La fragilité de l'Arabie saoudite menace le Moyen-Orient

Publié le 02/05/2015 à 08:33

La fragilité de l'Arabie saoudite menace le Moyen-Orient

Publié le 02/05/2015 à 08:33

Par François Normand

89% des revenus du gouvernement proviennent du pétrole (photo: Bloomberg)

ANALYSE - Divisions internes, industrie pétrolière sous pression, menaces géopolitiques à ses frontières... L'Arabie saoudite est devenue un maillon faible au Moyen-Orient, une faiblesse qui rend la région encore plus à risque pour les étrangers et les investisseurs.

Voilà la principale conclusion d'une récente note de Pierre Fournier et Angelo Katsoras, respectivement analyste en géopolitique et associé principal à la Financière Banque Nationale (FBN).

Les deux analystes soulignent d'abord les profondes divisions internes (des sondages montrent une cassure entre la population, très religieuse et plutôt hostile à l'Occident, et l'élite politique, notamment en raison de l'alliance de cette dernière avec les États-Unis) qui menaceront à long terme la stabilité sociale et politique du pays.

«Le mixte toxique du fondamentalisme islamique et de la répression autocratique de la monarchie saoudienne sont insoutenables à long terme», affirment Pierre Fournier et Angelo Katsoras.

Selon eux, l'industrie pétrolière du royaume pose aussi toute un défi à la stabilité politique du pays, car elle est prise en étau entre un pic de la demande et une augmentation l'offre mondiale de pétrole.

Une situation qui exerce une pression à la baisse sur le prix du baril de pétrole, minant ainsi la capacité financière de l'Arabie saoudite de soutenir son économie extrêmement dépendante du secteur pétrolier (89% des revenus du gouvernement).

«La faiblesse persistante des prix du pétrole forcera le royaume à contrôler davantage les dépenses gouvernementales, ce qui sapera ses efforts pour assurer le bien-être économique de ses citoyens et légitimer ses institutions», font d'ailleurs remarquer Pierre Fournier et Angelo Katsoras.

Enfin, l'Arabie saoudite est aussi fragilisée par un environnement géopolitique de plus en plus instable au Moyen-Orient.

Par exemple, la montée de l'organisation sunnite l'État islamique (EI), qui contrôle un vaste territoire à cheval sur la Syrie et l'Irak, représente un double risque pour le royaume saoudien, selon la FBN.

Car l'EI menace non seulement la stabilité du pays, mais aussi l'hégémonie des pays sunnites de la région - dont l'Arabie saoudite - au profit de l'Iran chiite, un allié des États-Unis dans la lutte contre l'État islamique.

L'opération militaire de l'Arabie saoudite au Yémen accroît d'ailleurs le risque d'une guerre directe - elle est indirecte actuellement - entre le royaume saoudien et l'Iran.

De concert avec d'autres pays sunnites tels que le Qatar et le Koweït, l'Arabie saoudite a commencé fin mars à bombarder les positions des rebelles chiites au Yémen, les Houthis. Ces derniers sont soutenus par l'Iran, le rival traditionnel de l'Arabie saoudite.

Tous ces facteurs font dire aux analystes de la FBN que l'Arabie saoudite et la plupart des pays du Moyen-Orient sont «mal préparés» pour affronter des crises internes et externes, incluant la menace des groupes terroristes et du potentiel dévastateur des faibles prix du baril de pétrole à long terme.

«Globalement, nous prévoyons une nouvelle détérioration du niveau de sécurité au Moyen-Orient, un environnement plus risqué pour les étrangers et les investissements, ainsi qu'une augmentation des attaques terroristes contre les infrastructures stratégiques», écrivent Pierre Fournier et Angelo Katsoras.

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