Libre-échange avec l'Europe: les fromagers québécois estiment que l'impact est sous-évalué


Édition du 08 Mars 2014

Libre-échange avec l'Europe: les fromagers québécois estiment que l'impact est sous-évalué


Édition du 08 Mars 2014

Par François Normand

Photo: Bloomberg

Les producteurs québécois de fromages affirment qu'Ottawa et Québec ont sous-estimé l'impact du futur accord de libre-échange avec l'Union européenne sur leur industrie. C'est pourquoi ils réclament des mesures compensatoires plus vigoureuses.

«Cette sous-évaluation aura un impact fort important sur les gens qui font du fromage», souligne Pierre Nadeau, pdg du Conseil des industriels laitiers du Québec (CILQ), dans un entretien avec Les Affaires.

Ainsi, les négociateurs canadiens auraient évalué l'impact de la hausse des quotas d'importation de fromages européens sur la production totale de l'industrie canadienne, et non pas sur le secteur des fromages de spécialité, qui sera de loin le plus touché, selon Pierre Nadeau.

Au Canada, la production totale de fromages s'établit à 404 000 tonnes par année, selon le CILQ. L'accord Canada-UE permettra d'importer 17 700 tonnes supplémentaires de fromages. C'est pourquoi, à la suite de la signature de l'entente avec Bruxelles en octobre, Ottawa a parlé d'un impact d'environ 4 % sur l'industrie canadienne (17 700 tonnes sur 404 000 tonnes).

Selon Pierre Nadeau cependant, les négociateurs canadiens ont comparé des pommes avec des oranges. Des 17 700 tonnes supplémentaires de fromages qui seront importées, un bloc 16 000 tonnes sera constitué de fromages de spécialité.

Pourtant, si on compare cette catégorie à la production canadienne de fromages de spécialité de 78 000 tonnes (en excluant quatre types de fromages produits exclusivement au Canada : le cottage, le ricotta, le Monterey Jack et le fromage à la crème), l'impact n'est pas de 4 %, mais plutôt de 20 %, selon le pdg du CILQ.

«La concurrence sera donc plus forte que prévu. Et, au total, le Canada importera près de la moitié de la production canadienne de fromages de spécialité», déplore M. Nadeau.

Ces 16 000 tonnes supplémentaires de fromages européens de spécialité s'ajouteraient aux 20 400 tonnes déjà importées au Canada. Le CILQ estime que 44 % des fromages de spécialité vendus au pays sont produits au Québec.

Appelé à commenter, le négociateur pour le Québec dans les pourparlers Canada-UE, Pierre Marc Johnson, s'est dit surpris par la sortie des producteurs de fromages, tout en demeurant prudent dans ses propos.

«Cela m'étonnerait que les négociateurs ne l'aient pas vu [l'impact sur les fromages de spécialité], parce qu'ils ont l'équipe pour analyser ça et que ce n'est pas non plus la première fois qu'ils négocient sur des questions liées au lait et au fromage», a-t-il dit.

Pour limiter l'impact des importations de fromages de spécialité, le CILQ demande notamment à Ottawa que les nouveaux permis d'importation soient exclusivement alloués aux manufacturiers canadiens de fromages. Actuellement, beaucoup d'importateurs de fromages au Canada ne sont pas des producteurs.

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