Comment investir en Chine


Édition du 11 Juin 2016

Comment investir en Chine


Édition du 11 Juin 2016

Par François Normand

Nanjing Road, à Shanghai, est une des artères commerciales les plus fréquentées du monde. [Photo : Khalid Albaih]

Ralentissement économique, volatilité boursière, endettement collectif... La Chine inquiète. En avril, le célèbre financier George Soros a même déclaré que le pays ressemblait aux États-Unis avant la crise de 2008. La Chine offre encore des occasions aux investisseurs, mais ils doivent faire preuve de prudence.

L'an dernier, la deuxième économie mondiale a enregistré une croissance de 6,9 %, sa pire performance en 25 ans. Cette année, le PIB chinois devrait progresser de 6,5 %, tandis que la croissance devrait s'établir à 6,2 % en 2017, selon le Fonds monétaire international (FMI).

La Bourse a aussi pâti en 2015. L'indice du parquet de Shanghai a crû de 5,2 %. Toutefois, de son sommet du 12 juin à son creux du 25 août, la Bourse a chuté de 45 %, forçant les autorités à intervenir pour calmer le jeu.

Quelle direction prendra la Bourse chinoise dans les prochaines années ? Richard Pan, chef des investisseurs institutionnels étrangers qualifiés (QFII, pour Qualified Foreign Institutional Investor) chez China AMC, une firme de gestion de portefeuille en Chine, est optimiste.

«Étant donné les tendances en Chine pour restructurer l'économie et réformer les marchés, les Bourses de Hong Kong et de Shanghai vont croître sainement et augmenter raisonnablement dans les trois prochaines années.»

Loïc Tassé, spécialiste de la Chine à l'Université de Montréal, souligne que le gouvernement investit massivement pour moderniser l'économie. Dans le nord-est, il modernise les entreprises manufacturières, souvent étatiques. Dans le centre, il développe les infrastructures. Et dans les villes côtières comme Shanghai, il stimule la consommation en favorisant les services.

«Il faut aussi s'attendre à voir la Chine exporter davantage de produits à valeur ajoutée, par exemple dans l'aéronautique», dit Loïc Tassé.

Selon Richard Pan, plusieurs secteurs sont intéressants pour les investisseurs en Chine, dont Internet, la consommation (en incluant les ventes d'automobiles) et la santé.

Le gestionnaire aime les géants du Web comme Alibaba (NY, BABA, 77,30 $ US), Baidu (Nasdaq, BIDU, 175,64 $) et JD.com (Nasdaq, JD, 23,66 $ US), des titres inscrits aux États-Unis.

Depuis un an, l'action d'Alibaba a perdu près de 10 % de sa valeur, tandis que celle de Baidu s'est repliée de 11 %. Le titre de JD a quant à lui fondu de 28 %.

Investir dans la santé en Chine est difficile, car il n'y a pas de sociétés chinoises de ce secteur inscrites aux États-Unis.

Les investisseurs peuvent aussi s'exposer au marché chinois par l'intermédiaire de fonds communs.

Par exemple, Investissements Manuvie gère le fonds Catégorie Chine Manuvie. Il a reculé de 22,2 % sur un an, mais il affiche un rendement de 7,4 % sur trois ans.

Ses principaux placements se trouvent dans Tescent Holding (Hong Kong, 0700), China Mobile (New York, CHL) et China Construction Bank Corporation (Hong Kong, 0939).

Excel Funds Management gère également un fonds commun consacré à la Chine (Excel China Fund). Depuis un an, il a reculé de 24,2 %. Sur trois ans, il a progressé de 7,2 %.

Ce fonds investit notamment dans le secteur automobile chinois (les ventes de véhicules augmentent rapidement), avec des constructeurs comme Geely Automobile Holding (Hong Kong, 0175) ou Guangzhou Automotive Group (Hong Kong, 2238).

Les risques d'investir en Chine

Investir en Chine comporte aussi des risques, dont celui de la volatilité du marché boursier, souligne Richard Pan. «Rien ne garantit toutefois que cela restera ainsi à long terme.»

À la mi-mai, l'indice mesurant la volatilité du marché chinois du Chicago Board Options Exchange (CBOE) s'établissait à près de 28. Le 25 août, dans la foulée du krach boursier de l'été 2015 en Chine, l'indice avait grimpé jusqu'à 53,03.

Hendrix Vachon, économiste sénior au Mouvement Desjardins, affirme que les investisseurs canadiens ayant des placements en Chine font également face à deux risques de change : une appréciation du dollar canadien et une volatilité accrue du yuan chinois.

Le régime de change chinois peut être qualifié d'intermédiaire, car il n'est ni totalement fixe, ni totalement flottant. Le yuan est en fait ancré dans un panier de devises composé de dollars américains, d'euros et de yens japonais.

Chaque matin, la Chine établit administrativement un cours pivot autour duquel le yuan ne peut pas varier de plus de 2 %, à la hausse ou à la baisse. Sa valeur évolue donc par paliers.

Comme sa valeur est notamment liée au dollar américain, une variation du billet vert a donc un impact indirect sur le taux de change entre le dollar canadien et le yuan.

Or, depuis cinq ans, le huard a perdu 25 % de sa valeur vis-à-vis du dollar américain, et ce, dans la foulée du ralentissement dans plusieurs pays émergents - au premier chef la Chine - et de la diminution de la demande pour les ressources. Actuellement à 0,77 $ US, le huard pourrait peut-être grimper à près de 0,85 $ US d'ici cinq ans, croit Hendrix Vachon.

Par ailleurs, une plus grande volatilité du yuan est possible à moyen terme si la Réserve fédérale des États-Unis augmente son taux directeur, estime Hendrix Vachon.

Des taux plus élevés au sud de la frontière pourraient inciter des investisseurs internationaux à délaisser le marché chinois pour investir leurs capitaux dans des actifs offrant de meilleurs rendements aux États-Unis.

Cela dit, contrairement à d'autres économies émergentes, la Chine possède d'importantes réserves de devises étrangères qui lui permettent d'intervenir sur les marchés afin de soutenir sa monnaie.

Les autorités chinoises l'ont déjà fait régulièrement au cours des dernières années.

Cela réduit le risque de change par rapport à l'ensemble des pays émergents qui n'ont pas les mêmes moyens que la Chine, dit M. Vachon. «Heureusement pour les investisseurs optant pour la Chine, ce risque paraît plus faible.»

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