Assureurs à la rescousse de votre retraite


Édition de Avril 2015

Assureurs à la rescousse de votre retraite


Édition de Avril 2015

Les assureurs rivalisent d'audace pour offrir des solutions financières complémentaires aux produits de l'industrie bancaire.

Lorsque vient le moment d'envisager la planification financière de votre retraite, les banques ne sont pas la seule option à considérer. Or, une étude publiée en 2012 par la firme Accenture souligne que 86 % des épargnants n'ont qu'une connaissance limitée des produits de retraite offerts par les assureurs-vie.

Pourtant, l'industrie de l'assurance est l'une des plus réglementées du pays, et l'actif qu'elle détient au Canada dépasse les 647 milliards de dollars. Les assureurs recueillent les primes de leurs assurés, en échange de la promesse de verser la prestation financière prévue au contrat lorsque survient le problème redouté. Leur expertise repose essentiellement sur cette capacité à quantifier certains risques, dont ceux liés à la longévité, à la volatilité des marchés et aux caractéristiques parfois complexes des gammes de produits proposés. Cette compétence leur permet d'offrir des solutions financières qui se distinguent de l'offre de service d'une banque traditionnelle ! Tour d'horizon pour vous permettre d'y voir plus clair.

La rente viagère

Caroline Laflamme, directrice des ventes, produits de gestion de patrimoine à la Financière Sun Life, raconte ce qu'a vécu sa belle-mère de 86 ans pour illustrer l'importance de la rente viagère dans la planification de la retraite. La dame avait besoin d'un nouvel appareil auditif dont le coût approchait des 6 000 dollars. Elle qui ne croyait pas devoir planifier sa retraite jusqu'à un âge si avancé semblait inquiète de payer son appareil auditif... plus cher que sa première maison !

«Une rente viagère lui aurait apporté la paix de l'esprit», explique l'experte. Il suffit de débourser un montant de capital pour souscrire un contrat de rente prescrit qui vous procurera des prestations fixes et régulières votre vie durant. «La rente offre une garantie contre la volatilité des marchés et la protection contre le risque de survivre à vos épargnes», dit-elle. L'inconvénient majeur ? Vous devez laisser aller une partie de votre épargne-retraite immédiatement. «La rente, c'est en quelque sorte une assurance vie inversée», dit-elle.

Le point mort d'un contrat de rente signé à 65 ans survient environ 15 ans plus tard, soit vers l'âge de 80 ans. Vous enregistrez ensuite du rendement au-delà du capital investi. «Le rentier qui décède à l'âge de 95 ans a ainsi pu compter sur un taux de rendement interne garanti de 5,50 % chaque année», renchérit Caroline Laflamme, qui suggère de consacrer entre 25 % et 35 % de son portefeuille à la souscription de cette solution financière. À l'inverse, si vous décédez avant d'atteindre ce point (mort), vous perdez au change, à moins d'avoir opté pour une rente assortie d'une période garantie.

L'assurance vie entière avec participation aux bénéfices

Ce type de contrat a été boudé pendant une trentaine d'années à la suite du lancement de l'assurance vie universelle. «Il pourrait pourtant vous permettre d'accumuler une belle somme en prévision de la retraite», dit Daniel Guillemette, conseiller en sécurité financière et président du cabinet de services financiers Diversico.

Avec ce type de contrat, les assurés obtiennent des dividendes en provenance d'un «compte de participation». Les réserves financières de celui-ci augmentent pour deux raisons principales : l'espérance de vie qui ne cesse d'augmenter et les gains réalisés lorsque les détenteurs annulent le contrat de leur vivant. Ces dividendes sont versés aux assurés pour tenir compte de la différence financière comptabilisée annuellement entre les résultats réels de l'assureur et ceux estimés au moment de la tarification. Ces ristournes sur la rentabilité, en quelque sorte, gonflent la valeur de rachat disponible au contrat.

«Le retraité peut accéder à ces sommes en obtenant une marge de crédit sur la base des valeurs de rachat accumulées. Dans une stratégie de décaissement, c'est bien souvent le dernier pot dans lequel il faut piger», résume Daniel Guillemette. Impossible de fonder l'ensemble de votre planification financière sur cette seule stratégie, puisqu'elle comporte plusieurs risques, dont l'impossibilité de prévoir avec certitude l'évolution de l'actif.

L'assurance vie universelle

L'assurance vie universelle combine à la fois une portion assurance et un volet placement. Vous avez donc le loisir de payer des primes plus importantes que le coût d'assurance. Le surplus déboursé s'accumule à l'abri de l'impôt tant que vous ne retirez pas les sommes en question. Cette assurance s'adresse davantage à des clients fortunés et libres de tout endettement, qui maximisent régulièrement leurs cotisations au REER, au CELI et au REEE, et qui désirent léguer un patrimoine substantiel à leurs héritiers. Elle s'avère plus efficace dans une planification successorale que pour une utilisation de votre vivant. Ce n'est pas un outil de placement en soi : vous devez avoir un besoin réel d'assurance vie à combler !

Les fonds distincts

La solution de rechange aux fonds communs de placement ! Les fonds distincts offrent la garantie de récupérer, au décès ou dans un certain nombre d'années, un pourcentage déterminé de votre mise initiale - quels que soient les aléas du marché - en échange d'une prime d'assurance calculée par des actuaires. L'importance de celle-ci varie notamment en fonction de l'étendue de la garantie choisie. Prévoyez débourser un ratio des frais de gestion (RFG) supérieur de quelques dizaines de points de base à celui exigé pour le fonds commun équivalent.

Daniel Guillemette souligne que les fonds distincts procurent une meilleure protection de votre actif contre les créanciers, puisque les bénéficiaires sont désignés dans un contrat encadré par la Loi sur les assurances. «Cette loi est définitivement conçue pour protéger la veuve et l'orphelin», dit-il. Votre entreprise est à risque ? Votre endettement est imposant ? «Êtes-vous alors prêt à sacrifier un meilleur rendement net de frais à long terme en échange de cette protection ?» demande-t-il.

Son de cloche similaire de la part de Denis Poitras, conseiller en sécurité financière et représentant en épargne collective. «Si votre situation financière est saine et que de longues années vous séparent de la retraite, optez plutôt pour les fonds communs», affirme-t-il.

La rente-assurance

La rente-assurance prévoit la souscription d'une rente viagère et d'une assurance vie permanente qui comporte un capital-décès égal au montant de la somme affectée à la souscription de la rente. Cette combinaison permet souvent à l'épargnant d'obtenir un revenu viager plus élevé que celui qui est généré par des placements à taux fixe et de préserver la valeur successorale initiale pour les héritiers. Une pierre, deux coups ! Le bémol ? Dans un contexte de bas taux d'intérêt, cette combinaison ne fonctionne que si la prestation de la rente est plus élevée que le coût d'assurance. «C'est une stratégie qui ne s'applique pas à tous les épargnants ; il vaut mieux se référer à votre spécialiste en planification successorale», avertit Caroline Laflamme.

Petit taux, gros casse-tête

Pour offrir une tarification adéquate à leurs clients, les assureurs jonglent avec de multiples hypothèses, dont le taux de rendement futur attendu des capitaux investis sur les marchés. Or, les faibles taux d'intérêt actuels compliquent l'évaluation à long terme des produits d'assurance vie et de rentes vendus aux épargnants. Vu que les sociétés d'assurance doivent se constituer des réserves suffisantes pour honorer les prestations éventuelles à verser aux titulaires de contrats, des conséquences sont donc inévitables pour les assurés. Dans les dernières années, certaines sociétés d'assurance ont d'ailleurs délaissé des activités, effectué des hausses de taux de primes et limité l'ampleur de certaines garanties disponibles.

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