 16:12

Par Pierre Théroux

À l'instar de Montréal, Québec est en train de devenir un des grands pôles de l'industrie du jeu vidéo. L'industrie s'y développe à la vitesse grand V, sa croissance a augmenté de plus de 300 % en trois ans et le nombre d'emplois du secteur y a bondi de 150, à quelque 1 000, depuis 2005.

" Notre défi n'est pas seulement de trouver des employés, mais aussi de les garder ", note Steve Couture, cofondateur et président de Frima Studio, en soulignant que la concurrence est vive dans ce secteur d'activité.

La jeune entreprise du quartier Saint-Roch à Québec, qui compte 250 employés, a grandement contribué à cette fulgurante progression de l'industrie du jeu vidéo dans la région. La firme prévoit même en embaucher une quarantaine d'autres cette année.

" Pour recruter des jeunes, ça va. Mais les gens d'expérience sont plus difficiles à trouver, il faut aussi recruter à l'international ", dit Steve Couture. Dans les bureaux de Frima des employés de huit nationalités différentes se côtoient.

Recrutement et intégration

La région se tourne d'ailleurs de plus en plus vers l'immigration pour satisfaire ses besoins en main-d'oeuvre. " II faut trouver de nouvelles avenues pour combler les 60 000 emplois qui seront disponibles d'ici 2013 ", dit Liliane Laverdière, présidente de la Chambre de commerce de Québec. Selon elle, l'immigration est une partie de la solution.

La firme d'ingénierie-construction Roche a même " participé à une mission de recrutement en France pour trouver des employés ", souligne son pdg, Mario Martel.

Alain April, directeur du Château Bonne Entente, n'a eu d'autre choix que de se tourner vers les immigrants. " C'est difficile de trouver des employés pour travailler dans l'hôtellerie, un secteur en activité jour et nuit, 365 jours par année ", dit-il.

Plusieurs intervenants souhaitent aussi un rapprochement entre le monde des affaires et le milieu universitaire. " Environ 80 % des immigrants diplômés de l'Université Laval ne trouvent pas d'emploi après leurs études ", avance Liliane Laverdière. C'est pourquoi des rencontres ont été organisées pour favoriser les échanges entre étudiants et entreprises.

Encore faut-il faciliter l'intégration des immigrants en milieu de travail. " De nombreuses entreprises, pour des raisons culturelles, ne sont pas encore prêtes à accueillir des immigrants ", dit Josette Dufour, conseillère en développement régional à la Conférence régionale des élus de Chaudière-Appalaches.

" Certes, il y a encore beaucoup à faire, mais nous avons accompli des pas de géant ces dernières années ", estime Mme Laverdière.

Recrutement hors de la région

Ressorts Liberté, entreprise de Montmagny qui fabrique des ressorts de précision pour l'industrie de l'automobile, est allée jusqu'à Rimouski pour recruter des ingénieurs. " Nous offrons des bourses d'études et des stages ", dit son président, Richard Guimont.

La difficulté de recruter des employés qualifiés dans certains domaines, notamment en gestion et en développement de produits, a poussé Komutel à ouvrir un bureau à Montréal.

L'entreprise de Saint-Georges de Beauce, qui offre des solutions d'intégration en téléphonie pour les PME et les grandes sociétés, incite aussi ses employés à gravir les échelons pour assurer la relève au sein de son personnel.

" Je leur dis de commencer au bas de l'échelle avec le défi de prendre ma place un jour ", dit Richard Poulin, président de Komutel.

Mais ce n'est pas facile de garder des jeunes " à qui on offre régulièrement deux ou trois emplois ", précise-t-il.

D'autant que, bien souvent, " ils sont attirés par de grandes entreprises, au détriment des plus petites, qui se retrouvent avec un taux de roulement élevé ", souligne Pierre Roy, directeur du Centre local de développement L'Islet, à Saint-Jean-Port-Joli.

Autre difficulté : " Il est parfois difficile d'attirer de jeunes professionnels ou des cadres qui préfèrent travailler en ville ", dit M. Roy.

En Mauricie, qui a été durement touchée ces dernières années par des fermetures d'usines, le défi est de " remettre en emploi un surplus de main-d'oeuvre peu ou pas qualifiée ", souligne Nathalie Diamond, directrice du bureau régional d'Emploi-Québec à Trois-Rivières.

Grâce à un taux de chômage inférieur à la moyenne provinciale, à une économie en plein essor et à de nombreux projets d'investissement, la rareté de la main-d'oeuvre inquiète un grand nombre d'entreprises des régions de Québec et de Chaudière-Appalaches.

Outre la main-d'oeuvre, ces régions sont aussi en quête d'entrepreneurs pour assurer la relève d'un nombre important de dirigeants d'entreprise qui prendront leur retraite dans un proche avenir.

Une quinzaine d'entrepreneurs et d'intervenants économiques locaux ont discuté de ces questions lors d'une table ronde qui a eu lieu à Québec, le 24 février.

Cliquez ici, pour visionner un compte rendu de la table ronde

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