Le PTP accélérera la consolidation dans l'industrie laitière

Publié le 05/10/2015 à 13:09, mis à jour le 05/10/2015 à 15:50

Le PTP accélérera la consolidation dans l'industrie laitière

Publié le 05/10/2015 à 13:09, mis à jour le 05/10/2015 à 15:50

Par François Normand

Des fermes laitières pourraient disparître à terme (photo: Bloomberg)

S'il maintient en place la gestion de l'offre au pays, le Partenariat Transpacifique (PTP) que vient de signer le Canada avec 11 pays accélérera la consolidation dans l'industrie laitière au Québec, affirment des sources de l'industrie.

La gestion de l'offre repose sur trois piliers: la planification de la production pour répondre à la demande canadienne en lait, en oeufs et en volaille; le contrôle des importations grâce à des tarifs douaniers élevés (de 200% à 300%); la mise en place de politiques couvrant les coûts de production des agriculteurs.

L'accord de libre-échange annoncé ce matin - qui n'est pas encore en vigueur - prévoit l'ajout de 3,25% des quotas d'importation de lait au Canada, un pourcentage qui grimpera à 4% après 13 ans.

Actuellement, 8% des volumes de laits vendus au pays sont déjà importés, et cela ne tient pas compte des quotas supplémentaires de 17 700 tonnes de fromages fins accordées dans l'accord de libre-échange Canada-Union européenne.

À lire également: Notre économie est déjà très intégrée aux pays du Partenariat transpacifique

Le Canada s'entend avec 11 pays et ratifie le Partenariat transpacifique

Selon François Dumontier, porte-parole des Producteurs de lait du Québec, ce qu'Ottawa a conclu dans le PTP représente une «concession majeure» qui aura un impact sur les fermes laitières du Québec.

«Ce sont des volumes de lait que nous ne pourrons plus produire ici», déplore-t-il, en précisant que plusieurs fermes laitières seront affectées négativement, sans exclure la disparition de certaines d'entre elles.

Bertrand Montel, un chercheur indépendant spécialisé en économie agricole et agroalimentaire, affirme lui aussi que l'ouverture supplémentaire accordée dans le PTP et l'accord avec l'UE accéléront la consolidation dans l'industrie laitière au Québec.

Selon lui, cette nouvelle concurrence exercera une pression à la baisse sur le prix du lait au Canada.

«Les fermes inefficaces risquent de disparaître, mais pas nécessairement les petites. Des entreprises ayant moins de 100 vaches peuvent très bien s'adapter si elles sont efficaces», dit-il.

Par ailleurs, les mesures de compensations pour l'industrie laitière comprises dans l'accord ne feront pas de miracles, estime Bertrand Montel.

L'accord prévoit que les agriculteurs pourront compter sur des revenus fixes pendant les 10 ans suivant l'entrée en vigueur du PTP. Cette mesure est évaluée à 2,4 milliards de dollars canadiens.

Calculée sur base individuelle, cette mesure n'est pas aussi importante qu'elle y paraît.

Étalée sur 10 ans, la mesure équivaut à 240 millions de dollars par année pour l'industrie laitière canadienne (concentrée au Québec), ce qui représente 3$ par hectolitre (100 litres) de lait.

Or, en ce moment, les producteurs laitiers sont payés environ 70$ par hectolitre produit à la ferme.

Le compensation représente donc que 4% du prix que les producteurs laitiers reçoivent déjà. Une somme qui n'est donc pas importante, fait remarquer Bertrand Montel.

«Par exemple, une légère hausse des taux d'intérêt de 1 ou 2 points de pourcentage pourrait annuler la compensation qui sera verser aux producteurs.»

À la une

Budget fédéral 2024: l'art de se tirer dans le pied

17/04/2024 | Daniel Dufort

EXPERT INVITÉ. Le gouvernement de Justin Trudeau «s’autopeluredebananise» avec son «budget mémorable».

Gain en capital: pas une surprise

17/04/2024 | Dany Provost

EXPERT INVITÉ. «Combien d’impôt ça va vous coûter de plus?»

L'industrie technologique mécontente des mesures sur les gains en capital

Mis à jour le 17/04/2024 | La Presse Canadienne

L'industrie technologique est mécontente des mesures sur les gains en capital.