Coup d'oeil sur l'Europe


Édition du 24 Octobre 2015

Coup d'oeil sur l'Europe


Édition du 24 Octobre 2015

La stratégie visant à favoriser les très grandes entreprises européennes qui réalisent la majeure partie de leur chiffre d'affaires à l'extérieur de l'Europe est éculée, en raison des vents contraires qui nuisent à l'économie mondiale. C'est pourquoi il faut éviter les titres bien connus de consommation de base, qui sont devenus très chers au cours de la dernière année, alors que leurs multiples ont gonflé. «Des titres comme Nestlé ou Danone, qui sont d'excellentes entreprises, n'ont pas leur place dans un portefeuille axé sur la "valeur" et sont vulnérables face à un ralentissement de la croissance mondiale, en particulier dans les marchés émergents», insiste Philippe Brugère-Trélat, gestionnaire principal du Fonds européen Franklin Mutual, maintenant offert aux Canadiens.

Selon lui, il faut désormais favoriser les entreprises qui font des affaires en Europe. Notamment dans le secteur financier, des télécommunications, des loisirs, de la distribution et du secteur industriel au sens large, qui constitue l'épine dorsale de l'économie européenne.

Philippe Brugère-Trélat estime que l'économie européenne se trouve aujourd'hui à un point d'inflexion : «Tous les indices précurseurs des six derniers mois montrent que la croissance du PIB a repris. Certes, cette croissance n'est pas très forte, mais elle est réelle et elle se poursuit».

La combinaison de quatre facteurs expliquerait cette croissance : 1) la faiblesse de l'euro, qui soutient les exportations de la région ; 2) le prix réduit du pétrole, qui abaisse les coûts de production des entreprises ; 3) le programme d'assouplissement quantitatif de la Banque centrale européenne ; 4) la reprise des prêts par les banques, en particulier aux petites et moyennes entreprises, qui en dépendent beaucoup pour leur financement.

«La combinaison de ces quatre facteurs produit un environnement favorable à la croissance des bénéfices des entreprises, ce qui ne se reflète pas entièrement dans l'évaluation actuelle des marchés», opine M. Brugère-Trélat.

Le gestionnaire souligne que les titres de l'indice européen Stoxx 600 se négocient à 8,3 fois les flux de trésorerie (cash flow) de 2016, selon le consensus des prévisions colligées par Bloomberg, tandis que le S&P 500 est à 10,2 fois. Selon les mêmes prévisions, le ratio cours/bénéfice du Stoxx 600 est de 13,7, par rapport à 14,7 pour le S&P 500.

De plus, le rendement de dividende du Stoxx 600 est de 3,9 %, par rapport à 2,4 % en ce qui concerne le S&P 500. En comparaison, le rendement des obligations allemandes de 10 ans est de 0,55 %. «L'écart de 335 points de base entre le rendement du Stoxx 600 et celui des obligations est inhabituel. Beaucoup de sociétés ayant de bons bilans et de bons modèles d'entreprise offrent des rendements de dividende oscillant entre 3 et 4,5 %, ce qui est attrayant par rapport aux obligations», dit-il.

Philippe Brugère-Trélat reconnaît que la croissance supérieure aux États-Unis explique en partie l'évaluation supérieure accordée aux titres américains. Cependant, aux États-Unis comme ailleurs, la montée des actions ne peut résulter que de celle des bénéfices.

Or, aux États-Unis, cette progression des bénéfices peut découler uniquement de la hausse du chiffre d'affaires : «Une expansion du multiple des bénéfices est hors de question alors que les taux d'intérêt s'apprêtent à monter. L'avance des actions ne peut pas non plus provenir de la hausse des marges d'exploitation, déjà à des sommets historiques. L'augmentation du chiffre d'affaires des sociétés américaines est réelle, mais elle est déjà plus que reflétée dans les cours actuels», affirme-t-il.

Par contre, en Europe, note le gestionnaire, les marges d'exploitation sont beaucoup plus basses, après l'effondrement survenu lors de la crise financière. M. Brugère-Trélat pense qu'elles sont sur le point d'augmenter de nouveau, parce que le levier d'exploitation (l'endettement) magnifiera l'effet de la reprise économique et, ce faisant, générera une élévation des bénéfices. «En Europe, vous obtenez à la fois la croissance du chiffre d'affaires, celle des marges d'exploitation et celle du multiple des bénéfices, alors qu'aux États-Unis, vous n'obtenez que la croissance du chiffre d'affaires», plaide-t-il.

Du surplace

L'indice Stoxx 600 a avancé fortement au premier trimestre pour atteindre un sommet au 15 avril, mais a reculé depuis, de sorte qu'il fait du surplace depuis le début de l'année. En comparaison, l'indice S&P 500 a baissé de 5,3 %. Entre son sommet du 15 avril et son creux du 29 septembre, le Stoxx 600 a toutefois subi une correction de 18,1 %. Le ralentissement de l'économie mondiale n'a donc pas épargné les actions européennes.

La version de ce fonds vendue aux États-Unis obtenait en septembre 2013 la cote «Or» de Morningstar : «Ce fonds demeure un premier choix pour une exposition dédiée aux actions européennes», écrivait alors l'analyste Karin Anderson.

Ainsi, il a connu la baisse la moins sévère parmi les fonds européens comparables entre octobre 2007 et le début de mars 2009, fléchissant de 41 % alors que le fonds européen typique perdait 58 %.

Contrairement à la version américaine, la version canadienne ne couvrira pas le risque de fluctuations du taux de change entre l'euro et le dollar canadien. C'est dommage, car Karin Anderson avait attribué en partie à cette couverture les mouvements plus doux enregistrés par ce fonds.

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