Le Canada espionne... comme tout le monde.

Publié le 11/10/2013 à 23:54, mis à jour le 13/10/2013 à 11:06

Le Canada espionne... comme tout le monde.

Publié le 11/10/2013 à 23:54, mis à jour le 13/10/2013 à 11:06

Par François Normand

ANALYSE - Le Canada s'est fait prendre à espionner le Brésil. Le Centre de la sécurité des télécommunications Canada (CSTC), une agence fédérale méconnue du public, a surveillé les télécommunications du ministère brésilien des Mines et de l'Énergie. Si cette histoire suscite des critiques à Ottawa et à Brasilia, elle ne surprend guère les spécialistes du renseignement. Car le Canada fait ce que font beaucoup d'autres pays: de l'espionnage industriel.

Depuis la fin de la Guerre froide, les systèmes de surveillance des principales puissances servent de plus en plus à récolter des renseignements économiques. Des informations sensibles - parfois des secrets - qui permettent aux entreprises de ces pays de développer de nouvelles technologies ou de damer le pion à des concurrents étrangers pour décrocher de gros contrats. Les États-Unis sont très actifs, et leurs moyens sont gigantesques.

Les révélations d'Edward Snowden sur le dispositif de surveillance Prism en témoignent avec éloquence. Un programme qui permet à la National Security Agency d'intercepter les communications des internautes, avec l'aide des Facebook et autres Google de ce monde. Même s'il a été créé après les attentats du 11 septembre 2001 pour des raisons de sécurité, Prism pourrait aussi servir à faire de l'espionnage industriel, croient certains analystes.

La Chine et la Russie sont également des puissances très actives au niveau de l'espionnage économique, sans parler d'Israël et de la France. En s'appuyant sur des télégrammes diplomatiques américains obtenus par Wikileaks, le journal norvégien Aftenposten affirmait en 2011 que la France était le pays qui espionnait le plus ses alliés européens.

Bien qu'il ne soit pas reconnu comme un acteur de premier plan en matière d'espionnage, le Canada n'est pas non plus un nouveau joueur. Le pays fait partie depuis des décennies du réseau Five Eyes ou réseau Echelon. Outre le Canada, ce réseau comprend quatre autres pays anglo-saxons: les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Australie et la Nouvelle-Zélande.

À l'origine, leur mission était de surveiller les communications de l'URSS et de ses alliés communistes. Le réseau est toujours géré aujourd'hui par cinq agences de renseignement des pays membres. Aux États-Unis, c'est la NSA. Au Canada, c'est le CSTC, dont le mandat est de recueillir des renseignements à l'étranger et de protéger les communications du gouvernement canadien contre des attaques étrangères.

Même si le premier ministre Stephen Harper s'est dit «très inquiet» de la situation au Brésil, est-il vraiment possible de croire que son gouvernement n'ait pas été au courant des activités du CSTC dans ce pays ou du moins à l'étranger? Plusieurs analystes en doutent. Comme d'autres pays, le Canada a d'importants intérêts économiques, dans un marché mondial de plus en plus concurrentiel, où les entreprises doivent se battre pour décrocher des contrats.

Dans ce contexte, l'information devient le nerf de la «guerre économique». Et, pour un pays, la tentation est forte de la récolter par des moyens peu orthodoxes quand il dispose de la technologie pour le faire, soulignait il y a quelques années Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller à la sécurité du président américain Jimmy carter: « Quand vous avez la possibilité d'avoir des informations, il est très dur d'imposer des barrières arbitraires à leur acquisition... »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

À la une

Bourse: nouveaux records pour le Dow Jones et le S&P 500 à Wall Street

Mis à jour le 28/03/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de Toronto est en hausse et les marchés américains sont mitigés.

À surveiller: Microsoft, Apple et Dollarama

28/03/2024 | lesaffaires.com

Que faire avec les titres de Microsoft, Apple et Dollarama? Voici quelques recommandations d’analystes.

Bourse: les gagnants et les perdants du 28 mars

Mis à jour le 28/03/2024 | LesAffaires.com et La Presse Canadienne

Voici les titres d'entreprises qui ont le plus marqué l'indice S&P/TSX aujourd'hui.