« Il y a plus risqué que le Brexit pour le Royaume-Uni »

Publié le 11/01/2017 à 11:53

« Il y a plus risqué que le Brexit pour le Royaume-Uni »

Publié le 11/01/2017 à 11:53

Par AFP

Le gouverneur de la Banque d'Angleterre, Mark Carney, a assuré mercredi que le Brexit ne constituait plus le principal risque pour la stabilité financière du Royaume-Uni, après une traversée sans trop d'encombre des premiers mois après la décision choc de quitter l'UE.

Lors d'une audition parlementaire, le président de la Commission du Trésor, Andrew Tyrie, a demandé à M. Carney si, « oui ou non », le Brexit demeurait le principal risque pour la stabilité financière du pays à court terme.

« À proprement parler, le comité de politique financière pense que non », a répondu M. Carney, dont l'audition portait sur le dernier rapport de stabilité financière publié par la Banque d'Angleterre (BoE).

« Jusqu'au référendum, nous sentions qu'il s'agissait du principal risque parce qu'il y avait une série de positionnements et d'hypothèses dans le secteur financier, des choses qui auraient pu se produire et qui auraient eu des conséquences sur la stabilité financière », a souligné le gouverneur.

Un certain nombre d'analystes craignait une tempête sur les marchés financiers au cas où les Britanniques décidaient le 23 juin de voter pour sortir de l'UE. Ce vote accompli, les Bourses ont légèrement accusé le coup mais sont vite reparties de l'avant et les turbulences financières ont été limitées au marché des changes, avec une chute d'environ 15% de la livre face au dollar et à l'euro sur l'ensemble de l'année.

« Maintenant que nous avons passé le gros des turbulences, l'ampleur des risques immédiats autour du Brexit a diminué pour le Royaume-Uni », a ajouté M. Carney à propos de la stabilité financière.

Le gouverneur ne s'exprimait pas toutefois sur les risques économiques stricto sensu pour le Royaume-Uni, qui constituent une question distincte. Sur ce plan également, le pays a traversé les premiers mois de l'après-référendum en meilleure posture que redouté par la majorité des économistes.

Le processus de Brexit n'en est toutefois qu'à ses prémisses et les négociations formelles de sortie entre Londres et Bruxelles n'ont pas encore commencé, la Première ministre britannique Theresa May espérant donner leur coup d'envoi avant la fin mars. Elles pourraient durer jusqu'à deux ans, mais un nombre croissant de responsables politiques et économiques britanniques demande qu'une période de transition s'intercale entre la conclusion de ces discussions et la sortie elle-même.

À ce sujet, M. Carney a jugé qu'un tel moment intermédiaire était « hautement recommandable » pour limiter les turbulences financières, que ce soit pour le Royaume-Uni comme pour l'UE.

Forcément un coût

Le Royaume-Uni, qui s'apprête à divorcer de l'Union européenne, devra bénéficier in fine d'une situation moins avantageuse que ne l'était celle d'un pays membre, « inférieure à l'appartenance », a affirmé mercredi le Premier ministre maltais Joseph Muscat, dont le pays a pris la présidence tournante de l'UE.

« Nous voulons un accord juste pour le Royaume-Uni mais cet accord juste doit être inférieur à l'appartenance », a souhaité M. Muscat lors d'une conférence de presse conjointe à La Valette avec le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.

« Il ne saurait y avoir de situation dans laquelle tout ce qui est négocié aboutit à une situation meilleure que celle dont bénéficie le Royaume-Uni (aujourd'hui)», a souligné M. Muscat. Longtemps colonie britannique, membre du Commonwealth, le petit Etat de Malte est pourtant considéré comme un allié traditionnel de Londres.

À la suite du référendum britannique du 23 juin dernier, la Première ministre Theresa May a promis de déclencher la procédure de divorce - en activant l'article 50 du traité de Lisbonne - d'ici la fin mars, c'est-à-dire durant le semestre de présidence maltaise du Conseil de l'UE (qui représente les Etats membres).

Les 27 autres pays de l'Union se sont engagés à ne pas négocier tant que l'article 50 ne serait pas invoqué, et à présenter un front uni face à Londres. Refusant ainsi de laisser aux Britanniques le choix d'un Brexit « à la carte », ils se veulent fermes sur le futur accès au marché unique, s'opposant à ce que Londres puisse en bénéficier s'il ne respecte pas le principe de libre circulation des personnes, en particulier de la main d'œuvre d'Europe de l'Est.

« J'ai rarement assisté à une discussion sur n'importe quel autre sujet où les 27 États membres ont pratiquement la même position », a commenté M. Muscat. « Je ne suis pas devin et j'ignore si l'un ou l'autre pays brisera cette sorte d'unité, mais je ne vois pas que cela arrive maintenant », a assuré le dirigeant maltais. De son côté, M. Juncker a réaffirmé que le Brexit ne signifiait « pas la fin de l'Europe ni du projet européen ».

L'UE doit tenir un sommet extraordinaire à 27 le 3 février à La Valette afin de continuer à débattre de l'avenir de l'Union européenne sans le Royaume-Uni.

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