Trump et Obama se disputent la paternité du boom économique

Publié le 10/09/2018 à 16:32

Trump et Obama se disputent la paternité du boom économique

Publié le 10/09/2018 à 16:32

Par AFP

[Photo: Getty Images]

À l’approche des élections de mi-mandat, Donald Trump et Barack Obama se disputent la paternité du boom économique des États-Unis, l’ancien président assurant que le rebond actuel résulte avant tout des politiques mises en place sous son ère.

La croissance de la première puissance économique mondiale a fait un bond au deuxième trimestre, franchissant la barre des 4 % en rythme annuel pour la première fois en quatre ans.

Pour l’année entière, le Fonds monétaire international (FMI) table sur une projection de croissance de 2,9 % et de 2,7 % en 2019, ce qui marquera « la plus longue période d’expansion » de l’histoire des États-Unis.

Pas un jour, quasiment, ne passe sans que le président républicain se glorifie du dynamisme économique du pays, s’attribuant entièrement les lauriers de cette performance.

« L’économie se porte super bien, peut-être la meilleure période de l’histoire de notre pays », a-t-il ainsi affirmé lundi dans une série de gazouillis frénétiques. « Si les Démocrates avaient gagné les élections en 2016, (la croissance du) PIB, qui était d’environ 1 % et en train de se ralentir, aurait été de moins 4 % au lieu de jusqu’à plus 4,2 % », a-t-il estimé. 

Mettant en avant deux mesures phares de sa politique économique : « la réforme fiscale et la dérégulation », le locataire de la Maison-Blanche a également affirmé que « le taux de croissance (4,2 %) est plus élevé que le taux de chômage (3,9 %) pour la première fois en plus de 100 ans ! »

L’affirmation est fausse, selon une vérification des faits réalisée par l’AFP, qui montre de très nombreux exemples où cela fut le cas.

À l’approche des élections du 6 novembre, l’économie constitue la carte majeure de Donald Trump, fragilisé par les enquêtes judiciaires visant plusieurs de ses anciens proches collaborateurs. 

Déficit et ralentissement à l’horizon

Lui-même est en proie à de violentes critiques sur sa personnalité et sa façon de présider.

La semaine dernière, des extraits du livre du journaliste d’investigation Bob Woodward consacré au 45e président des États-Unis ont dressé le portrait d’un président inculte, colérique et paranoïaque, que ses collaborateurs s’efforcent de contrôler pour éviter les pires dérapages.

À moins de deux mois du scrutin, les sondages prédisent une « vague bleue » (démocrate) et les républicains, aujourd’hui aux commandes du Congrès, redoutent de perdre la Chambre des représentants.

Face à cette menace, Donald Trump ne cesse de louer son bilan économique, ce qui a fait réagir Barack Obama.

Relativement discret depuis son départ de la Maison-Blanche le 20 janvier 2017, le 44e président des États-Unis est sorti de sa réserve vendredi depuis l’Illinois, pour mettre les points sur les I.

Barack Obama a d’abord rappelé le contexte : lorsqu’il a pris ses fonctions en 2009, l’économie américaine perdait 800 000 emplois chaque mois. C’était la crise mondiale avec des effets inédits depuis la Seconde Guerre mondiale. Donald Trump est, lui, arrivé dans une économie assainie.

« Quand j’ai quitté mes fonctions, le revenu des ménages était proche d’un record (...) et les salaires augmentaient », a fait valoir Barack Obama.

« Quand j’entends combien l’économie se porte bien, je dis : rappelons-nous quand la reprise a commencé », a-t-il insisté. « Je suis heureux que cela se poursuive, mais quand on entend parler de miracle économique (...) je dois leur rappeler que les chiffres relatifs à l’emploi sont assez proches de ce qu’ils étaient en 2015 et 2016 ».

De fait, les créations d’emplois ont été en moyenne mensuelle de 183 000 en 2017 et de 211 000 cette année, contre 195 000 en 2016 et 226 000 en 2015.

« Il n’y a aucun doute que le crédit est à mettre au compte d’un mélange » des deux présidences, estime Douglas Holtz-Eakin, ancien directeur du Bureau du budget du Congrès.

Les économistes s’accordent à dire que la refonte fiscale, la plus importante depuis 30 ans, stimule largement l’économie américaine puisque celle-ci a réduit certains impôts sur le revenu et surtout abaissé nettement l’impôt sur les sociétés (de 35 % à 21 %). 

« Les chiffres montrent clairement que l’expansion a démarré sous le président Obama (...) et Trump surfe sur les tendances dont il a hérité », a, de son côté, avancé Jared Bernstein, ancien conseiller économique du vice-président d’Obama, Joseph Biden.

Les économistes soulignent aussi à l’unisson que les effets du stimulus fiscal et budgétaire vont s’estomper, avec un creusement du déficit. Le FMI projette ainsi un ralentissement à 1,9 % en 2020 et 1,7 % en 2021. 

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