Entrepreneurs, il est temps de vous mettre au mandarin...

Offert par Les Affaires


Édition du 08 Février 2014

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Édition du 08 Février 2014

Par François Normand

Beijing multiplie les accords

Si le Canada tarde à négocier un accord avec la Chine (son deuxième partenaire commercial, où 4,3 % de ses exportations sont acheminées), d'autres pays sont très actifs. Par exemple, la Nouvelle-Zélande, le Chili et l'Islande ont déjà des ententes avec la Chine, tandis que la Suisse en négocie une. La Chine a aussi un accord avec les 10 pays de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est, qui comprend Singapour et l'Indonésie, surnommée la nouvelle «usine du monde».

Au total, la Chine a une dizaine d'accords en main, et en négocie quelques autres, notamment avec l'Australie, mais ces dernières négociations sont difficiles entre Beijing et Canberra.

La Chine multiplie les accords pour trois raisons, selon une analyse de l'ambassade de France à Beijing. Elle veut intégrer son économie à l'Asie- Pacifique, dynamiser son secteur manufacturier en lui garantissant l'accès à des ressources et des denrées à moindre coût. Finalement, elle semble agir par intérêt politique. Par exemple, l'accord avec le Costa Rica serait lié, selon les diplomates français, à l'abandon par ce pays, en 2007, de son soutien à Taïwan.

Le pour et le contre d'un éventuel accord

Il va sans dire qu'un accord avec la Chine aurait un impact majeur sur l'économie canadienne, en ouvrant d'abord davantage le marché chinois. Nos entreprises pourraient y vendre plus facilement leurs biens, car ils seraient moins chers pour les Chinois. En 2011, la Chine appliquait des droits de douane à un tarif moyen de 15,6 % sur les produits agricoles et de 8,7 % sur les produits non agricoles, selon l'OMC.

Le secteur chinois des services est particulièrement intéressant, selon Yves- Thomas Dorval, président du Conseil du patronat du Québec. «Ce secteur est mature au Canada, mais il est sous-développé en Chine, notamment dans les services financiers et les assurances.» L'an dernier, les services représentaient 45 % du PIB chinois par rapport à 70 % au Canada, selon l'Agence centrale de renseignement américaine (CIA).

En contrepartie d'un meilleur accès au marché chinois, la concurrence chinoise serait encore plus vive au Canada, si nous abolissons les tarifs avec la Chine. En 2012, le Canada appliquait un taux moyen de 16,2 % sur les produits agricoles et de 2,4 % sur les produits non agricoles. Puisque la Chine exporte surtout des biens manufacturiers au Canada, c'est notre industrie manufacturière qui aurait le plus à perdre.

Une pression pour nous améliorer

«Le libre-échange avec la Chine nous forcerait à mieux performer dans tout», affirme Simon Prévost, président des Manufacturiers et exportateurs du Québec. Selon lui, les secteurs à faible valeur ajoutée seraient très vulnérables. «Ça assénerait une bonne dose de darwinisme économique. Les entreprises qui n'ont pas de bons produits et qui ne sont pas capables d'innover auraient beaucoup de difficultés à survivre.»

Si le secteur privé est généralement en faveur du libre-échange avec la Chine, son soutien à une plus grande libéralisation des échanges avec le géant chinois n'est pas toutefois inconditionnel. «Nous nous opposerions à un accord s'il y avait plus d'inconvénients que d'avantages pour les PME canadiennes», déclare Martine Hébert, vice-présidente principale et porte-parole nationale de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante.

Selon Jim Stanford, économiste au syndicat Unifor (ex-Travailleurs canadiens de l'automobile), le libre-échange avec la Chine ne profiterait pas à tous les secteurs au Canada, dont l'automobile. «Nos premières exportations manufacturières dans le monde sont des voitures. Or, la Chine en importe peu, car elle demande aux constructeurs de les assembler sur place. C'est pourquoi GM et Chrysler n'exportent plus en Chine.»

Le secteur minier québécois affronterait aussi un défi de taille, selon Jacques Létourneau, président de la CSN, favorable au libre-échange avec la Chine. «Le risque, c'est que le Québec se contente d'être un exportateur de matières premières, sans faire de deuxième ni de troisième transformation.» En 2012, le minerai de fer représentait 30 % des exportations québécoises en Chine, selon l'Institut de la statistique du Québec.

Quoi qu'il en soit, Ottawa n'amorcera pas de pourparlers avec Beijing à court terme, selon l'ex-ambassadeur Raymond Chrétien, associé et conseiller stratégique chez Fasken Martineau. «Sa grande priorité, c'est le Partenariat transpacifique.»

Or, il est improbable à ses yeux qu'un accord soit conclu en 2014, et que le président américain Barack Obama obtienne la Trade Promotion Authority - la procédure pour adopter en bloc un accord commercial aux États-Unis, sans devoir négocier des chapitres à la pièce - pour faire approuver l'accord par le Congrès.

Selon Claude Lafleur, chef de la direction de la Coop fédérée, Ottawa doit amorcer au plus vite des pourparlers. «Dans le commerce du porc, le Brésil, les États-Unis et l'Union européenne sont nos principaux concurrents en Chine. Le danger, c'est que l'un d'entre eux conclut un accord avant le Canada. Ce serait une catastrophe, comme avec la Corée du Sud : nous perdons ce marché, car les États-Unis ont signé un accord avant le Canada.»

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