Pour Washington, Moscou cherche un prétexte pour «envahir» l'Ukraine

Publié le 04/03/2014 à 16:32

Pour Washington, Moscou cherche un prétexte pour «envahir» l'Ukraine

Publié le 04/03/2014 à 16:32

Par AFP

Les États-Unis ont accusé mardi la Russie de chercher un "prétexte" pour "envahir" l'Ukraine, nouvelle étape dans la confrontation entre les deux puissances qui doivent se retrouver face à face mercredi à Paris.

S'exprimant pour la première fois à Kiev depuis l'arrivée au pouvoir d'une nouvelle équipe marquée par son attachement à l'Europe, le secrétaire d'État américain John Kerry a pris son ton le plus ferme pour critiquer le président Vladimir Poutine.

"Je pense qu'il est clair que la Russie fait tout son possible pour créer un prétexte pour pouvoir envahir davantage l'Ukraine", a dénoncé le chef de la diplomatie américaine lors d'une conférence de presse.

Dans le même temps à Washington, le président Barack Obama a carrément mis en doute la bonne foi de Vladimir Poutine affirmant que ses déclarations "ne trompent personne".

Après plus de trois mois de crise politique dans l'ex-république soviétique aboutissant à la destitution du président Viktor Ianoukovitch, la prise de contrôle de la plus grande partie de la Crimée par des forces russes ont provoqué des tensions inédites depuis la chute de l'URSS entre Moscou et les pays occidentaux.

"Si la Russie ne choisit pas de mettre fin à l'escalade", a renchéri M. Kerry, "nos alliés n'auront pas d'autre choix que de se joindre à nous pour continuer à aller au delà des mesures que nous avons prises ces derniers jours pour isoler la Russie sur le plan politique, diplomatique et économique", a-t-il averti.

Dénonçant un "acte d'agression" de la Russie contre l'Ukraine, le responsable américain a toutefois assuré ne pas chercher la "confrontation" avec Moscou.

Le secrétaire d'État américain s'est étranglé lorsqu'un journaliste lui a demandé de réagir au démenti du président russe Vladimir Poutine, qui a évoqué des groupes "d'autodéfense".

"Il a vraiment nié la présence de troupes en Crimée?" a-t-il demandé.

 

Poutine dénonce un "coup d'État"

Un peu plus tôt, le président russe était en effet sorti de son silence pour nier toute implication russe en Ukraine et dénoncer un "coup d'État" contre le "seul président légitime", Viktor Ianoukovitch.

Alors que les Ukrainiens et les Occidentaux craignaient une opération militaire de grande envergure en Ukraine, le chef de l'État russe a estimé que l'envoi de troupes russes n'était "pas nécessaire pour le moment".

En fait, M. Poutine n'a pas entièrement écarté cette option. "Cette possibilité existe", a-t-il dit en précisant que la Russie se réservait le droit de recourir à "tous les moyens" pour protéger ses citoyens dans cette ancienne république soviétique, notamment en Crimée qui compte 60% d'habitants d'origine russe.

Dans ce climat tendu, la Russie a procédé, avec succès, à un tir d'essai de missile balistique intercontinental Topol d'une portée de 10.000 kilomètres. Washington a indiqué ensuite avoir été prévenu à l'avance de l'opération.

Les marchés financiers ont relâché la pression et veulent croire à un apaisement après les déclarations de Vladimir Poutine.

Au lendemain d'un vent de panique, les Bourse de Paris et Francfort ont rebondi de plus de 2% et Moscou de 5%.

Dans la péninsule de Crimée, objet de l'attention de toutes les chancelleries des grandes puissances, le face-à-face se poursuit entre l'armée ukrainienne et des milliers de membres des forces russes qui les contiennent dans leurs casernes. Depuis plusieurs jours, responsables militaires ukrainiens et russes se livrent une guerre des nerfs à coups d'ultimatums sur un possible assaut des forces russes.

Vladimir Poutine, avare de déclarations depuis la destitution le 22 février du président Ianoukovitch après trois mois d'un mouvement de contestation qui a tourné à la confrontation violente se soldant par la mort de 98 personnes à travers le pays, s'est longuement expliqué.

 

"Forces locales d'autodéfense"

"Il ne peut y avoir qu'une seule appréciation sur ce qui s'est passé à Kiev et en Ukraine: il s'agit d'un coup d'État anticonstitutionnel, d'une prise de pouvoir par les armes", a martelé M. Poutine.

Les États-Unis avaient déjà accentué leur pression lundi sur la Russie en rompant toute coopération militaire avec Moscou et en menaçant de nouvelles sanctions.

Un responsable américain voyageant avec le secrétaire d'État a prévenu que des sanctions américaines contre la Russie interviendront "probablement dans la semaine".

En visite à Tunis, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a affirmé que les menaces de sanctions ne changeront pas la position russe sur l'Ukraine.

John Kerry et Sergueï Lavrov, se retrouvent mercredi à Paris à l'occasion d'une réunion organisée par François Hollande sur le Liban.

Une rencontre entre les deux responsables pourrait avoir lieu dans l'après-midi.

Parallèlement, Moscou va utiliser l'arme économique contre Kiev, ayant décidé de mettre fin au rabais sur le gaz vendu à l'Ukraine accordé en décembre dernier.

John Kerry a lui apporté dans ses bagages une importante assistance économique à Kiev, les États-Unis offrant d'accorder notamment un milliard de dollars dans le cadre d'un prêt international négocié actuellement avec le Fonds monétaire international.

L'Union européenne pour sa part s'engage à aider Kiev, au bord de la faillite, à régler sa dette de deux milliards de dollars pour ses achats de gaz russe.

 

Tirs de semonce

Environ 16 000 soldats, dont au moins 5 000 arrivés ces derniers jours, occupent la Crimée, une région stratégique pour Moscou et pour sa flotte militaire.

Les forces russes cernent la plupart des sites stratégiques (navires de guerre, casernes, bâtiments de l'administration).

Mardi soir, une vingtaine de soldats assistés de manifestants pro-russes ont tenté de prendre d'assaut une base ukrainienne abritant habituant des missiles, a indiqué à l'AFP l'un des responsables des lieux, Olexandre Lomaka, accusant ces hommes de vouloir saisir du matériel au profit de la Russie.

Il a précisé que le matériel sensible avait été évacué et qu'un représentant des assaillants avait été reçu.

Pour la première fois, les forces russes qui encerclent la base aérienne ukrainienne de Belbek, en Crimée, ont tiré des coups de semonce sur les militaires ukrainiens qui tentaient de s'approcher.

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