Le PDG de Nomura, Kenichi Watanabe, et son numéro deux Takumi Shibata ont démissionné à cause d'un scandale de délit d'initié, au moment où le groupe japonais de services financiers subit un effondrement de ses profits sur fond de turbulences sur les marchés.

M. Watanabe sera remplacé à partir du 1er août par Koji Nagai, qui dirige actuellement la maison de courtage Nomura Securities, et M. Shibata par Atsushi Yoshikawa, jusque là directeur de Nomura pour l'Amérique du Nord.

Le groupe a dans le même temps fait état d'une chute de 89% de son bénéfice net au premier trimestre 2012-2013, à 1,9 milliard de yens (19 millions d'euros), ses performances étant plombées par la défiance des investisseurs pour les actifs risqués en raison de la crise européenne d'endettement.

Le futur PDG, M. Nagai, a reconnu que le scandale de délit d'initiés avait "beaucoup endommagé" la réputation du groupe, lors d'une conférence de presse jeudi. "Nous savons qu'il est essentiel pour nous de regagner la confiance. Nous devrons pour cela reconstruire la société depuis sa base, pas uniquement revoir son sommet".

Des employés de Nomura ont été accusés, au printemps, d'avoir été à l'origine de la fuite d'informations confidentielles en 2010, lorsque la maison de courtage organisait des augmentations de capital pour le groupe d'énergie Inpex, la banque Mizuho Financial Group et la compagnie d'électricité Tokyo Electric Power (Tepco).

Une enquête interne, confiée par Nomura à un cabinet d'avocats, a confirmé ces faits et conclu qu'ils n'auraient pas dû se produire si les procédures de contrôle internes avaient été plus strictes.

La maison de courtage avait réagi dans un premier temps en réduisant de 50% le salaire du PDG et de plusieurs autres dirigeants, en limogeant deux cadres et en suspendant temporairement les activités des divisions impliquées dans le scandale. Elle est allée plus loin jeudi en remplaçant sa direction.

Nomura n'a pas été sanctionnée par les autorités pour ces faits, la loi japonaise ne punissant que les personnes ayant directement tiré profit d'un délit d'initié. Mais le scandale a suffisamment entaché l'image du groupe pour qu'il soit exclu d'au moins huit transactions pour le compte de sociétés japonaises au cours des dernières semaines, selon Dow Jones Newswires.

Toujours selon l'agence d'informations financières, Nomura a été écarté du rôle de coordinateur global pour la future introduction en Bourse de Japan Airlines, considéré comme la plus grosse opération financière de l'année au Japon.

Kenichi Watanabe avait pris la tête de Nomura en 2008, cinq mois avant l'effondrement de Lehman Brothers qui avait précipité la crise financière internationale. Sous son impulsion, Nomura avait repris les activités en Asie, Europe et Moyen-Orient de la banque d'affaires américaine en faillite, devenant ainsi un acteur majeur de la finance mondiale.

Dans le dernier communiqué de résultats publié sous sa direction, M. Watanabe s'est réjoui que Nomura ait pu "enregistrer un troisième trimestre d'affilée dans le vert dans des conditions de marché adverses". Son produit net bancaire a augmenté de 12% sur un an à 369,3 milliards de yens (3,7 milliards d'euros).

Les revenus des activités de banque d'investissement et de vente et d'achat d'actions ont reculé en raison de la faiblesse des liquidités circulant sur les principaux marchés mondiaux affectés par la crise. À l'inverse, les ventes d'obligations ont progressé de 13% sur un an, portées par le goût des investisseurs pour les produits les moins risqués.

Comme à son habitude, le groupe n'a fourni aucune prévision de résultat pour l'année budgétaire en cours d'avril 2012 à mars 2013.