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La zone euro se dirige vers l'adoption d'un plan de sauvetage de la Grèce d'une ampleur sans précédent dans le monde après le vote acquis dimanche, dans un contexte très difficile, sur le programme d'austérité exigé en contrepartie par les créanciers.

L'Union monétaire avait posé jeudi soir trois conditions et donné à Athènes six jours pour les réunir, en échange d'une aide de 130 milliards d'euros cruciale pour la Grèce qui, sans cela, risque le défaut de paiement incontrôlé en mars, à l'échéance de créances de 14,5 milliards d'euros.

L'approbation du plan d'austérité par le Parlement grec était l'une de ces conditions, il en reste donc deux à remplir pour Athènes d'ici la prochaine réunion de l'Eurogroupe mercredi à Bruxelles: trouver 325 millions d'euros d'économies supplémentaires dans le budget 2012, et apporter l'engagement écrit des responsables politiques soutenant la coalition au pouvoir sur leur soutien au plan de rigueur.

Les Européens, méfiants vis-à-vis de la classe politique du pays, veulent en effet s'assurer que les promesses ne voleront pas en éclat après les prochaines élections en Grèce, qui devraient avoir lieu au printemps.

Selon une source européenne, ces deux derniers obstacles devraient être franchis d'ici mercredi. Concernant les 325 millions, "il semble que le gouvernement grec va trouver ces économies en réduisant son budget de la Défense, ce qui n'est pas une mauvaise chose", dit-elle.

Cette source s'est aussi dite "optimiste" concernant l'engagement écrit des deux grands partis, les socialistes de Georges Papandréou et les conservateurs d'Antonis Samaras, après que le parti d'extrême droite Laos s'est exclu de lui-même en quittant le gouvernement de coalition.

Les marchés ont immédiatement réagi positivement lundi au vote du Parlement grec, où le plan d'austérité a recueilli 199 voix de majorité sur un total de 300 députés, dont 278 présents.

À Francfort, le DAX grimpait de 1,14% en début de séance, tandis que la Bourse de Paris était en hausse de 0,72% et celle de Londres de 0,80%. De leur côté, les Bourses de Hong Kong et de Tokyo ont également terminé en hausse, respectivement de 0,50% et 0,58% après le vote du parlement grec, et l'euro remontait nettement face au dollar.

Le pétrole a également progressé de près de 1 % depuis l'adoption du plan d'austérité grec.

Autre signe de détente, l'Italie a réussi à lever lundi 12 milliards d'euros avec un taux d'intérêt en baisse.

Ce soulagement des marchés contraste avec la violence des manifestations qui ont accueilli en Grèce le vote d'un plan de rigueur assorti de mesures particulièrement douloureuses pour la population, avec notamment une baisse de 22% du salaire minimum.

À Athènes, les manifestations, qui ont rassemblé 80 000 personnes dimanche, selon la police, ont donné lieu à des incidents qui ont fait plusieurs dizaines de blessés. Les affrontements entre policiers et manifestants ont également empêché les pompiers d'accéder sur les lieux de nombreux incendies criminels.

La ville s'est réveillée lundi sur une scène de chaos: 45 bâtiments ont été totalement ou partiellement détruits par le feu, et le centre-ville offrait un spectacle de vitrines brisées par des jets de pierres ou de rideaux de fer tordus.

"Je comprends bien que les mesures sont très dures" pour la population grecque, "mais l'alternative est épouvantable" qui ruinerait les ménages, a réagi un haut responsable au sein de la Commission européenne lundi, faisant référence à un défaut de paiement brutal du pays qui ruinerait les ménages.

"Personne n'a d'argent pour un plan de relance budgétaire, et l'aide au pays se compte déjà en milliards d'euros", a par ailleurs souligné ce responsable face aux critiques de la gauche européenne pour qui un plan de relance eut été plus profitable à l'économie grecque qu'une austérité plongeant les Grecs dans la pauvreté.

L'aide de 130 milliards d'euros qu'attend Athènes de la part de ses créanciers publics, qui s'ajouterait à un précédent programme de 110 milliards d'euros, va en effet de pair avec l'effacement de 110 milliards d'euros de dette grecque par ses créanciers privés (banques, fonds d'investissement et assurances), un montant inédit jusqu'ici: la dette de l'Argentine atteignait 82 milliards de dollars lorsqu'elle a fait défaut en janvier 2002.