[Photo : Bloomberg]
ANALYSE - Cette tendance ne fait pas les manchettes en Amérique du Nord. Pourtant, elle risque de changer la répartition du pouvoir en Europe: vers 2055, la France sera le pays le plus populeux d'Europe, devant l'Allemagne. Petite révolution en vue.
Jeudi soir à Montréal, le premier ministre français Jean-Marc Ayrault, en visite officielle au Canada la semaine dernière, a souligné avec justesse cette tendance lourde qui est en train de changer tranquillement mais sûrement l'équilibre des forces sur le Vieux continent.
À l'heure actuelle, l'Allemagne compte 81,3 millions d'habitants comparativement à 65,6 en France. Le déclin démographique de la première combiné au boom démographique de la seconde changera la donne dans les quatre prochaines décennies.
Ainsi, vers 2055, la France pourrait compter 72 millions d'habitants tandis que l'Allemagne n'en abritera que 71 millions, selon les prévisions de l'Institut des études démographiques (INED), publiées en mars 2012.
L'immigration, l'allongement de la durée de vie et la fécondité élevée des Françaises sont des facteurs contribuant à la croissance de la population dans l'hexagone. Par exemple, en 2010, la population française a augmenté de 5,3%, alors que la population allemande, elle, reculait de 0,6% (elle a toutefois légèrement augmenté en 2011).
L'Allemagne est la première économie d'Europe, avec un produit intérieur brut (PIB) qui s'élevait 3 367 milliards de dollars américains en 2012, selon les estimations de la CIA, l'agence américaine du renseignement. La France est la deuxième en importance, à 2 580 G$US.
Si la tendance démographique se maintient d'ici 2055, la France pourrait même surpasser l'Allemagne au plan économique, ce qui changerait la donne politique, économique et culturelle sur le continent européen.
Paris aurait plus d'influence sur les grandes réformes de l'Union européenne, comme le font à l'heure actuelle les Allemands, surtout depuis la crise financière et économique dans la zone euro.
L'influence de la France serait aussi plus sentie sur les grandes lignes directrices de la politique monétaire de la Banque centrale européenne et de l'euro.
Même au niveau de la langue, le français pourrait retrouver ses lettres de noblesse en Europe, même si la progression de l'anglais est fulgurante, notamment dans les institutions de l'Union européenne, depuis quelques décennies.
Enfin, le poids militaire de la France (une puissance nucléaire, contrairement à l'Allemagne) serait aussi plus grand en Europe et sur l'échiquier mondial. Les interventions comme au Mali (où Paris intervient seul, mais avec le soutien logistique de ses alliés) pourraient se multiplier dans les zones d'influence de la France, notamment en Afrique.
