L'ex-patron d'AIG réclame 25 G$ à Washington

Publié le 21/11/2011 à 14:03, mis à jour le 17/10/2013 à 06:25

L'ex-patron d'AIG réclame 25 G$ à Washington

Publié le 21/11/2011 à 14:03, mis à jour le 17/10/2013 à 06:25

Par AFP

L'ex-patron d'AIG, Hank Greenberg, a fait une démarche audacieuse lundi en réclamant en justice 25 milliards de dollars au gouvernement américain, l'accusant de l'avoir spolié en nationalisant l'assureur en 2008.

M. Greenberg, 86 ans, a dirigé AIG pendant près de 40 ans et en a fait le numéro un mondial de l'assurance, une société opaque du fait de ses ramifications multiples et qui est devenue l'un des symboles des excès de la finance.

Il a été poussé à la démission en 2005 dans la foulée d'une enquête liée à une fraude comptable, pour laquelle il n'a finalement pas été condamné.

Conduit au bord du précipice par une politique très risquée de son département de produits financiers, l'assureur a été sauvé d'une faillite quasi certaine en septembre 2008 grâce à un prêt de la banque centrale (Fed), complété par d'autres injections de fonds publics dépassant au total 180 milliards de dollars.

"Les actions du gouvernement (pendant la crise) ont ostensiblement été vouées à protéger l'économie américaine et à venir au secours du système financier du pays", admet la plainte déposée au nom de la société de M. Greenberg, Starr International.

"Bien ce que soit un but peut-être louable, en termes juridiques, il ne justifie pas les moyens illégaux qui ont été pris par le gouvernement pour y parvenir", ajoute-t-elle toutefois.

"Le gouvernement n'a pas le droit de piétiner le droit des actionnaires et de la propriété même au milieu d'une urgence financière", soutient la plainte, se référant au cinquième amendement de la constitution américaine.

M. Greenberg accuse essentiellement le gouvernement d'avoir discriminé AIG et ses actionnaires en le nationalisant "sans dédommagement équitable" pour les actionnaires comme lui, plutôt qu'en se contentant de lui prêter de l'argent ou de lui fournir des garanties de prêts, comme il l'a fait pour d'autres institutions financières au plus fort de la crise.

Il affirme qu'AIG était solvable et n'avait qu'un "problème temporaire de liquidités".

M. Greenberg réclame des dommages et intérêts d'"au moins 25 milliards de dollars", soit la valeur des actions issues de la conversion d'actions préférentielles que le gouvernement a reçues le 14 janvier dernier, au prix de clôture de 45,24 dollars.

Or au lendemain de la faillite de Lehman Brothers, quand le gouvernement est intervenu pour sauver AIG le 16 septembre 2008, l'action ne valait que 1,25 dollar.

"De la part de Greenberg, ça ne manque pas de culot", s'étonne Gregori Volokhine, directeur de Meeschaert New York.

"Il essaie de se poser en victime alors qu'il était à la tête d'AIG quand l'assureur émettait des produits financiers qui ont largement contribué à la crise", ajoute-t-il, estimant qu'il ne devrait pas tirer "un centime" de ces poursuites.

Le Trésor a défendu les mesures prises pendant la crise.

"Nos actions étaient nécessaires, légales et constitutionnelles. Nous étudions la plainte et prévoyons de (nous) défendre vigoureusement", a commenté Tim Massad, l'un des responsables du Trésor en charge de la stabilité financière.

A l'époque, M. Greenberg avait réclamé lui-même l'intervention des pouvoirs publics, faisant valoir qu'une faillite serait "catastrophique".

En janvier, il avait estimé que le gouvernement américain avait fait une plus-value de 44 milliards de dollars sur son investissement dans l'assureur, et s'interrogeait déjà sur la décision de le nationaliser.

Le Trésor américain reste pourtant actionnaire d'AIG à 77% et doit encore récupérer 50 milliards de dollars pour que son investissement soit rentable. S'il liquidait toute sa participation aujourd'hui, il serait encore dans le rouge.

AIG a fortement réduit son périmètre à coup de cessions d'actifs depuis 2008, et perd encore de l'argent: l'assureur a publié une perte de 4,1 milliards de dollars au troisième trimestre, plombé par le déclin des marchés et une charge liée à sa filiale de location d'avions.

L'ex-patron historique d'AIG, Hank Greenberg, a porté plainte lundi contre le gouvernement américain auquel il réclame 25 milliards de dollars, l'accusant de l'avoir spolié ainsi que sa société Starr International en venant à la rescousse de l'assureur pendant la crise.

Starr International poursuit à la fois le gouvernement américain et AIG, selon le texte de la plainte.

Dans les jours ayant suivi la faillite de Lehman Brothers et alors qu'AIG était à son tour menacé, le gouvernement américain a "fourni des garanties de prêts et l'accès à des fonds fédéraux" à de nombreuses institutions, et "AIG était un candidat particulièrement bon pour de telles aides à la liquidité car ses actifs dépassaient de façon importante ses dettes", affirme la plainte.

"Son problème n'était pas une question de solvabilité mais un problème temporaire de liquidité", ajoute-t-il.

"Plutôt que de fournir à AIG les aides à la liquidité qu'il a fournies à d'autres entreprises comparables", y compris "Citigroup", "le gouvernement a initié une série de mesures en septembre 2008 qui ont abouti à une prise de contrôle de l'entreprise et de 80% des actions d'AIG, sans dédomagement équitable" pour ses actionnaires, accuse la plainte.

Pour ce qu'il qualifie de "discrimination", Starr International demande des dommages et intérêts d'"au moins 25 milliards de dollars", soit la valeur des actions issues de la conversion d'actions préférentielles que le gouvernement a reçues le 14 janvier dernier, au prix de clôture de 45,24 dollars.

Lorsque le gouvernement est intervenu pour empêcher AIG de faire faillite le 16 septembre 2008, au lendemain de la faillite de Lehman Brothers, l'action d'AIG était tombée jusqu'à 1,25 dollar.

"Il est important de se souvenir que le gouvernement a fourni des aides à AIG et l'a empêché de (faire faillite) afin d'empêcher un effondrement de l'ensemble du système financier", a commenté Tim Massad, l'un des responsables du Trésor américain en charge de la stabilité financière.

"Nos actions étaient nécessaires, légales et constitutionnelles. Nous passons en revue la plainte et prévoyons de défendre vigoureusement nos actions", a-t-il ajouté.

Un porte-parole d'AIG joint par l'AFP s'est refusé à tout commentaire.

Hank Greenberg a dirigé AIG pendant près de 40 ans et en a fait le numéro un mondial de l'assurance avant d'être poussé à la démission dans la foulée d'une enquête liée à une fraude comptable.

Porté au bord du précipice par une politique très risquée de son département de produits financiers qui en a fait un symboles des excès de la finance, l'assureur a été sauvé d'une faillite quasi certaine en septembre 2008 grâce à un prêt de la banque centrale (Fed), qui avait dû être complété par d'autres interventions des pouvoirs publics dans les mois suivants.

La stabilisation du groupe a mobilisé au total plus de 180 milliards de dollars de fonds publics.

Aujourd'hui nationalisé, AIG a fortement réduit son périmètre à coup de cessions d'actifs depuis la crise de 2008, et perd encore de l'argent: il a publié une perte de 4,1 milliards de dollars au troisième trimestre, plombé par le déclin des marchés et une charge liée à sa filiale de location d'avions.

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