Le report de la retraite expliqué en quatre points

Publié le 06/02/2010 à 00:00

Le report de la retraite expliqué en quatre points

Publié le 06/02/2010 à 00:00

Par Suzanne Dansereau

Depuis la crise financière, un nombre croissant de Québécois envisagent de remettre à plus tard leur retraite, ou s'ils sont déjà retraités, de réintégrer le marché du travail. Dans un cas comme dans l'autre, une telle décision a des conséquences importantes sur le plan financier.

Nous avons posé à des experts quatre questions essentielles à une prise de décision éclairée.

1 Est-on pénalisé si on retourne travailler après avoir pris sa retraite ?

Chaque cas est unique. " Une foule de considérations entrent en jeu, les plus importantes sont le revenu et la situation familiale ", dit Diane Rioux, planificatrice financière au Groupe financier RBC.

En vertu du Régime des rentes du Québec (RRQ), il est moins pénalisant de prendre sa retraite avant 65 ans qu'il n'est payant de le faire après, constatent les actuaires.

Cependant, travailler plus longtemps peut entraîner une bonification de la rente de la RRQ, si vous n'avez pas déjà atteint le maximum prévu par la loi, indique Benoit Gaumont, fiscaliste et planificateur financier, président de Gaumont Groupe conseil.

Par contre, si vous retournez travailler après votre retraite, vous risquez de perdre le supplément de revenu garanti du gouvernement fédéral accordé aux personnes à faibles revenus, certains crédits d'impôts, et vous pourriez changer de fourchette d'imposition. Conséquence : vous paierez plus d'impôt.

Cette hausse pourrait-elle annuler vos revenus ? Ou rendre vos gains minimes, en regard du travail fourni ? " C'est possible, répond Benoît Gaumont. C'est pourquoi il faut vraiment faire ses calculs. Ce n'est pas une décision qui se prend à la légère. "

2 Quelles sont les stratégies à envisager pour payer moins d'impôt ?

Si vous retournez travailler pour votre ancien employeur, il importe de discuter avec le service des ressources humaines, afin de trouver la formule qui vous convient, que ce soit la retraite progressive, le travail à temps partiel ou le statut de contractuel, indique Diane Rioux.

Mais faites attention : ne pensez pas que vous pourrez éviter des cotisations (à l'assurance emploi, au RRQ, etc.) au moyen d'un statut de travailleur autonome si vous n'en êtes pas un, prévient M. Gaumont. Le fisc vous rattrapera.

Par ailleurs, vous pouvez dans certains cas fractionner des revenus de pensions avec votre conjoint, jusqu'à hauteur de 50 %. La loi permet également d'utiliser l'âge du conjoint, s'il est plus jeune, pour convertir le Régime enregistré d'épargne-retraite (REER) en un Fonds enregistré d'épargne-retraite (FEER), étape obligatoire à partir de 71 ans.

3 Comment est la réglementation actuelle et vers quoi les gouvernements se dirigent-ils ?

Les mesures fiscales actuelles ont été conçues à une autre époque, pour pousser les gens vers la retraite, croit Mathieu Laberge, économiste et auteur du rapport La longévité, une richesse, cosigné par Claude Castonguay.

M. Laberge cite en exemple les crédits d'impôts, plus élevés à la retraite qu'à l'emploi; l'encaissement du REER obligatoire à 71 ans, et celui de la RRQ, à 70 ans; de même que l'ensemble des gratuités à 65 ans...

" Le gouvernement encourage la perception qu'à un certain âge, le travail, c'est fini ", dit-il. Les conventions collectives ont le même effet : le Québec est la province canadienne qui compte le plus de personnes de 55 ans ou qui ont 30 ans de service à avoir pris leur retraite.

Le gouvernement a commencé à renverser la vapeur. M. Laberge estime toutefois que la nouvelle réglementation est timide et trop rigide.

Ainsi, la loi 68 sur la retraite progressive permet à un employé de varier sa rente en fonction du nombre de journées travaillées. Par contre, cette innovation ne s'applique pas si l'employé change d'employeur, alors que nous sommes à l'ère de la mobilité de la main-d'oeuvre. De plus, il faut avoir au moins 60 ans pour avoir droit à la retraite progressive, ou être admissible à une pleine retraite. Dans un mémoire récent, l'Institut de actuaires du Canada a mentionné que les employeurs trouvaient cette réforme compliquée à appliquer. Autre problème : les programmes actuels de formation de main-d'oeuvre ou de réinsertion au travail ne répondent pas aux besoins des 45 ans et plus. Ceci dit, Mathieu Laberge croit que Québec poursuit son travail.

Le gouvernement souhaite notamment réduire certains avantages du régime de retraite des employés de l'État dans le cadre des négociations pour le renouvellement des conventions collectives.

4 Quels genres de cas les planificateurs financiers rencontrent-ils de nos jours ?

Des gens inquiets, mais pas nécessairement prêts à retourner travailler pour améliorer leur sort. " Cela viendra peut-être dans cinq ans ", dit Mme Rioux. Des gens " qui ne comprennent pas encore qu'ils se dirigent vers un mur ", ajoute Benoit Gaumont.

De son côté, Mathieu Laberge, l'auteur du rapport La longévité, une richesse, a reçu plusieurs appels de gens " qui veulent retourner sur le marché du travail mais ne savent pas où aller pour avoir du soutien ".

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