REER ou RVER : lequel choisir ?

Publié le 31/01/2015 à 08:11

REER ou RVER : lequel choisir ?

Publié le 31/01/2015 à 08:11

Un nouvel acronyme a récemment fait son apparition dans le paysage de la finance personnelle : le RVER, pour Régime volontaire d’épargne-retraite. Pour les gens concernés, faut-il préférer le RVER au REER ?

Le RVER, c’est la plus récente initiative lancée par le gouvernement du Québec afin de permettre à plus de deux millions de travailleurs québécois d’épargner pour assurer leur sécurité financière à la retraite. Si l’idée d’économiser davantage est louable, il vaut mieux cependant comprendre les subtilités de ce nouveau régime pour ne pas souffrir d’une diminution du revenu disponible après 65 ans !

À première vue, les quelques avantages offerts par le RVER sont attrayants. Des frais de gestion limités à 1,25 % pour l’option de placement par défaut et un plafond de 1,50 % pour les trois à cinq options supplémentaires proposées en sont un premier exemple. Le fait de pouvoir se constituer un pécule de retraite financé en partie par l’employeur – qui n’est cependant pas obligé de cotiser, – est aussi une bonne nouvelle pour les participants qui ne bénéficiaient au préalable d’aucun régime de retraite comparable. Finalement, puisque l’adhésion du travailleur à ce nouveau régime est automatique et qu’il doit faire l’effort de s’en retirer dans les 60 jours s’il ne veut pas y contribuer, le RVER offre au travailleur une belle occasion de faire le point sur sa planification financière en prévision de la retraite.

Alors, REER ou RVER ? Pour ces deux régimes, les cotisations sont déductibles d’impôt, et les retraits seront imposables. Les sommes accumulées le sont à l’abri de l’impôt tant qu’elles ne sont pas retirées. « Le RVER n’est qu’un prolongement du REER, et ce dernier ne convient pas à tout le monde », prévient d’emblée Daniel Laverdière, expert-conseil Banque Nationale Gestion privée 1859. Pour le planificateur financier, le dilemme posé n’est qu’une invitation à revisiter… le CELI !

Ne sciez pas la branche sur laquelle vous êtes assis !

À quoi bon recevoir des sommes supplémentaires d’un côté, si elles vous privent en fin de compte d’un montant auquel vous seriez autrement admissible ? « Lorsqu’un retraité retire une somme du REER ou du RVER, son revenu imposable augmente du même montant, le privant peut-être du Supplément de revenu garanti (SRG) offert par le gouvernement fédéral », explique Daniel Laverdière. Par exemple, un célibataire dont le revenu annuel, en excluant la Pension de la sécurité de la vieillesse (PSV), dépasse le cap des 17 088 dollars n’est plus admissible au SRG. Les employés à faibles revenus ont donc plutôt intérêt à maximiser leur épargne dans un CELI. « À l’inverse, les contribuables qui prévoient ne pas être admissibles au SRG et qui possèdent déjà un CELI bien garni peuvent envisager le RVER, surtout si l’employeur y contribue », résume-t-il.

Plus de flexibilité au REER

Les cotisations au RVER s’effectuent dans la limite de vos droits de contribution au REER. Ainsi, 1 000 dollars investis dans le RVER représentent 1 000 dollars de moins à investir dans le REER. Or, le REER est plus souple que le RVER, et ce, non seulement en raison de programmes tels que le Régime d’accession à la propriété (RAP) et le Régime d’encouragement à l’éducation permanente (REEP) qui lui sont associés, mais aussi parce qu’un retrait imposable du REER reste possible en tout temps au gré des besoins du détenteur, alors qu’une fraction des sommes déposées au RVER est assujettie à d’autres modalités.

« Pourquoi choisir un régime de retraite compliqué, qui impose plusieurs contraintes, alors que vous maîtrisez déjà les rouages de votre REER et de votre CELI ? », demande Daniel Laverdière, perplexe. Il faut savoir que l’employé inscrit au RVER possédera deux comptes distincts chez le fournisseur du régime : le premier, immobilisé, pour les cotisations de l’employeur, et le second, non immobilisé, pour ses cotisations personnelles.

La part de l’employeur demeure immobilisée jusqu’à 55 ans, sous réserve de certaines exceptions. Ainsi, un retrait annuel est permis en cas de perte d’emploi, et le dégel de certains montants est possible en cas d’invalidité. Ces sommes immobilisées devront plus tard être placées dans un Compte de retraite immobilisé (CRI), que l’investisseur devra gérer en plus de ses autres régimes.

Des options de placement limitées au RVER

Vu les frais de gestion minimes imposés aux participants au RVER, l’étendue des produits financiers disponibles risque d’être moins complète. L’investisseur doit s’attendre à choisir parmi une sélection de fonds indiciels. Certaines catégories d’actif seront vraisemblablement absentes des choix d’investissement proposés : les marchés émergents, par exemple, pourraient n’être que faiblement représentés. Il vaut mieux vous assurer de pouvoir investir selon vos convictions avant de cotiser à ce nouveau régime.

Miguel Yargeau, Éric Brassard et Robin Lévesque soulignaient récemment le véritable enjeu du lancement du RVER. « Les législateurs peuvent ajouter autant de plans d’épargne qu’ils le veulent, le problème principal des travailleurs n’est pas l’absence de solutions d’épargne, mais plutôt le besoin criant de conseils financiers pour les aider à voir clair dans leur situation financière et à faire des choix judicieux », affirmaient les auteurs en guise d’introduction de l’étude « Le RVER : un regard critique ».

 

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