États-Unis : les exportateurs devront mieux se coordonner avec les transporteurs


Édition du 20 Août 2016

États-Unis : les exportateurs devront mieux se coordonner avec les transporteurs


Édition du 20 Août 2016

Par François Normand

[Photo : Shutterstock]

Une nouvelle réglementation qui entrera en vigueur l'année prochaine aux États-Unis forcera les exportateurs et les transporteurs canadiens à intégrer davantage leur chaîne logistique, estiment des spécialistes en logistique.

À compter de décembre 2017, tous les camions qui circuleront au sud de la frontière devront être munis d'un carnet de route électronique. Le Canada devrait adopter une loi similaire en 2018 ou en 2019.

Ces nouvelles technologies remplaceront les fameux carnets de route en papier utilisés encore par plusieurs transporteurs, surtout les petites entreprises.

Lorsqu'ils rouleront au sud de la frontière, les camionneurs n'auront plus à inscrire manuellement dans un registre les heures de conduite consécutives auxquelles ils ont droit.

Tout se fera automatiquement, sans intervention humaine, allégeant du coup la paperasserie.

Ce sont 11 heures aux États-Unis (13 heures au Canada). Et la remise à zéro du cycle d'un chauffeur se fait après 36 heures de repos aux États-Unis (34 heures au Canada).

Par conséquent, certains camionneurs ne pourront plus manipuler les heures travaillées, et certains expéditeurs devront avoir des attentes plus réalistes quand ils feront livrer des produits à des clients aux États-Unis, estime l'Association du camionnage du Québec.

«Il faudra une meilleure coordination entre les expéditeurs et les transporteurs», affirme son pdg, Marc Cadieux.

Selon lui, cela signifie que les expéditeurs devront nécessairement réduire au maximum les délais d'attente dans leur cour lorsqu'un camion vient charger une cargaison pour la livrer, par exemple à Washington.

Comme les temps d'attente sont des heures travaillées, le camionneur en direction de Washington pourrait devoir s'arrêter en route aux États-Unis, car il aura épuisé sa banque de 11 heures.

Le client américain recevra sa livraison en retard, tandis que le transporteur et l'expéditeur pourraient devoir payer une amende. Actuellement, des transporteurs peuvent manipuler leur carnet de route en papier afin que les heures travaillées correspondent aux heures requises pour livrer un chargement à temps. Cette pratique ne sera plus possible à compter de décembre 2017 aux États-Unis.

C'est pour cette raison que cette nouvelle législation devrait améliorer l'efficacité de la chaîne logistique en Amérique du Nord, croit Jacques Roy, spécialiste en gestion du transport et de la chaîne logistique à HEC Montréal. «Il faudra faire des calculs plus appropriés pour livrer une cargaison aux États-Unis», dit-il.

Selon lui, certains expéditeurs ne se préparent pas suffisamment afin d'assurer la fluidité de la chaîne logistique, et ils demandent parfois l'impossible aux transporteurs après les avoir fait poireauter inutilement dans leurs cours.

Un changement bien vu

Les Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ) sont conscients de cet enjeu. «Ces cinq dernières années, les temps d'attente se sont améliorés», dit le président Éric Tétrault, en précisant que son association sensibilise constamment ses membres à l'importance d'avoir une chaîne logistique efficace.

Le transporteur Groupe Robert voit d'un très bon oeil l'entrée en vigueur prochaine de la législation américaine. Et ce n'est pas un enjeu technique pour l'entreprise, car sa flotte de camions - comme, du reste, celle de plusieurs grands transporteurs - est déjà munie de carnets de route électroniques depuis environ deux ans.

Sylvain Lehoux, vice-président aux opérations de transport chez Groupe Robert, voit plusieurs avantages à l'utilisation du carnet de route électronique. «Nous avons amélioré la sécurité de nos employés et nous avons fait des gains de productivité et d'efficacité», dit-il.

Par exemple, quand vient le moment d'organiser une expédition de marchandises ou d'aliments aux États-Unis, il faut un plus haut niveau de préparation pour gérer l'aller-retour.

Sylvain Lehoux voit aussi deux autres avantages à l'implantation du carnet de route électronique. Elle devrait d'abord apporter une concurrence plus saine dans l'industrie, car plus personne ne pourra tricher. Elle devrait ensuite améliorer l'efficacité de l'ensemble des expéditeurs au Canada. «Ce ne sont pas tous les expéditeurs qui sont prêts quand nous nous présentons sur place», dit-il.

Même si Provigo n'exporte pas aux États-Unis, l'entreprise est réputée dans l'industrie pour l'efficacité de sa chaîne logistique. «C'est au centre de nos priorités», dit Patrice Presseau, gérant transport, pour l'entrepôt Provigo à Laval.

Les déplacements sont planifiés au moins 12 heures à l'avance avec les transporteurs. Le centre est en contact quotidien avec les épiceries pour organiser les livraisons. Le centre livre 24 heures sur 24. Enfin, un système électronique mesure les délais de livraison. «Notre objectif est de livrer à temps dans 95 % des cas», dit-il.

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