Il chasse les démons de la banque du pape

Publié le 12/03/2017 à 19:47

Il chasse les démons de la banque du pape

Publié le 12/03/2017 à 19:47

René Brülhart, le gendarme financier de la papauté. (Getty)

Installée dans la Cité du Vatican, l'autorité antiblanchiment dirigée par un expert suisse assure avoir déjà accompli des pas de géant pour éliminer les opérations opaques de «la banque du pape», longtemps éclaboussée par les scandales.

L'Autorité d'information financière (AIF) se niche à quelques pas de la résidence du pape François, qui fête lundi ses quatre ans à la tête de l'Église catholique. Pas de doute: les bureaux, ornés de crucifix, sont bien au service de la papauté, comme le rappelle d'une voix douce son président, René Brülhart, qui a débarqué à l'automne 2012, sous Benoît XVI.

«Mon premier travail a consisté à comprendre les défis», décrit sobrement René Brülhart. Puis, il s'est attelé à écrire une nouvelle loi contre le blanchiment, conforme aux normes internationales et non plus à une logique purement maison, livrée au pape François en 2013.

«J'ai bénéficié de nombreuses portes ouvertes au Vatican», assure le financier. «Mais tout le monde n'est pas obligé d'être content, je sers avant tout l'institution du Saint-Siège».

Pas un mot sur la «vieille garde» qui lui a mis des bâtons dans les roues. Le pape François avait décidé en juin 2014 d'évincer entièrement le conseil de direction de l'AIF, composé de cinq Italiens.

Grand nettoyage

Selon les rapports d'activité de l'AIF, sept transactions potentiellement suspectes lui ont été signalées en 2011 et 2012, puis près de 900 les trois années suivantes, preuve d'un système en ordre de marche.

Les signalements concernent essentiellement les comptes de l'Institut des oeuvres religieuses (IOR), surnommée «la banque du pape» et logée dans une tour moyenâgeuse. Une petite partie des dossiers est adressée au procureur du Vatican chaque année.

Le grand nettoyage a été terminé fin 2015, avec la fermeture de près de 5.000 comptes.

«Tous n'étaient pas illégaux ou liés à des activités criminelles», précise M. Brülhart. «Certains appartenaient à des personnes qui ne correspondaient plus à la clientèle voulue par l'IOR».

Les statuts de la banque, qui n'ont pas été modifiés, permettent encore d'ouvrir un compte suite à un don. Mais elle se recentre sur les religieux, les congrégations et les employés du Vatican.

À l'échelle de temps vaticanesque, la célérité du gendarme financier paraît révolutionnaire. «Se cacher derrière des murs épais n'était plus possible», souligne un observateur interne.

Et il était temps. De nouveaux scandales financiers ont une nouvelle fois ébranlé l'instituion sous Benoît XVI, des fonds suspects furent gelés en 2010 et le directeur de la banque contraint à faire ses bagages en 2012.

Jusqu'à présent, l'IOR posait peu de questions sur l'origine des fonds. En atteste le procès de deux ex-dirigeants limogés en 2013, condamnés fin février pour n'avoir pas livré assez d'informations.

Dans le passé, la mafia a aussi été accusée d'avoir profité de cet anonymat ou de prête-noms pour y blanchir ses fonds.

Peux-t-on encore rêver de recycler de l'argent sale au Vatican? «Je ne le recommanderais pas!», rétorque René Brülhart.

«Si notre travail n'était pas pris au sérieux, ni la banque d'Italie, ni les organisations de supervision américain ou allemand n'auraient signé des memorandums d'accord avec nous», ajoute-t-il.

En 2011, le Vatican a demandé à participer au processus d'évaluation Moneyval, organe du Conseil de l'Europe pour le blanchiment d'argent. Le dernier rapport, en 2015, a conclu que le Vatican avait remédié à beaucoup de faiblesses structurelles, mais tardait à lancer des poursuites judiciaires.

Dix-sept enquêtes attendent sur le bureau du procureur du Saint-Siège, dont trois font aussi l'objet de procédures en Italie. Et 13 millions d'euros d'origine douteuse ont été gelés entre 2013 et 2016.

 

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