Les exportateurs sont sur la corde raide

Publié le 18/06/2011 à 00:00, mis à jour le 23/06/2011 à 12:24

Les exportateurs sont sur la corde raide

Publié le 18/06/2011 à 00:00, mis à jour le 23/06/2011 à 12:24

Par François Normand

Les exportateurs québécois ont besoin de tout sauf d'une nouvelle récession aux États-Unis, un marché clé où ils ont perdu beaucoup de terrain depuis 10 ans.

Les signes de ralentissement se sont multipliés ces dernières semaines chez nos voisins, mais peu d'experts prévoient une rechute de l'économie américaine. Le PIB augmentera de 2,4 % en 2011, d'après le sondage publié par l'Association des banquiers américains à la mi-juin.

La situation des producteurs de bois d'oeuvre illustre bien la crise qui touche les exportateurs. De 2005 à 2010, leurs expéditions de bois aux États-Unis sont passées de 3,5 à 1,3 milliard de pmp (pied mesure de planche), soit une chute de 63 %. Cela s'est traduit par une perte de 3 449 emplois au Québec depuis 2005, selon le ministère québécois des Ressources naturelles et de la Faune.

L'essentiel de ces pertes tient à la crise immobilière et à la récession aux États-Unis, précise André Tremblay, président du Conseil de l'industrie forestière du Québec (CIFQ). " Près de 75 % du marché de la construction de maisons a disparu aux États-Unis ", dit-il.

Comme les autres exportateurs, les producteurs de bois pâtissent de l'envolée du huard par rapport à la devise américaine - il a pris près de 15 % depuis cinq ans.

Un des problèmes demeure la faiblesse des mises en chantier aux États-Unis depuis l'éclatement de la bulle immobilière. Cette année, on devrait y construire 700 000 maisons, puis 973 000 unités, en 2012, selon le CIFQ. Or, le rythme de croisière des mises en chantier aux États-Unis est plutôt de 1,6 million par an.

De nombreux exportateurs québécois se trouvent face à des défis comparables sur le marché américain : soit la demande est moins forte, soit leurs produits sont moins concurrentiels en raison du taux de change. La taxe à l'exportation de 17,6 % sur le bois d'oeuvre imposée par les États-Unis pénalise aussi les producteurs québécois.

En 2010, les expéditions québécoises aux États-Unis ont totalisé 40,2 milliards de dollars canadiens, en légère hausse par rapport à 2009. Par rapport à 2006, elles sont en baisse de 29,2 %. De janvier à mars 2011, nos exportations vers le marché américain ont toutefois progressé de 8,9 %.

La Chine a moins bonne mine

Les exportations minières du Québec allaient bien l'an dernier en raison des économies émergentes. La Chine est devenue en 2010 la première destination du minerai de fer du Québec.

Cependant, depuis quatre mois, les importations chinoises de matières premières, dont celles du fer, évoluent en dents de scie, note Credit Suisse.

La Banque Centrale chinoise multiplie les interventions pour éviter la surchauffe de l'économie du pays. Certains experts, dont l'économiste Nouriel Roubini, évoquent la possibilité d'un ralentissement abrupt de l'économie chinoise d'ici un an et demi. Un tel ralentissement nuirait aux exportateurs québécois de matières premières.


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