L'économie américaine donne des signes mitigés, la Fed aussi

Publié le 15/11/2018 à 15:57

L'économie américaine donne des signes mitigés, la Fed aussi

Publié le 15/11/2018 à 15:57

Par AFP

L’économie américaine a manifesté des signes mitigés jeudi entre consommateurs enthousiastes et essoufflement de l’activité manufacturière tandis que le patron de la Fed a évoqué un ralentissement possible pour l’année prochaine.

Les ventes au détail pour octobre ont bondi de 0,8 %, la plus forte hausse en cinq mois pour cet indicateur qui rend bien compte de l’allant du consommateur, même si les Américains achètent davantage de services que de marchandises.

Mais si on exclut les fortes ventes de voitures (+1,1 %) et les hausses de prix de l’essence, les ventes des détaillants et restaurants n’ont avancé que de 0,3 %.

Sur trois mois, les ventes au détail ont ralenti leur progression à 2,8 % en rythme annuel, contre 4,3 % le mois dernier. « Cela suggère qu’on est sur la voie d’un ralentissement de la consommation », a affirmé Michael Pearce, de Capital Economics.

En attendant, le géant de la distribution Walmart a annoncé jeudi des résultats meilleurs que prévu pour le troisième trimestre et signalé une hausse de 2,2 % du montant dépensé en moyenne par chacun de ses clients par rapport à la même époque l’année dernière.

Le leader américain de la distribution classique a su générer davantage de trafic dans ses magasins, mais aussi doper son activité de livraison d’épicerie à domicile alors qu’il subit la concurrence du géant de la vente en ligne Amazon.

Ses ventes via le net ont grimpé de 43 % entre juillet et septembre. D’après eMarketer, Walmart pourrait bientôt devenir le troisième distributeur en ligne américain après Amazon, EBay et devant Apple.

Son chiffre d’affaires trimestriel total à 124,9 milliards de dollars s’est révélé un peu en dessous des prévisions, mais le groupe prévoit une bonne saison des fêtes alors que les consommateurs, locomotive de la croissance américaine, profitent encore de l’impact des réductions d’impôt de l’administration Trump.

La Fed chemine à tâtons 

En amont toutefois, l’activité manufacturière semble montrer des signes d’essoufflement. Ainsi, dans la région de forte activité industrielle de Philadelphie, le renforcement du dollar - dans le sillage de la hausse des taux de la Fed - et l’augmentation des coûts de production a fait tomber l’indice d’activité à son plus bas niveau depuis août (à 12,9 points, soit 9,3 points de moins que le mois dernier).

L’optimisme des industriels pour les six mois à venir s’est aussi érodé. Dans la région voisine de New York en revanche, l’activité a encore progressé, contredisant les prévisions des analystes.

Ces données mitigées ont reflété une fois de plus le dilemme auquel fait face la Réserve fédérale qui veut protéger l’économie d’une accélération possible de l’inflation en relevant les taux, mais qui veut éviter en même temps d’étouffer la croissance.

Mercredi soir, dans une rare conversation à bâtons rompus à la banque de Réserve fédérale de Dallas, le patron de la Fed, Jerome Powell, a, pour la première fois, fait planer davantage de doutes sur la voie à venir de la politique monétaire.

Tout en saluant la bonne santé actuelle de la première économie mondiale, il a pointé du doigt « les défis à venir ». M. Powell a ainsi mentionné « une croissance plus faible à l’étranger », la perspective « d’une dissipation du stimulus » budgétaire apporté par l’administration Trump avec les réductions d’impôts,, et « l’effet à retardement » des hausses de taux passées, qui mettent en général un an à 18 mois avant de se faire réellement sentir dans l’économie.

« La croissance pourrait ralentir (...) dans l’année qui vient », a-t-il lancé, faisant tout à coup douter des trois relèvements des taux d’intérêt que prévoyait jusqu’ici le Comité monétaire (FOMC) pour l’année prochaine. La Fed a déjà rehaussé ces taux au jour le jour par trois fois cette année, soit de 0,75 point de pourcentage au total. 

Un relèvement des taux à la prochaine réunion du 19 décembre - pour les porter à 2,50 % au maximum - est toujours d’actualité même si sa probabilité est soudainement tombée à 72 % jeudi, au lieu de 77 % la semaine dernière, selon les instruments financiers à terme.

Comme s’est interrogé M. Powell, « quelle politique monétaire mener dans un environnement aussi incertain? ». « C’est comme si vous marchiez dans une pièce pleine de meubles et que la lumière s’éteignait tout à coup. Vous vous arrêtez sans doute pour chercher à tâtons votre chemin », a-t-il résumé.

 

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