Les baisses des marchés : des occasions ou des risques pour les retraités ?


Édition du 16 Juillet 2016

Les baisses des marchés : des occasions ou des risques pour les retraités ?


Édition du 16 Juillet 2016

[Photo : iStock]

Aussi longtemps que vous n'avez pas besoin de décaisser de votre portefeuille, un repli boursier peut s'avérer une occasion d'acquérir des titres auparavant trop chers, ou encore de réduire votre coût moyen sur des positions déjà détenues. Une fois arrivé à l'étape du décaissement, la donne change : l'occasion de l'un devient le risque de l'autre.

Selon Christine Benz de Morningstar1, l'obligation de décaisser d'un portefeuille qui perd de la valeur peut en réduire la durabilité, surtout si cela survient en début de retraite. En effet, l'actif retiré ne peut plus participer à la récupération lorsque le marché se redresse.

Aussi, le retraité doit composer avec un échéancier plus court, compte tenu des décaissements à planifier. Est-il raisonnable dans pareille situation de vouloir saisir les occasions qui se présentent ? Ce n'est pas toujours le cas, car certaines catégories de titres peuvent prendre des années avant de retrouver leur sommet.

Christine Benz cite en exemple l'indice des titres de technologie Nasdaq, qui a pris 15 ans pour revenir à son niveau du début de l'an 2000... Les retraités doivent, selon elle, éviter quatre pièges dans un marché où la volatilité à la baisse persiste.

Piège numéro 1 : rechercher des aubaines sans prêter attention au risque de baisse

Un titre qui a baissé n'est pas toujours une aubaine : peut-être était-il simplement surévalué. Aussi, avant d'ajouter à des positions existantes, assurez-vous qu'elles sont pas déjà trop représentées dans votre portefeuille. Plutôt que de miser sur les actions de quelques sociétés ou fonds sectoriels, Mme Benz propose de considérer un fonds ou un FNB axé sur la valeur qui vous apportera une diversification à des secteurs mal-aimés.

Piège numéro 2 : augmenter le risque lié au crédit

Le recul des marchés en début d'année n'a pas touché seulement la valeur des actions : certains titres obligataires ont aussi écopé. Parmi eux, les obligations de pacotille et celles des marchés émergents dont les rendements courants sont alors devenus plus attrayants. Comme risque et rendement sont indissociables, vous ne devrez pas compter sur ces segments d'obligations pour vous protéger durant un marché baissier. C'est pourquoi elles ne peuvent pas se substituer aux obligations de qualité, et leur pondération devra être diminuée par rapport à celle de vos actions.

Piège numéro 3 : aller trop loin dans l'élimination du risque

Les retraités qui souhaitent réduire la volatilité de leurs placements, et par conséquent leur exposition aux actions, sont confrontés à des taux d'intérêt anémiques sur les obligations de qualité. À leur niveau actuel, les revenus de ces obligations pourraient à peine suffire à battre l'inflation. C'est pourquoi les investisseurs qui ont besoin d'une certaine croissance dans leur portefeuille doivent s'assurer de ne pas aller trop loin dans le contrôle de la volatilité : les actions constituent un des seuls moyens de l'obtenir.

Piège numéro 4 : ne pas rectifier votre taux de retrait

Lorsque les marchés sont en hausse, plusieurs retraités surveillent moins leurs dépenses et décaissent davantage. Quand les marchés baissent, le pourcentage de ces retraits devient trop élevé et peut réduire la durabilité du portefeuille. En général, les stratégies de décaissement sont établies, soit selon un montant fixe annuel indexé à l'inflation, soit selon un pourcentage du portefeuille. Mme Benz recommande plutôt un système de décaissement plus souple qui prévoit à la fois un plafond et un plancher pour les retraits à pourcentage fixe. Il est alors possible de bénéficier davantage des hausses de marché et de rectifier à la baisse lors de replis.

Lorsque les marchés boursiers entrent dans une phase baissière, il est primordial de revoir votre stratégie d'investissement et d'adapter votre plan de décaissement. En évitant ces quatre pièges, vous serez déjà mieux positionné pour la prochaine reprise.

Hélène Gagné, F.Adm.A., est gestionnaire de portefeuille chez Gestion privée PEAK (une division de Valeurs mobilières PEAK) Pl. Fin. et conseillère en sécurité financière chez Gagné, Morin & Associés M.T.L. Elle est l'auteure du livre Votre retraite crie au secours.

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