Retraite: un environnement qui a changé


Édition du 30 Mai 2015

Retraite: un environnement qui a changé


Édition du 30 Mai 2015

[Photo: iStock]

Les retraités, actuels et futurs, sont-ils en meilleure position aujourd'hui qu'au sortir de la crise en 2009 ? La rédaction d'un nouveau livre1 m'a permis d'évaluer la façon dont la situation a évolué depuis six ans. Mon constat : il est plus difficile de générer des revenus à la retraite, et il faut planifier encore plus tôt.

De la grande crise à la grande reprise

De mai 2007 à février 2009, les grands indices boursiers ont dégringolé de plus de 40 %. Soudain, la thérapie de choc administrée par les banques centrales (la Réserve fédérale américaine en tête) a commencé à faire effet, et le patient s'est remis à respirer : les Bourses ont amorcé leur grande reprise. Pendant que les investisseurs voyaient leur portefeuille d'actions se rétablir, un risque de nature différente commençait à se profiler.

De l'intérêt à détenir des obligations ?

Pour les retraités et les épargnants aujourd'hui acheteurs de titres à revenu fixe de qualité, la baisse des taux d'intérêt est un véritable casse-tête. Depuis juillet 2009, le taux des obligations du Canada 10 ans est passé de 3,5 % à moins de 1,5 % : un recul de plus de 55 %. En réalité, les taux d'intérêt diminuent au pays de façon continue depuis le début des années 1980 : cela fait 35 ans. Force est de réviser ses attentes de rendement et de revenu. Pour obtenir un taux d'intérêt supérieur, il n'y a que deux solutions : acheter des obligations dont l'émetteur a une cote de crédit inférieure ou en acheter dont l'échéance est plus longue. L'un et l'autre choix sont de moins en moins attrayants et augmentent le risque. Or, malgré le désir d'accroître le revenu, ce n'est pas dans cette section du portefeuille que vous devriez accentuer le risque.

Des régimes de retraite publics grandement modifiés

Au Québec, l'accroissement de la proportion des gens âgés de 65 ans et plus ainsi que la diminution des 15 à 64 ans est en voie de modifier le profil démographique des régimes de retraite publics (RRQ et PSV). N'en déplaise à certains, les changements apportés à ces derniers étaient nécessaires. Avant de faire les demandes de prestations, une planification adéquate s'impose pour chacun.

D'un côté, le taux de réduction pour anticipation (entre 60 et 65 ans pour les personnes nées après 1953) de la rente de retraite du Régime des rentes du Québec (RRQ) atteindra 7,2 % par an dès 2016. De l'autre, la bonification pour report (entre 65 et 70 ans) l'augmente de 8,4 % par année.

Quant au Programme de la sécurité de la vieillesse (PSV), chaque année de report entre 65 et 70 ans bonifie la rente de 7,2 % par an. De 2023 à 2029, l'âge d'admissibilité passera graduellement de 65 à 67 ans (et les années pour la bonification, de 67 à 72 ans). À moins de changements, cela risque de faire un trou pendant deux ans dans les revenus des retraités qui ont un régime de pension à prestation différée et dont la rente diminue à 65 ans en raison de la coordination2.

En apportant ces modifications aux régimes de pension publics, les gouvernements veulent inciter les gens à travailler plus longtemps. L'augmentation de l'espérance de vie le justifie amplement.

Les régimes de pension : de la bénédiction à la malédiction

En 2009, les travailleurs et les retraités qui bénéficiaient d'un régime de pension à prestation déterminée (garantissant une rente à vie) se croyaient bénis d'avoir évité la crise financière. Six ans plus tard, des lois qui régissent ces régimes ont été modifiées.

C'est tout un pan de la population (active dans le public ou le privé, ou retraitée) qui s'ajoute aujourd'hui à tous ceux dont la retraite criait déjà au secours.

Le CELI peut-il vous sauver ?

Le compte d'épargne libre d'impôt (CELI) a été introduit en 2009, et 40 % des adultes canadiens l'ont adopté. Non seulement permet-il à ses détenteurs d'accumuler des revenus de placement à l'abri de l'impôt sur des cotisations cumulatives atteignant 41 000 $ en 2015 (à la suite du récent budget fédéral), mais il constitue un meilleur instrument d'accumulation que le REER pour les salariés à revenu faible ou moyen. Pourquoi ? D'abord, parce que leur réduction d'impôt est faible à la souscription d'un REER. Ensuite, parce qu'au moment de décaisser leur REER, les salariés sont touchés à plusieurs égards : impôts, perte de crédits, admissibilité réduite ou annulée au supplément de revenu garanti. Le CELI est aujourd'hui devenu un outil incontournable, et les capitaux qui s'y accumulent en font une composante essentielle d'une planification de retraite efficace.

1 Votre retraite crie au secours, deuxième édition revue et enrichie, Les Éditions Transcontinental, 2015

2 La coordination se fait avec le RRQ à 65 ans, mais le début du versement de la PSV (aujourd'hui à 65 ans) comble, en partie ou en totalité, la réduction de revenu.

> - 55 %: Depuis juillet 2009, le taux des obligations du Canada 10 ans est passé de 3,5 % à moins de 1,5 % : un recul de plus de 55 %.

Experte invitée

Hélène Gagné , F.Adm.A., est gestionnaire de portefeuille chez Gestion privée PEAK (une division de Valeurs mobilières PEAK) Pl. Fin. et conseillère en sécurité financière chez Gagné, Morin & Associés M.T.L. Elle est l’auteure du livre Votre retraite crie au secours.

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