Comment décaisser lorsque notre espérance de vie est courte

Publié le 21/02/2018 à 06:00

Comment décaisser lorsque notre espérance de vie est courte

Publié le 21/02/2018 à 06:00

[Photo : Getty Images]

La situation de Bernard, veuf et préretraité, ne manque pas d'intérêt. Elle nous permet d'explorer plusieurs scénarios de décaissement. Côté santé, les perspectives de l'homme de 57 ans ne sont pas reluisantes ; des problèmes récents l'ont convaincu qu'il ne profitera pas d'une longue espérance vie. C'est pourquoi il compte cesser totalement de travailler à 60 ans.

Depuis la mort de sa femme, il a eu la chance de refaire sa vie avec une nouvelle conjointe, Chantal, avec laquelle il possède une maison (les trois quarts lui appartiennent, le reste est à elle). Âgée elle aussi de 57 ans, elle travaille toujours et gagne un salaire de 35 000 $ par année. Elle compte se retirer au même moment que Bernard, à 60 ans.

Ce dernier se pose essentiellement une question, toute simple. Quel rythme de vie pourra-t-il se permettre avec les actifs qu'il détient avec Chantal ? Étant donné que le report de la retraite n'est pas une option et que la possibilité de grossir l'épargne est inexistante, c'est la seule manière d'envisager son cas. Ce budget sera déterminé par la manière dont il disposera de ses actifs et décaissera ses revenus.

En plus de sa part dans la maison, Chantal a 160 000 $ dans un REER. Quant à Bernard, il a accumulé d'intéressants actifs avec les années. Il vient de conclure la vente d'un triplex qui, une fois le solde hypothécaire remboursé et l'impôt sur les gains en capital payé, lui laissera 138 000 $. Il détient un autre immeuble à logements qui lui rapporte des revenus de 1 250 $ par mois, et dont le remboursement hypothécaire lui coûte 890 $ mensuellement. Il possède également une copropriété en Amérique centrale évaluée à 135 000 $, mais on n'en tiendra pas compte. Les revenus et les dépenses de cette propriété s'équivalent. Il faudrait aussi creuser la question fiscale dans le pays concerné pour en évaluer le poids exact dans la valeur nette du couple. Ce sera un extra.

Le REER de Bernard contient 315 000 $, son CELI, 48 000 $, et son compte d'épargne, 20 000 $. Outre les hypothèques, il ne traîne aucune dette.

Nous avons confié le cas de Bernard et de Chantal à Daniel Lanteigne, de Reverber Stratégies financières intégrées, Cabinet en planification financière.

Plusieurs options se présentent ici, remarque le planificateur financier. Vendre ou non l'immeuble restant ? S'il le conserve, serait-il plus avantageux de profiter de la déduction pour amortissement sur le bâtiment ? Enfin, à quel âge commencer à encaisser la rente du RRQ ?

Daniel Lanteigne calcule d'abord les avoirs du couple. Résultat : 1,2 million de dollars. Puis, il s'attaque à la question du RRQ. Il faut rappeler que plus on commence tôt à toucher la rente (le plus tôt est 60 ans), moins la rente est élevée. Plus on retarde au-delà de 65 ans (jusqu'à 70 ans maximum), plus elle est généreuse. Si Bernard commence à 60 ans, sa rente s'élèverait à 599 $ par mois ; à 65 ans, à 820 $ ; à 70 ans, enfin, à 1 164 $ (en dollars d'aujourd'hui).

Actuellement, Bernard touche déjà la rente au conjoint survivant qui s'élève à 610 $. « S'il commençait à recevoir la sienne à 60 ans, il ne toucherait pas la somme des deux, mais 1 077 $ de 60 à 65 ans, et à cet âge, la rente au conjoint se termine », explique Daniel Lanteigne.

Il est toujours plus avantageux de repousser la rente le plus tard possible, note le planificateur financier, mais compte tenu de l'état de santé de Bernard, il est préférable de commencer à 60 ans, conclut-il. « Un tien vaut mieux que deux tu l'auras. »

Quant à savoir s'il faut vendre ou non l'immeuble, ses calculs l'amènent à favoriser la conservation. S'il le vendait, il lui faudrait payer de l'impôt et rembourser l'hypothèque. Ce qu'il en resterait, ajouté à ses autres avoirs, lui permettrait de compter sur un revenu familial net, avec sa conjointe, de 55 000 $. Tous les actifs seraient épuisés quand les conjoints, pour peu que Bernard s'y rende, à 95 ans. S'il conserve l'immeuble, alors le couple pourra dépenser 60 000 $ par année. « Ce n'est pas un écart si grand, dit le conseiller, mais ça peut faire une différence importante dans la qualité de vie. »

Bernard et sa conjointe commenceront à décaisser l'épargne non enregistrée, puis le CELI, puis les REER.

Quant à savoir si Bernard devrait demander la déduction pour amortissement sur l'immeuble, Daniel Lanteigne ne le juge pas nécessaire. Mais de quoi s'agit-il ? Il s'agit d'une forme de report d'impôt sur le revenu de l'immeuble. Un propriétaire d'immeuble à revenus peut déduire chaque année 4 % de la valeur de son bien immobilier, moins la valeur déjà amortie. Toutefois, l'impôt ainsi épargné chaque année frappera plus tard puisque ce qui a été amorti au cours des années sera ajouté au gain en capital à la revente.

daniel.germain@tc.tc

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