Comment investir au Mexique


Édition du 16 Avril 2016

Comment investir au Mexique


Édition du 16 Avril 2016

Par François Normand

[Photo : Shutterstock]

Meurtres, drogues, corruption... Le Mexique fait souvent les manchettes en raison de ses problèmes sociopolitiques. Mais on oublie que la deuxième économie d'Amérique latine regorge d'occasions potentielles pour les investisseurs canadiens.

En 2015, le PIB mexicain a progressé de 2,25 %. Et cette année, il devrait augmenter de 2,5 %, selon l'Economist Intelligence Unit (EIU). Une croissance supérieure à celle prévue au Canada (1,5 %) et aux États-Unis (2 %).

«La chute du prix du pétrole a fait mal au Mexique, mais son secteur manufacturier, de plus en plus concurrentiel avec celui de la Chine, peut compenser», affirme Angelo Katsoras, analyste géopolitique à la Banque Nationale Marchés financiers.

Le pays est souvent considéré comme un marché émergent, notamment en raison de la faiblesse de ses infrastructures. Pourtant, en 2015, son secteur industriel représentait 34,1 % du PIB, tandis que les services comptaient pour 62,4 %, selon The World Factbook de la CIA. Au Canada, ces proportions étaient respectivement de 28,9 % et de 70,5 %.

Le Mexique est une économie ouverte aux investissements directs étrangers (IDE). En 2014, ils ont atteint 22,8 milliards de dollars américains, montrent les données de l'ONU. Il s'agit d'un net recul par rapport à 2013 (44,6 G$ US), mais d'une légère amélioration comparativement à 2012 (18,9 G$ US).

Ces variations importantes en 2013-2014 tiennent essentiellement à deux transactions majeures, soulignent les analystes de la banque espagnole Santander.

En 2013, la brasserie belge Anheuser-Busch InBev (NY, BUD) a avalé le géant de la bière Grupo Modelo. Et en 2014, l'américaine AT&T a vendu sa participation dans le conglomérat America Movil (NY, AMX).

Gerardo Zamorano, gestionnaire de portefeuille et directeur de Brandes Investment Partners, à San Diego, affirme que le Mexique compte plusieurs secteurs intéressants pour les investisseurs étrangers.

Ce spécialiste du Mexique a notamment investi dans Cemex (NY, CX, 6,92 $ US), l'un de plus importants producteurs de ciment du monde, présent dans une cinquantaine de pays, qui a réalisé des revenus de 226 G$ US en 2015.

«On considère l'action de Cemex très attrayante», dit ce chasseur d'aubaines.

Actuellement, le titre de Cemex s'échange à 7 $ US. Or, en mai 2006, il a atteint 67 $ US. Par la suite, le cours a fondu, principalement en raison de la chute de la demande mondiale de ciment dans la foulée de la récession de 2008. Il est même tombé à un creux de 2,71 $ US en octobre 2011.

«On assiste à une augmentation de la demande de ciment aux États-Unis, ce qui favorise Cemex, dit Gerardo Zamorano. Les volumes reprennent aussi au Mexique ou dans d'autres marchés d'Amérique latine, comme la Colombie.»

Brandes Investment Partners est aussi très exposée au marché immobilier par l'intermédiaire d'un nouvel outil financier au Mexique, les fibras.

Ce sont des sociétés de placement immobilier (REIT, en anglais), qui possèdent des immeubles et les louent souvent à des multinationales comme Walmart ou General Motors. «On les aime beaucoup. Nous sommes présents dans ce secteur depuis trois ans, avec des participations dans deux fibras», précise M. Zamorano.

Les derniers mois ont toutefois été sobres pour les titres immobiliers au Mexique. Par exemple, depuis un an, l'action de Fibra Uno Administracion SA de CV (Mexico, FUN011), le plus important fibra du Mexique, a reculé de 4 %. Par contre, depuis cinq ans, sa valeur a pratiquement doublé.

Les télécommunications sont un autre secteur ayant du potentiel, selon le gestionnaire.

Mais il avoue avoir liquidé sa participation dans America Movil. Depuis cinq ans, le titre a reculé de 43 %.

Selon lui, le commerce de détail et le secteur bancaire peuvent aussi représenter des occasions d'investissement, même s'il n'est pas encore exposé à ces secteurs.

«Les entreprises dans ces secteurs ne sont pas dispendieuses, mais elles ne sont pas suffisamment attrayantes en ce moment pour les intégrer à notre portefeuille.»

Mieux vaut investir directement et en dollars américains

Pour investir au Mexique, Gerardo Zamora suggère d'investir directement dans les titres des sociétés, plutôt que par l'intermédiaire d'un fonds commun ou d'un indice, comme le MSCI Mexico, qui a reculé de 14 % en 2015.

Plusieurs titres de grandes sociétés mexicaines sont inscrits à la Bourse aux États-Unis en dollars américains, comme c'est le cas de Cemex. Les investisseurs canadiens peuvent donc acheter ces titres assez facilement.

Il y a un risque de change, car le peso mexicain est une monnaie plus volatile que le dollar canadien, dit François Barrière, premier vice-président et trésorier, trésorerie corporative, à la Banque Laurentienne.

«Le peso mexicain est toujours considéré comme une devise de deuxième tiers [pays émergents], mais c'est sûrement l'une des plus solides. Et c'est la plus négociée ; elle l'est davantage que le yuan chinois.»

Les investisseurs sont évidemment toujours exposés à un risque géopolitique, également.

Malgré tout, la firme française d'analyse du risque Coface s'attend à ce que le gouvernement mexicain poursuive ses réformes pour libéraliser les secteurs de l'énergie et des télécommunications, et ce, malgré la montée de la grogne populaire.

Il faut dire que la dégringolade du prix du pétrole a ébranlé la mise en oeuvre des plans liés aux dépenses publiques. La dépréciation du peso vis-à-vis du dollar américain (15 % depuis un an) a aussi fait bondir l'inflation dans le pays. En février, elle s'établissait à 2,87 %, alors qu'elle n'était que de 2,13 % en décembre.

Depuis cinq ans, le titre de Cemex (NY, CX, 6,92 $ US) fait du surplace

Source : Bloomberg

Le Mexique en bref (en 2015)

› Population : 122 millions d'habitants

› Profil démographique : 45 % de la population a moins de 25 ans

› PIB : 1 161 milliards de dollars américains

› PIB par habitant, calculé selon la parité du pouvoir d'achat : 18 500 $ US

› Principal partenaire commercial (exportations) : États-Unis (80 %)

Source : The World Factbook (CIA)

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