Repousser la retraite ou... payer plus d'impôt?

Publié le 15/12/2017 à 15:25

Repousser la retraite ou... payer plus d'impôt?

Publié le 15/12/2017 à 15:25

La retraite à 65 ans? Ce ne devrait plus être la norme, selon l’Institut C.D. Howe qui plaide en faveur d’une prolongation de la vie active. Le think tank ontarien a publié un nouveau rapport qui penche dans ce sens, le mois dernier. Cette fois, il aborde la question sous l’angle des taxes et des impôts.

Dans sa dernière étude, C.D. Howe veut démontrer l’impact qu’aurait le report de la retraite sur le fardeau fiscal des Canadiens. Ses conclusions: repousser l’âge de la retraite n’empêchera pas la pression de monter sur les finances publiques, donc sur les contribuables, mais cela pourrait l’atténuer significativement.

En maintenant l’âge de la retraite à 65 ans, il faudra augmenter l’ensemble des taxes et des impôts au pays de 25 % d’ici 2066 pour assurer les services à une population vieillissante, conclut le groupe. Les chercheurs ont évalué deux autres scénarios: celui où les gens cessent de travailler à 67 ans et un autre, à 69 ans. Dans les deux cas, le hausse du fardeau fiscal serait moindre.

L’étude repose sur plusieurs prémisses. D’abord, l’espérance de vie continuera d’augmenter. Elle s’est accrue de 10 ans au cours des 50 dernières années. Selon Statistique Canada, elle devrait gagner quatre années d’ici 2066. Les calculs de C.D. Howe s’appuient sur le taux de natalité actuel (stable depuis 2013) et sur un flux migratoire semblable à celui observé entre 2006 et 2016.

Le plus fort de la pression sur les finances publiques proviendra de l’augmentation des coûts des services, particulièrement ceux qui sont les plus sensibles aux tendances démographiques: la santé, l’éducation, les allocations pour les personnes âgées et pour les familles. Ensemble, les dépenses de ces programmes représentent actuellement au Canada un peu plus 15 % du PIB. En 2066, cela équivaudra 24,2%. L’essentiel de cette hausse provient des coûts des soins de santé, appelés à exploser au cours des prochaines décennies.

S’il avait fallu accumuler des provisions pour faire face à ces nouvelles obligations (sans augmenter les taxes et les impôts dans le futur), il faudrait amasser 4,5 billions de dollars (4 500 000 000 000), estiment les chercheurs de l’institut dans le scénario où les gens cessent de travailler à l’âge de 65 ans. Il s’agit évidemment d’une image, car en réalité, il faudrait accroître les revenus fiscaux de 25 %.

La prolongation de la vie active aurait pour effet de réduire les coûts liés aux pensions de vieillesse, sans toutefois avoir un effet significatif sur les dépenses de santé. Le principal impact du report de la retraite touche la productivité de l’économie et les revenus fiscaux générés par les travailleurs âgés.

Selon C.D. Howe, si l’âge normal de la retraite était repoussé à 67 ans, l’augmentation des taxes et des impôts nécessaires pour assurer les services à la population passerait nettement sous les 25 %. Pour reprendre l’illustration de la provision utilisée plus haut, cela représente une réserve de 3,9 billions de dollars.

L’étude explore un scénario où la population active s’étend aux personnes âgées de 69 ans. Dans ce cas de figure, la hausse du fardeau fiscal requis pour maintenir les services à la population serait plus près de 20 % (ou il aurait fallu accumuler une réserve de 3,3 billions de dollars).

Qu’importe le scénario, les changements démographiques en cours auront un impact considérable sur les finances publiques. Ce sera les provinces qui auront à assumer la plus grande partie de la pression supplémentaire puisque celle-ci proviendra essentiellement de l’explosion des coûts en santé, de juridiction provinciale. Ce sont donc elles, conclut C.D. Howe, qui ont le plus intérêt à mettre en place des mesures pour inciter les gens à retarder leur retraite.

Le think tank ontarien n’en est pas à sa première étude valorisant le report de la retraite. L’institut a notamment publié des rapports qui défendent l’idée de repousser l’accès à la pleine pension des régimes de retraite publique de 65 à 67 ans.

 

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