Japon: la reprise inquiète

Publié le 17/02/2014 à 07:54

Japon: la reprise inquiète

Publié le 17/02/2014 à 07:54

Par AFP

Photo: Bloomberg

La croissance du Japon s'est limitée à 1,6% en 2013 à cause d'une fin d'année en demi-teinte malgré les «Abenomics», ce qui nourrit les craintes pour la reprise avant la hausse d'une taxe sur la consommation.

Il s'agit certes du meilleur résultat obtenu par la troisième puissance économique mondiale depuis trois ans, mais un début d'année en fanfare grâce à une robuste consommation des ménages avait laissé espérer davantage. Le produit intérieur brut (PIB) du Japon avait progressé de 1,4% en 2012, après un recul de 0,5% en 2011.

La mise en oeuvre d'une nouvelle politique de relance par le Premier ministre de droite Shinzo Abe, revenu au pouvoir en décembre 2012, a dopé le moral des ménages, des entrepreneurs et des investisseurs dès le début 2013, contribuant à attirer l'attention à l'étranger sur cette expérience économique originale surnommée «Abenomics».

M. Abe a engagé des dépenses budgétaires pour soutenir l'activité (l'équivalent de 105G$ CA en 2013 puis 52,6 milliards supplémentaires début 2014) et poussé la Banque du Japon à assouplir sa politique monétaire pour en finir avec la déflation. Ces mesures ont fait plonger le yen au bonheur des grandes entreprises exportatrices japonaises. M. Abe a promis en outre une série de réformes structurelles pour doper le potentiel économique.

Mais la croissance, qui a dépassé 4% en rythme annualisé au premier semestre, a nettement ralenti au second: le gouvernement a annoncé lundi qu'au quatrième trimestre, elle avait atteint 1% en rythme annualisé (0,3% d'un trimestre sur l'autre), restant dans les mêmes eaux qu'au troisième.

Les économistes qui s'attendaient à mieux n'ont pas caché leur déception: le cercle vertueux d'un yen affaibli entraînant un bond des exportations et de la consommation «ne s'est pas encore concrétisé», a regretté Yoshiki Shinke, de l'Institut de recherche Dai-ichi Life.

La consommation ne s'est pas si mal tenue pourtant, soutenue par des achats de clients qui ont anticipé la hausse d'une taxe sur la consommation de 3 points, à 8%, au 1er avril prochain. L'augmentation attendue a ainsi poussé certains à avancer l'acquisition d'une voiture neuve.

La clé des salaires

Les investissements des entreprises et dans l'immobilier ont aussi grimpé, mais ceux des pouvoirs publics ont moins contribué à la croissance, à mesure que s'épuisaient les fonds du premier plan de relance de M. Abe et avant les dépenses du deuxième.

«La grosse déception du quatrième trimestre provient du commerce extérieur (...). Les exportations ont augmenté mais les importations ont accéléré encore davantage», a pointé Marcel Thieliant de Capital Economics.

Le Japon doit acheter davantage d'hydrocarbures depuis trois ans pour compenser l'arrêt de ses réacteurs nucléaires après l'accident de Fukushima. Les entreprises nippones produisent aussi beaucoup à l'étranger.

Un rebond plus fort des exportations en 2014 pourrait être nécessaire à la reprise nippone, mais ce phénomène est par nature dépendant de la conjoncture internationale.

Sur le plan strictement intérieur, la consommation des ménages doit encore s'intensifier au premier trimestre juste avant la hausse de taxe du 1er avril, qui doit permettre de mieux maîtriser une dette publique japonaise atteignant des niveaux inédits parmi les pays développés.

Mais un contrecoup est craint dès le deuxième trimestre: les consommateurs ayant acheté par avance risquent de garder leur portefeuille dans la poche après le 1er avril, d'autant que leur pouvoir d'achat entamé d'un bout par la hausse de la pression fiscale sera grignoté de l'autre par un retour de l'inflation.

Une hausse des salaires est dès lors jugée cruciale pour empêcher un déraillement de la reprise. Conscient du risque, le gouvernement multiplie les appels du pied au patronat pour qu'il se montre généreux lors des «négociations de printemps» avec les syndicats et M. Abe s'est dit certain lundi au Parlement que les rémunérations allaient augmenter.

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