Vers un « ALÉNA plus » avec l'Europe

Publié le 22/05/2010 à 00:00, mis à jour le 16/10/2013 à 07:52

Vers un « ALÉNA plus » avec l'Europe

Publié le 22/05/2010 à 00:00, mis à jour le 16/10/2013 à 07:52

Par François Normand

Un jour, les exportateurs auront un meilleur accès au marché européen qu'au marché américain. C'est que l'accord commercial que le Canada et l'Union européenne négocient en ce moment va beaucoup plus loin que l'Accord de libre-échange nord-américain, qui abolit les tarifs douaniers et les barrières non tarifaires.

L'objectif de l'ALÉNA était de faciliter la libre-circulation des biens et des marchandises. L'Accord économique et commercial global (AECG) entre Ottawa et Bruxelles fera cela, mais bien plus encore.

« Nous voulons favoriser l'investissement, la mobilité des personnes, l'ouverture des marchés publics, la coopération réglementaire, pour des enjeux comme l'énergie, l'environnement et les ressources naturelles », dit Pierre Marc Johnson, le négociateur du Québec, et avocat chez Heenan Blaikie.

L'enjeu est de taille pour les exportateurs : ils pourront vendre plus facilement leurs biens et services dans les 27 pays de l'UE, le plus important marché du monde. Le Québec y envoie déjà 15 % de ses exportations, ce qui en fait notre deuxième partenaire commercial après les ÉtatsUnis (69 %).

Abolition de 90 % des tarifs à la frontière

Les pourparlers sur les tarifs douaniers sont importants pour les exportateurs canadiens, même s'ils n'étaient en moyenne que de 2 % dans l'UE en 2007.

Cependant, dans certains secteurs, comme l'agroalimentaire, ils sont plus élevés. Citadelle, une coopérative de producteurs de sirop d'érable, se voit imposer un tarif de près de 9 % sur ses exportations.

C'est pourquoi l'entreprise de Plessisville fonde beaucoup d'espoir dans l'AECG, qui pourrait abolir jusqu'à 90 % des tarifs douaniers. « Cela réduirait nos coûts, en plus de favoriser la production à valeur ajoutée au Québec », explique Luc Lussier, directeur général.

Actuellement, des entreprises européennes importent du sirop d'érable en vrac pour éviter de payer les tarifs, et le transforment en Europe.

Vers une réglementation plus harmonisée

Ottawa et Bruxelles tenteront aussi d'harmoniser leurs réglementations concernant la vente de produits.

Par exemple, en matière d'environnement, ils tenteront de déterminer sur quelle base scientifique le Canada et l'UE peuvent interdire la vente d'un bien de consommation ou d'un intrant dans la fabrication d'un produit.

Pour le Canada, la réglementation qui encadre l'utilisation des véhicules est aussi un enjeu. Par exemple, BPR vend ses produits récréatifs dans plusieurs pays. Pour l'entreprise de Valcourt, le permis de conduire requis pour conduire son tricycle (Spyder) doit donc être le même dans les 27 pays de l'UE. « On doit pouvoir conduire un Spyder en Allemagne et en Autriche avec le même permis », dit le vice-président aux Affaires publiques, Pierre Pichette.

Les pays ouvriront leurs marchés publics

L'ouverture des marchés publics des 27 pays de l'UE est aussi un enjeu clé.

« Les entreprises pourront soumissionner plus facilement sur les contrats publics », dit Martin Coiteux, spécialiste en affaires internationales à HEC Montréal.

Les entreprises canadiennes devront être traitées sur le même pied que leurs concurrentes européennes.

Selon Jean-Michel Laurin, vice-président, international, des Manufacturiers et Exportateurs du Canada, nos entreprises seront concurrentielles en Europe. « Les manufacturiers ne paient presque plus de tarifs sur leurs intrants importés, et ils pourront exporter en Europe sans tarifs. »

La valeur du dollar canadien par rapport à l'euro est la grande inconnue : depuis un an, le huard s'est apprécié de 25 %, à 0,78 euros.

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