Retraite : sauver les meubles quand vous n'êtes pas prêt

Offert par Les Affaires


Édition du 17 Octobre 2015

Retraite : sauver les meubles quand vous n'êtes pas prêt

Offert par Les Affaires


Édition du 17 Octobre 2015

Par Stéphane Rolland
3 RÈGLES POUR QUE VOTRE PORTEFEUILLE NE S'ÉVAPORE PAS AVANT LA RETRAITE

Plus on vieillit, plus les lendemains de veille sont pénibles. C'est particulièrement vrai en investissement, parce qu'on dispose de moins de temps pour se remettre d'une mauvaise décision.

1. La concentration, tu éviteras

Vous l'avez déjà entendu : diversifier son portefeuille est la règle de base en investissement. Vous pourriez vous mordre les doigts d'avoir ignoré ce conseil à l'approche de la retraite. Hélène Gagné, de Peak Gestion privée, recommande de limiter le poids d'un titre à 5 % de la valeur du portefeuille.

2. Le régime d'actionnariat, tu allégeras

Mme Gagné applique la même règle au détenteur de régime d'actionnariat d'entreprises, mais avec un peu plus de «souplesse». Dans ce cas, un épargnant pourrait laisser l'action de son entreprise constituer jusqu'à 10 % de la valeur de son portefeuille, précise-t-elle. Avec le temps, les actions accumulées dans ces régimes peuvent représenter une part importante de votre portefeuille. N'oubliez pas d'en liquider une partie à l'occasion.

3. L'immobilier, tu n'adoreras pas

Avez-vous déjà entendu votre beau-frère vous dire que sa maison était son fonds de pension ? C'est une très mauvaise idée, que même les gens aisés ont parfois. Mme Gagné a vu des millionnaires avec seulement 300 000 $ dans leur REER. Le reste de leur valeur nette était immobilisée dans leur maison. Ces ménages s'exposent trop au risque d'une baisse du marché immobilier, sans compter les coûts des taxes et de l'entretien de ces somptueuses demeures. Elle suggère de limiter la part des biens immobiliers (maison, chalets, bateau) à 30 % de la valeur de votre actif.

LE PARTAGE D'UN RÉGIME DE RETRAITE, UN CASSE-TÊTE

Soyez averti. Le partage «équitable» de la valeur d'un régime de retraite à prestations déterminées pourrait laisser un des conjoints avec beaucoup moins que l'équivalent de la moitié de la rente promise. Sur cette question, le choix de la date de séparation peut faire un monde de différence.

La mécanique utilisée pour séparer un régime à prestations déterminées est complexe. Comme le dit son nom, le régime à prestations déterminées promet à ses bénéficiaires une rente d'un montant précis jusqu'à leur décès. Pour déterminer comment partager le régime entre les conjoints, un actuaire doit déterminer la valeur de la promesse de rente.

Dans l'équation, le moment du départ à la retraite modifie le résultat de ses calculs, explique Carolyn Martel, actuaire de Martel Actuariat. «Vous avez 55 ans et votre employeur estime que vous prendrez votre retraite à 65 ans, donne en exemple l'actuaire. Si vous prenez votre retraite à 55 ans, vous recevrez votre rente pendant dix années de plus. La valeur de votre régime vient de bondir de quelques centaines de milliers de dollars d'un coup.»

C'est pour cette raison que le moment choisi pour divorcer peut représenter plus ou moins quelques centaines de milliers de dollars lors du partage des actifs. Mme Martel donne l'exemple d'un professionnel qui se sépare de sa conjointe en 2013. La valeur de son régime est de 700 000 $. L'année suivante, il prend sa retraite, et la valeur de son régime bondit à 1,2 M$. En 2015, il lance les procédures de divorce.

Deux dates peuvent être utilisées pour déterminer la valeur du partage de patrimoine : la date de cessation de vie commune (2013) ou le début des procédures (2015). «Si on prend la première date, Madame aurait droit à 350 000 $. Si on prend la deuxième, elle aurait 600 000 $, illustre-t-elle. Monsieur voudra évidemment prendre la date de séparation, et Madame voudra prendre celle du début de la procédure. Là, on est certain d'aller en cour.»

Rappelons que c'est la valeur du régime et non pas la rente qui est partagée. La législation est ainsi faite qu'un partage qui devait être fait de manière équitable peut donner lieu à l'équivalent d'une séparation de 30 % à 70 % d'une rente, selon les cas. Une des deux parties pourrait demander un partage inégal du régime afin de mieux refléter la valeur de la rente, mais il n'est pas dit qu'un juge acceptera, ajoute-t-elle.

L'une des options pour se prémunir contre une situation inéquitable pour l'une des parties est d'opter pour la «séparation de corps» plutôt que le divorce, plaide Jean-François Chabot, de cabinet Chabot médiateurs avocats. En vertu, de la séparation de corps, les époux restent mariés, mais n'ont plus l'obligation de faire vie commune. «Ça leur donne d'autres options pour le partage des biens, explique-t-il. Pour le fonds de pension par exemple, les ex-conjoints pourraient décider de séparer la rente par l'intermédiaire d'une pension alimentaire, plutôt que de séparer la valeur du régime.

Suivez Stéphane Rolland sur Twitter @srolland_la

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