Les faillites continueront de nuire aux retraites en 2010

Publié le 23/12/2009 à 16:52

Les faillites continueront de nuire aux retraites en 2010

Publié le 23/12/2009 à 16:52

Par La Presse Canadienne

De nombreux travailleurs pourraient perdre leur fonds de retraite en 2010. Photo: Bloomberg

Le démantèlement de Nortel au plus fort d'une récession a signalé le début d'une année désastreuse sur le plan des restructurations d'entreprises, qui pourrait voir des milliers d'employés perdre leur emploi et leur fonds de retraite au cours de la prochaine année.

Plusieurs des entreprises canadiennes les plus en vue se sont effondrées sous le poids de leur dette en 2009, l'affaiblissement de l'économie ayant sapé les fondations de géants comme Canwest, AbitibiBowater et Air Canada.

Si l'issue a été différente pour chacun, il est devenu amplement évident qu'en plus des dettes contractées auprès des banques et d'autres prêteurs, les fonds de retraite des anciens employés ont aussi été frappés durement.

Dans tous les cas, les employés des entreprises malmenées par la récession s'inquiètent des emplois perdus et de la pérennité de leurs retraites, alors que 2010 est à nos portes et que l'avenir de leurs industries est enveloppé d'incertitude.

"Il va y avoir en 2010 un affrontement au sujet des lois qui encadrent les régimes de retraite privés, a dit David Coles, le président du Syndicat des communications, de l'énergie et du papier. Il y a aura tout un débat au Canada concernant ce qu'on devrait faire au sujet des retraites, point."

La querelle concerne la possibilité pour une entreprise de mettre fin à son régime de retraite quand elle fait faillite. Le problème a commencé à se concrétiser en 2009 quand la récession a nui à la santé financière de plusieurs compagnies.

Chez l'insolvable Nortel, par exemple, il manque 1,8 milliard $ dans la caisse de retraite des employés, ce qui signifie que les retraités ne recevront finalement qu'une fraction de l'argent qui leur avait été promis.

Des centaines d'employés de Nortel ont manifesté pour demander aux gouvernements de l'Ontario et du Canada d'adopter de nouvelles lois pour protéger les employés quand des entreprises disparaissent.

Air Canada a évité de devoir se placer à l'abri de ses créanciers pour une deuxième fois, entre autres quand le gouvernement fédéral a accepté un moratoire sur les 2,9 milliards $ qu'elle doit au fonds de retraite de ses employés.

Pour leur part, Canwest, AbitibiBowater et Fraser Papers sont toujours coincées dans des disputes avec les syndicats et d'anciens employés. Ces entreprises sont à l'abri de leurs créanciers, ce qui est moins grave qu'une faillite, puisque cela leur permet de restructurer leurs activités plutôt que de fermer leurs portes.

M. Coles déplore de constater que les tribunaux n'accordent que peu d'importance aux travailleurs comparativement aux banques et autres créanciers, ce qui représente un irritant d'importance pour les retraités.

"Certains entreprises et certains politiciens affirment que les compagnies ne peuvent se permettre de continuer à offrir des régimes de retraite aussi généreux - le problème c'est qu'à la base, cet argent-là ne leur appartient pas, a-t-il dit. Ce sont des salaires différés ou des contributions directes (des employés) - ils ont confié cet argent-là à l'employeur. Et là tout d'un coup, cette promesse-là ne tient plus mais celle envers les banques oui?"

Le problème des retraites pourrait prendre encore plus d'ampleur l'an prochain si d'autres entreprises commencent à prendre l'eau.

"Je crois que ça va empirer, a avancé l'avocat Kenneth Kraft, de la firme Heenan Blaikie. Les premier et deuxième trimestres de l'an prochain seront probablement les pires que nous avons vu jusqu'à maintenant."

Des détaillants pourraient se retrouver dans le pétrin si leurs ventes des Fêtes sont décevantes, tandis que le secteur du tourisme pourrait souffrir d'une baisse des dépenses des ménages, a expliqué M. Kraft.

Le resserrement des conditions du crédit ont aussi compliqué la tâche pour plusieurs entreprises, a-t-il ajouté.

"Il y a deux ou trois ans, des gens auraient été heureux de participer à leur refinancement. Dans la dernière année, personne n'était prêt à prêter l'argent nécessaire pour permettre aux compagnies de rester à flot."

En 2010, les retraités auront tout un combat à livrer pendant que leurs anciens employeurs traverseront le long processus de restructuration, qui peut s'étirer sur des mois ou même un an.

"Il y a tant de choses à faire", a expliqué Hap Stephen, le principal conseiller pour la restructuration de Canwest.

"Il ne s'agit pas que de deux parties en présence. On amène souvent cinq ou six groupes à la table, ce qui multiplie les complications. Une partie du problème est qu'on ne peut offrir qu'un montant limité à chacun, donc chacun doit faire des compromis."

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