«Améliorez en tout temps la compétence de vos employés. Il faut aussi leur donner de plus en plus de responsabilités, c'est fondamental pour exceller comme entreprise.» - Yannis Skoufalos, directeur de la logistique mondiale des produits chez P & G

Cincinnati (Ohio) - Yannis Skoufalos a 55 ans et travaille chez Procter & Gamble depuis 1984, soit la moitié de sa vie. Cette longue période n'est pas exceptionnelle dans la multinationale, qui consacre une énergie folle à former ses employés. Résultat ? Cela renforce leur sentiment d'appartenance, réduit le taux de roulement et garantit à P & G une expertise et une expérience hors du commun dans l'industrie, soutient M. Skoufalos.

«C'est en formant nos employés que nous dynamisons P & G. Cette stratégie est vitale pour nous depuis la fondation de l'entreprise», affirme le directeur de la logistique mondiale des produits chez P & G.

Selon cet ingénieur qui a gravi les échelons au sein de l'entreprise, la qualité du personnel explique la raison pour laquelle l'entreprise possède une chaîne logistique très efficace.

Depuis trois ans, P & G fait toujours partie des cinq sociétés qui trônent au palmarès de la firme-conseil Gartner sur les chaînes logistiques les plus efficaces des États-Unis. Et cette efficacité donne des résultats. P & G est capable d'accroître de 5 % par année en moyenne la productivité de ses 130 usines réparties dans le monde. Au total, l'entreprise emploie 129 000 personnes.

La logistique (approvisionnement, production, distribution) est imposante chez P & G. À eux seuls, les achats des équipes des approvisionnements s'élèvent à 44 milliards de dollars américains, ce qui représente près des deux tiers du budget du gouvernement du Québec pour l'exercice 2012-2013.

Des acheteurs mieux formés

Comme les achats sont en croissance, les acheteurs doivent être mieux formés.

P & G leur confie plus de responsabilités, explique Yannis Skoufalos. «Si un acheteur gère des achats de 50 millions de dollars, on va augmenter cette somme la fois suivante.» L'acheteur n'a pas plus de comptes à gérer ; on accroît simplement la quantité de biens ou de matières premières à acheter.

En contrepartie, P & G lui donne une formation pour l'aider à atteindre ses objectifs. Le P & G Sourcing College entraîne les acheteurs à devenir des négociateurs plus aguerris avec les fournisseurs en leur offrant un programme de perfectionnement plus général.

Personne ne reste dans sa zone de confort. P & G mute ses acheteurs tous les trois ans. Ils peuvent ainsi se familiariser et utiliser leur expertise dans un nouvel environnement d'affaires.

Cette course à l'amélioration continue s'applique à l'ensemble de la chaîne logistique. Dans les usines, les travailleurs suivent souvent des cours pour mieux utiliser les machines et les logiciels de production. Un des programmes clés de P & G est le Progressive Maintenance College.

La course à l'efficacité

P & G utilise aussi parfois les capacités de production d'autres manufacturiers dans le monde. «Ça nous permet de répondre rapidement à une augmentation soudaine de la demande quand nous n'avons pas de capacités de production disponibles», précise Yannis Skoufalos.

L'entreprise investit aussi de 4 à 4,5 % de ses revenus en R-D pour s'améliorer constamment.

Elle se sert de ces fonds pour trouver de nouvelles idées afin de bonifier sa chaîne logistique. Par exemple, dans les procédés de production, les opérateurs utilisent mieux les matières premières pour limiter les déchets et les retailles. Ils essaient aussi de réduire le cycle de production, ce qui permet de diminuer les stocks et de répondre plus adéquatement aux besoins des clients.

P & G utilise aussi ces fonds pour acheter des logiciels d'analyse des ventes des détaillants. Ainsi, elle connaît pratiquement en temps réel la demande de ses produits sur les tablettes des Target et autres Walgreens de ce monde. Une information qui permet d'optimiser la cadence de production, les stocks dans les entrepôts et la distribution au détail. Cette stratégie est de plus en plus utilisée par les entreprises au Canada et aux États-Unis.

Malgré tout, c'est l'humain qui demeure la clé du succès de P & G, insiste Yannis Skoufalos. «Pour faire des gains de productivité de 5 %, nous devons être sûrs d'avoir les compétences et la capacité d'organiser et de gérer nos talents.»

Revenus 83,7 milliards de dollars américains en 2012

Secteur Produits de consommation