Les régimes de retraite, un débat au long cours

Publié le 21/12/2013 à 00:00

Les régimes de retraite, un débat au long cours

Publié le 21/12/2013 à 00:00

«Au Québec, on prend notre retraite à environ 60 ans en moyenne. Occupons-nous d'abord de porter cet âge à 65 ans et après, on verra...» - Alban D'Amours, président du comité d'experts sur l'avenir du système de retraite. Photo : Gilles Delisle

Qui a dit que les régimes de retraite sont un sujet ennuyeux ? En 2013, on en a peut-être autant entendu parler que de Véro ! À l'origine de ces débats, Alban D'Amours, le président du comité d'experts sur l'avenir du système de retraite qui a produit le rapport qui porte son nom. Nous l'avons rencontré dans le hall d'un hôtel montréalais alors qu'il était en transit entre la Floride et Ottawa pour aller recevoir l'Ordre du Canada.

Les affaires. - Dans quel contexte le gouvernement a-t-il créé votre comité ?

Alban D'amours. - Depuis quelques années, les régimes à prestations déterminées [RPD, dont le montant de la rente de retraite est garanti] accumulent les déficits actuariels. Par conséquent, plusieurs employeurs les ont délaissés au profit des régimes à cotisations déterminées [dont le montant de la rente fluctue en fonction des rendements et d'autres facteurs]. Le gouvernement a donc jugé, à juste titre, que la sécurité financière des futurs retraités était menacée. Dans le passé, quand la population était plus jeune, on a beaucoup focalisé sur le rendement des caisses de retraite et on a oublié la notion de sécurité ; il faut y revenir.

L.A. - Le comité a commencé à travailler en février 2012 et a remis son rapport le 17 avril. Comment ça s'est passé ?

A.D. - Très rapidement, nous nous sommes rendu compte que nos recommandations seraient positives et que les RPD devaient non seulement être sauvés, mais profiter à un plus grand nombre de travailleurs. [Au Québec, 35 % des travailleurs bénéficient d'un RPD, dont les deux tiers dans le secteur public.]

L.A. - Quel était votre rôle en tant que président ?

A.D. - Dans le comité, il y avait des gens de différents horizons : un avocat, un fiscaliste, un économiste, un actuaire, etc., tous nommés par le gouvernement. Mon rôle était de tirer le maximum de chacun et de les orienter vers le même but. Pour cela, dès le départ, nous nous sommes donné des objectifs [assurer la survie des RPD et la pérennité du système de sécurité de la retraite], des principes à respecter, des valeurs, etc. La quarantaine de mémoires que nous avons lus ont été intégrés à cette vision commune. Et dès le départ, nous avons décidé que le rapport devait être unanime ; pas de dissidence ! Un rapport unanime a beaucoup plus de poids. Bien sûr, pour atteindre l'unanimité, il faut négocier. Je ne vous cacherai pas qu'il y a eu des discussions musclées, qu'il a fallu faire des compromis, mais c'est normal avec ce genre d'exercice.

L.A. - Comment s'est déroulée la publication du rapport en tant que telle ?

A.D. - Quelques semaines avant la publication, nous avions remis un avant-projet de rapport à la ministre Agnès Maltais. Puis, j'ai rencontré les chefs de tous les partis politiques pour obtenir l'assurance qu'ils ne feraient pas de notre rapport un enjeu partisan. Pour ce qui est de la publication du rapport, nous avions une stratégie pour le «faire vivre» pendant 48 heures, pour assurer sa visibilité dans les médias. En juin, nous l'avons présenté devant une commission parlementaire. À partir de là, il ne nous appartenait plus.

L.A. - La recommandation vedette de votre rapport, la rente de longévité, a reçu un accueil plutôt froid. C'est dur à prendre ?

A.D. - J'ai été un peu déçu, oui, car c'est la grande innovation du rapport. C'est en fait un RPD pour les quatre millions de travailleurs québécois. Et je sais qu'ils la veulent tous. Quand les dirigeants d'entreprise disent que cette rente va augmenter leur coût après impôt de 1 %, ils ne comprennent pas que, si on ne le fait pas maintenant, dans 30 ans, le gouvernement devra hausser nos taxes et nos impôts de beaucoup plus que de 1 % pour compenser. La rente de longévité est nettement plus efficace que le fait de bonifier le régime de rentes du Québec.

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