Exporter notre système de santé pour l'enrichir

Publié le 09/04/2011 à 00:00, mis à jour le 18/10/2013 à 10:44

Exporter notre système de santé pour l'enrichir

Publié le 09/04/2011 à 00:00, mis à jour le 18/10/2013 à 10:44

Par Suzanne Dansereau

Crédit: Bloomberg

Les hôpitaux ont du mal à se financer ? Le Centre universitaire de santé McGill (CUSM) vient de trouver une nouvelle source de revenus : elle vend son expertise à l'étranger.

Le CUSM amorce cette année un projet de 86 millions de dollars (MS) sur cinq ans pour aider le ministère de la Santé du Koweït à se doter d'un département de cardiologie à la fine pointe de la technologie.

Par l'intermédiaire d'une société privée, MMI, il fournit au Koweït une équipe de soins cliniques, une équipe technique et une autre en technologie de l'information.

Le CUSM saisit ainsi l'une des nombreuses occasions d'affaires qui se présentent actuellement dans le marché mondial de la santé : dans le golfe Persique uniquement, les dépenses en santé devraient tripler d'ici 2020.

« Les hôpitaux universitaires des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de l'Allemagne et de la France sont déjà très actifs sur ce marché. Ceux de l'Ontario aussi, dit le pdg du CUSM, Arthur Porter. Au Québec, nous sommes parmi les derniers à nous y mettre, alors que nos infrastructures et nos institutions ont une envergure mondiale. »

Une expertise internationale

Les revenus réalisés iront à MMI, dont l'actionnaire principal est une fondation, l'Optimal Health Care Foundation. Celle-ci redistribuera l'argent sans l'inclure dans les revenus d'exploitation de l'hôpital. Arthur Porter calcule que 25 % de ceux-ci seront réinvestis au CUSM et à l'Université McGill.

À long terme, le Dr Porter croit pouvoir augmenter de 5 % les revenus du CUSM grâce à ce genre de contrat. Une fois que la construction de son mégahôpital sera terminée, en septembre 2014, il mettra son Département de planification, et probablement des firmes québécoises de génie, de design ou d'architecture partenaires du CUSM, sur la piste d'autres contrats. Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Yves Bolduc, a approuvé la démarche.

Pour le directeur général du CUSM, c'est une question de compétence. « Nous avons bâti au Québec une expertise d'envergure mondiale en recherche, en soins cliniques, en planification et en construction d'hôpitaux. Pourquoi ne pas en faire profiter tout le monde et, ce faisant, aller chercher de nouveaux revenus qui enrichiront notre système de santé ? »

Et l'offre de soins au Québec ?

Monnayer l'expertise en santé de la province suscite des interrogations : « Enlève-t-on des ressources au système québécois ? Réduit-on l'offre de services au Québec pour augmenter celle qui existe à l'étranger ? » demande François Vaillancourt, professeur en économie de la santé à l'Université de Montréal et Fellow au Cirano.

En Ontario, le University Health Network vient de conclure une entente de 75 M$ pour mettre sur pied un département d'oncologie au Koweït. L'entente prévoit le traitement d'un certain nombre de patients koweïtiens dans les hôpitaux de Toronto.

Au contraire, le contrat du CUSM au Koweït spécifie qu'aucun patient du Koweït ne sera traité à Montréal. « Nous avons voulu éviter la controverse , dit le responsable du projet du CUSM, Michael Churchill-Smith. Moins de 20 % des heures-personnes allouées au projet du Koweït seront assurées par des Québécois. »

Une division internationale au CHUM

Pour l'instant, le CUSM est le seul hôpital du Québec à adopter cette voie commerciale. Au CHUM, une division internationale vient d'être créée et son responsable, Sylvain Villard, promet d'examiner cette voie dans le cadre de la prochaine réflexion stratégique de son organisation. Jusqu'à présent, le CHUM a participé à des projets de coopération internationale, mais les revenus récoltés se limitent à quelques dizaines de milliers de dollars.

UN MARCHÉ EN PLEIN ESSOR

18 G$ Le marché de la santé dans le golfe Persique totalise 18 milliards de dollars (G$). Il atteindra 55 G$ en 2020.

25 000 Nombre de lits d'hôpital à installer dans le golfe Persique d'ici 2020.

Source : Banque d'investissement Alpen Capital

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