Où s'en va la Chine?

Publié le 28/03/2014 à 20:29

Où s'en va la Chine?

Publié le 28/03/2014 à 20:29

Par François Normand

Photo: Shutterstock

La Chine est en train d'amorcer d'importantes réformes économiques et sociales de la même ampleur que celles lancées par l'ancien leader chinois Deng Xiaoping à la fin des années 1970, quand le pays a commencé à s'ouvrir au monde. Des réformes qui pourraient toutefois être beaucoup plus difficiles à réaliser.

C'est ce qu'a expliqué ce vendredi l'ambassadeur du Canada en Chine, Guy Saint-Jacques, lors d'un discours très couru qu'il a prononcé devant le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM).

Sous le régime de Deng Xiaoping (1978 à 1992), la Chine a pris un virage majeur et s'est graduellement convertie à l'économie de marché. Une ouverture au capitalisme qui s'est traduite par une croissance économique fulgurante, qui a permis à des centaines de millions de personnes de sortir de la pauvreté extrême.

Mais cette fois-ci, les réformes seront beaucoup plus difficiles à faire. Pourquoi? Parce qu'en 1978, il y avait un «consensus» sur l'urgence de réformer le pays pour sortir les Chinois de la pauvreté. «Là, il y a des chasses gardées», précise l'ambassadeur canadien en Chine.

Beaucoup de fonctionnaires et de membres du gouvernement se sont enrichis par la corruption. Ils ont donc tout intérêt à préserver le système actuel. Le président chinois Xi Jinping est conscient de cette résistance. C'est pourquoi il a décidé de lier la lutte à la corruption aux réformes économiques. Ainsi, si des membres du parti communiste s'opposent aux réformes, la police enquêtera sur leurs activités.

Des réformes cruciales

Ces réformes économiques sont importantes pour la Chine. Elles visent à améliorer l'efficacité de son économie et à lui insuffler une plus grande dose de capitalisme.

Ces réformes sont également nécessaires pour réduire la pollution, qui est devenue un grave problème de santé publique et d'économie, selon Guy Saint-Jacques. Chaque année, la pollution (de l'air, de l'eau et des sols) entraîne des dégâts et des coûts dont la valeur représente de 5 à 6% du PIB chinois, selon la Banque Mondiale.

Ces réformes sont aussi primordiales pour accélérer l'urbanisation de ce pays où 53% des habitants vivent déjà dans une ville (81% au Canada en 2010, selon le CIA Factbook). Pour accélérer l'urbanisation, la Chine doit d'ailleurs faire une réforme foncière afin d'inciter les paysans à quitter leur terre et s'implanter dans les villes.

Des changements sont aussi à prévoir sur l'âge de la retraite, et ce, afin de limiter l'impact de la réduction de la population active - un paradoxe dans un pays de 1,3 milliard d'habitants. Actuellement, les femmes peuvent prendre leur retraite à 55 ans et les hommes à 60 ans. Beijing relèvera ces seuils, selon Guy Saint-Jacques.

Des réformes sont aussi à prévoir dans le secteur de la finance. Par exemple, la Chine songe à libéraliser les taux d'intérêt afin qu'ils soient essentiellement dictés par les forces du marché, comme au Canada.

À terme, Beijing planifie aussi la convertibilité totale du yuan chinois, comme c'est le cas actuellement pour les principales devises comme l'euro, le yen japonais ou le dollar canadien. Le cas échéant, la devise chinoise s'échangerait librement sur les marchés financiers, et sa valeur serait déterminée par le jeu de l'offre et de la demande.

Enfin, si l'ambassadeur Saint-Jacques est «relativement optimiste» en ce qui a trait aux réformes économiques et financières en Chine, il est en revanche «moins optimiste» à propos des réformes politiques. «Nous assistons à un resserrement du contrôle sur Internet», dit-il, en ajoutant que la police arrêtait davantage de dissidents politiques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

À la une

Dette et déficit du fédéral: on respire par le nez!

19/04/2024 | François Normand

ANALYSE. Malgré des chiffres relativement élevés, le Canada affiche le meilleur bilan financier des pays du G7.

Budget fédéral 2024: «c'est peut-être un mal pour un bien»

19/04/2024 | Philippe Leblanc

EXPERT INVITÉ. Les nouvelles règles ne changent pas selon moi l'attrait des actions à long terme.

Multiplier la déduction pour gain en capital, c'est possible?

19/04/2024 | WelcomeSpaces.io

LE COURRIER DE SÉRAFIN. Quelle est l'avantage de cette stratégie?