L'incroyable potentiel du secteur des services en Chine

Publié le 20/02/2014 à 11:17

L'incroyable potentiel du secteur des services en Chine

Publié le 20/02/2014 à 11:17

Par François Normand

Évaluée à quelque 100 millions de personnes, la classe moyenne chinoise pourrait franchir le cap des 300 millions en 2020. Une belle occasion d’affaires pour les fournisseurs de services financiers.

Libre-échange avec la Chine - Série 3de6 - La Banque de Montréal (BMO) est une des rares banques étrangères à avoir une filiale constituée en Chine, la Bank of Montreal China. Cette incorporation lui donne un meilleur accès au marché des services financiers en pleine croissance dans la deuxième économie mondiale. Un accès qui serait encore plus stratégique si le Canada et la Chine concluaient un accord de libre-échange.

« Une entente avec la Chine nous permettrait de diversifier nos activités dans ce pays », dit Christy Cheng, économiste chez BMO Marchés des capitaux. En Chine, BMO distribue déjà de plus en plus de fonds d’investissement chinois, par exemple. Car, même si la population est vieillissante en Chine, la demande pour les services financiers explose en raison de la croissance de la classe moyenne.

Évaluée à quelque 100 millions de personnes, la classe moyenne chinoise pourrait franchir le cap des 300 millions en 2020, selon l’économiste de BMO. « Ils ont donc besoin de services financiers, ce qui comprend le segment de l’assurance. »

La société canadienne Manuvie est d’ailleurs présente en Chine par la coentreprise Manulife-Sinochem Life Insurance (MSL), qui vend notamment des produits d’assurance liés à la santé.

D’autres segments du secteur des services seraient très prometteurs pour nos entreprises si Ottawa et Beijing concluaient un accord de libre-échange, selon une étude conjointe rendue publique en 2012 par les deux gouvernements (« Étude sur les complémentarités économiques du Canada et de la Chine »). Au total, les services comptent pour 45 % du PIB chinois, par rapport à 70 % au Canada.

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Les secteurs clés pour nos entreprises

Parmi eux, il y a bien entendu l’ingénierie (SNC-Lavalin est d’ailleurs présente en Chine), mais aussi les TIC, l’architecture, l’environnement et l’énergie, des secteurs où nos entreprises ont une expertise reconnue. Cette expertise sera en forte demande en Chine, car pour soutenir sa croissance économique, le pays devra construire de nouvelles infrastructures (bâtiments, transports, télécommunications, traitement des eaux usées, etc.).

Les TI sont déjà dynamiques en Chine. En 2013, ce secteur d’activités devrait afficher des revenus de 100 milliards de dollars américains, selon la firme IBIS World. L’industrie des TI compte 9 000 entreprises et emploie 1,5 million de personnes en Chine. De 2008 à 2012, les revenus de ce secteur ont crû en moyenne de 6,8 % par année. En 2013, ils devraient bondir de 9 %.

Malgré tout ce potentiel, il ne faut pas s’attendre à ce que la Chine libéralise à grande échelle son secteur des services, comme vient de le faire l’Union européenne avec le Canada, souligne Ari Van Assche, spécialiste de la Chine à HEC Montréal. « Il y a de la concurrence en Chine dans les services, mais il y a aussi des limites dans plusieurs secteurs, voire un blocage des entreprises étrangères. » Les télécommunications en sont un bel exemple, un secteur névralgique pour le parti communiste chinois, qui contrôle les médias de masse dans le pays.

Peu d’effet sur l’emploi au Canada

Cela dit, même si le Canada augmentait ses exportations de services en Chine, cela créerait peu d’emplois au pays, affirme Jim Stanford, économiste au syndicat Unifor (auparavant les Travailleurs canadiens de l’automobile). « Un certain nombre d’emplois s’ajouteraient dans les sièges sociaux au pays, mais peu d’emplois seraient globalement créés dans l’économie canadienne. » Des emplois seraient toutefois créés en Chine par les entreprises canadiennes.

En contrepartie, la concurrence accrue des sociétés chinoises au Canada dans le secteur services ne devrait pas menacer les emplois locaux, car leurs entreprises sont moins développées que les nôtres, disent les spécialistes.

La Chine exporte déjà beaucoup de services au Canada. En 2009, elle était le onzième fournisseur de services étrangers au pays, pour une valeur de 1,4 milliard de dollars, et ce, surtout dans les transports et les services gouvernementaux.

Par exemple, dans le secteur bancaire, les grandes banques d’État chinoises brassent déjà des affaires au Canada, comme la Banque de Chine et la Banque industrielle et commerciale de Chine, qui sont autorisées à accepter des dépôts. Leur clientèle est en grande partie composée d’étudiants chinois ou d’investisseurs chinois récemment établis au Canada. Un éventuel libre-échange permettrait sans doute aux banques chinoises d’accroître leurs activités au pays.

Toutefois, cela ne menacerait pas vraiment les banques canadiennes, estime Jean Roy, professeur de finance à HEC Montréal. « Les banques chinoises n’évoluent pas dans un modèle capitaliste. Elles sont donc peu présentes sur les marchés étrangers. Aussi, dans les services financiers, le libre-échange avec la Chine représenterait davantage des occasions d’affaires pour nos entreprises sur le marché chinois qu’une menace pour notre industrie au Canada. »

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