44 ans 0 économie: Est-ce grave, docteur?

Offert par Les affaires plus


Édition de Février 2015

44 ans 0 économie: Est-ce grave, docteur?

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Édition de Février 2015

Commencer à investir dans son REER à la mi-quarantaine ? Il n'y a pas de quoi paniquer. Pas encore...

Chaque hiver, la même rengaine. Quand arrive la période des REER, vous vous promettez de vous y mettre enfin. Une résolution rapidement oubliée. Mais cette année sera la bonne. De toute façon, vous n'avez plus vraiment le choix...

Depuis dix ans, vous avez été préoccupé par l'arrivée de vos enfants. Puis, il y a eu cette maison achetée alors que l'immobilier était à son sommet. Sans compter votre carrière et cette maîtrise en gestion des affaires (MBA) qui vous a permis de devenir directeur... et la nouvelle automobile pour faire honneur à ce poste. À 44 ans, votre Régime enregistré d'épargne-retraite (REER) est pratiquement à sec. Il faut faire quelque chose. Est-il trop tard pour vous assurer une retraite confortable ? Faut-il paniquer ?

«Paniquer, peut-être pas. Mais sentir un certain inconfort, oui. Il est grand temps de passer à l'action», souligne Carl Yergeau, analyste en planification financière et fiscale chez Industrielle Alliance, Assurance et services financiers. Après toutes ces années, vous avez en effet perdu l'un de vos principaux alliés : le temps. Le temps d'accumuler progressivement des fonds, mais surtout de les faire fructifier.

La situation n'est peut-être pas dramatique si l'on adhère à un régime de retraite complémentaire d'employeur, mais peut s'avérer beaucoup plus difficile si on ne compte que sur nos propres économies et sur les régimes publics.

Bonne nouvelle : en vieillissant, on parvient généralement à dégager plus d'argent en vue de la retraite. D'abord, la plupart des travailleurs dans la quarantaine gagnent un salaire plus élevé qu'en début de carrière. «Puis arrive un moment où la maison est payée. Certains décident d'y rester, d'autres de la vendre pour acheter quelque chose de plus petit. Des dépenses liées à la vie de professionnel diminuent», ajoute Maryse Filion, directrice régionale chez Gestion de Patrimoine TD Planification financière.

N'empêche, ce sont les Canadiens de 45 à 54 ans qui sont les moins confiants quant à l'atteinte de leurs objectifs financiers pour 2015, selon un sondage Nielsen-CIBC. Seulement 58 % des répondants de cette tranche d'âge pensent pouvoir y parvenir, par rapport à 65 % pour l'ensemble. Bon nombre constatent que la retraite approche à grands pas, sans qu'ils aient pour autant de plan pour s'offrir une retraite de rêve.

D'ailleurs, parlons-en de ce rêve. Son envergure aura une incidence sur les mesures à prendre. Espère-t-on partir à la découverte de coins reculés de la planète ? Ou plutôt profiter d'un mode de vie plus rangé, près des enfants ? Modeste ou grandiose, il est réalisable si on prévoit les choses correctement, affirme Dany Provost, auteur du livre Arrêtez de planifier votre retraite, planifiez votre plaisir, et chroniqueur à Les Affaires Plus. Il ajoute que des raisons parfaitement valables, telles que l'hypothèque, peuvent expliquer l'absence de REER à 44 ans.

L'avantage d'un planificateur

Premier arrêt : le bureau du planificateur financier, qui fera le point sur votre situation. En examinant chacune des entrées et sorties de fonds et ses investissements, il est plus facile de comprendre de quelle manière intervenir pour combler le retard.

Il est généralement plus simple de réduire les dépenses discrétionnaires - voyages, divertissement, etc. - que celles dites fixes, comme le logement ou la voiture. Même des dépenses mineures, comme le câble, Internet ou le téléphone peuvent, lorsqu'elles sont cumulées, avoir un impact non négligeable. Même chose pour le mode de transport. Jetez aussi un coup d'oeil aux modalités de l'hypothèque. Vu la faiblesse des taux actuels, il pourrait être intéressant de refinancer celle-ci pour une période plus longue, ce qui permettrait de mettre davantage de côté dans un REER.

Dany Provost met toutefois en garde contre l'idée de procéder à des changements drastiques. «Il ne faut pas se saigner à blanc afin de prendre à tout prix sa retraite à 65 ans, dit-il. À quoi ça sert de s'accrocher mordicus à son objectif sans fléchir si c'est pour se rendre malheureux ?» Le budget «plaisirs» devrait être ramené à un niveau qui permet d'épargner, mais pas au point de nuire à son bien-être. En somme, un point d'équilibre peut être maintenu avant et après la retraite.

Le prêt REER peut rapporter gros

Autre bonne nouvelle, pendant toutes ces années, les cotisations REER inutilisées se sont accumulées. Du point de vue fiscal, il pourrait donc être très avantageux d'envisager le prêt pour faire du rattrapage dans le REER, estime Maryse Filion. Cette stratégie vise à investir une somme considérable d'un coup dans son REER. Elle nécessite néanmoins une importante discipline afin de rembourser le prêt rapidement. La planificatrice financière juge qu'il est tout de même préférable d'emprunter d'un coup plutôt que petit à petit. «Il y a deux avantages au prêt rattrapage : premièrement, si je contribue 50 000 dollars à mon REER dès aujourd'hui, il commence à fructifier dès maintenant. Cela permet de tirer profit le plus possible du temps qu'il reste avant la retraite, dit-elle. Deuxièmement, cette contribution donnera lieu à un remboursement d'impôt substantiel.»

À un taux d'emprunt de 5,5 %, les mensualités d'un prêt de rattrapage de 50 000 dollars sur dix ans s'élèveront à 543 dollars. En remboursant sur-le-champ la moitié du prêt grâce au remboursement d'impôt (ce peut être moins, selon votre taux d'imposition), et en maintenant le versement mensuel de 543 dollars, on parviendra à s'en débarrasser en quatre ans et quatre mois. Avant même le cap de la cinquantaine.

Toutefois, le prêt REER n'est pas pour tout le monde. Le candidat idéal accuse un retard dans son épargne-retraite, mais sa santé financière est bonne. Sa situation familiale et ses autres objectifs d'épargne doivent aussi entrer en ligne de compte. En outre, le prêt rattrapage compte au moins un désavantage : tout le portefeuille est investi simultanément, et son rendement pourrait être décevant si le marché se trouve à son meilleur au moment de l'achat.

Prendre plus de risque ?

Il pourrait aussi être tentant de se lancer dans des investissements à risque élevé dans l'espoir d'obtenir un gain rapide. Or, règle générale, plus on vieillit, plus il est préférable de s'orienter vers une stratégie de préservation du capital, car en cas de rendement négatif, le temps nécessaire pour récupérer les pertes pourrait manquer.

La tolérance au risque est une chose, mais il faut aussi tenir compte de la durée de l'investissement. Une évaluation inexacte de ces variables peut mener à des décisions coûteuses en cas de dégringolade des marchés. En retirant ou en achetant au mauvais moment, le taux de rendement espéré risque en effet de fondre. Maintes études montrent que les investisseurs obtiennent des taux de rendement nettement inférieurs à ceux des fonds communs qu'ils détiennent, en raison des transactions. Cet écart s'élève à pas moins de 2,5 % chez nos voisins du sud depuis dix ans, le rendement de l'investisseur étant réduit à 4,8 % en moyenne.

Les fonds de travailleurs

Qu'en est-il des fonds de travailleurs ? Le Fonds de solidarité FTQ et Fondaction CSN demeurent une solution intéressante, même si Ottawa a sérieusement réduit les avantages que comporte l'investissement dans ces programmes. En achetant de leurs actions, on obtient des crédits d'impôt additionnels de 30 % (15 % de chaque gouvernement) du montant investi. La cotisation admissible aux crédits d'impôt relatifs à un fonds de travailleurs est de 5 000 dollars par an.

Cependant, tout cela changera à partir du 2 mars. Dès l'année financière 2015, le crédit fédéral sera abaissé à 10 %, puis à 5 %, avant de disparaître en 2017. Québec a de plus limité les émissions de nouvelles actions pour les deux fonds québécois.

Repousser la retraite, un choix payant ?

Vous avez 44 ans. Vous atteindrez donc l'âge légal de la retraite dans une vingtaine d'années. Toutefois, en travaillant quelques années de plus, vous pourriez étendre la période de contribution au REER et celle du rendement, et profiter de nombreux incitatifs gouvernementaux créés pour maintenir les boomers sur le marché du travail.

Alors que les trois quarts des Québécois cognent à la porte de la Régie des rentes du Québec entre 60 et 64 ans, et que seulement 2 % le font après 66 ans, la rente se voit bonifiée, depuis 2013, de 8,4 % par année de travail après l'âge de 65 ans. En attendant jusqu'à 70 ans, un employé verra donc sa rente majorée de 42 %. Cette «prime à la non-retraite» pourrait ainsi vous rapporter 425 dollars de plus par mois si vous touchez la rente maximale. (À l'inverse, si vous prenez votre retraite à 60 ans, votre rente diminuera de 4 500 dollars par an.)

Travailler après 65 ans donne aussi droit à un crédit d'impôt provincial pouvant atteindre 451 dollars en 2015.

Ottawa vous permet également de reporter la Pension de la sécurité de la vieillesse jusqu'à cinq ans après la date d'admissibilité, ce qui donne droit à une pension plus élevée pour chaque mois où vous retardez le versement de votre pension, jusqu'à un maximum de 36 % à l'âge de 70 ans.

Une fois le premier électrochoc donné, il ne faut surtout pas perdre de vue son objectif. Car comme avec toute résolution de début d'année, il peut être facile de faire une rechute. «La clé, c'est de consulter un planificateur et de faire l'examen des dépenses qui s'impose. Il faut le refaire périodiquement pour s'assurer qu'on respecte ses objectifs. Sur le plan des placements, il ne faut pas être tenté par l'appât du gain rapide, mais plutôt par une saine gestion financière», conclut Carl Yergeau.

Quoi qu'il en soit, pas question de se rendre malade avec la planification de sa retraite, réitère Dany Provost. «Si la discipline est importante, il ne faut pas non plus regarder constamment ses investissements et se dire "je suis en avance, je suis en retard" et angoisser.» Tous les quatre ans, il serait sage d'effectuer un examen et de recalibrer, au besoin, ses efforts d'épargne. Fort heureusement, à 44 ans, vous disposez encore de temps pour vous adapter afin de financer votre retraite rêvée.

Le temps, c'est de l'argent !

Objectif : avoir 350 000 dollars dans son REER d'ici l'âge de 65 ans

Si on commence à... / Contribution mensuelle / Contribution annuelle

30 ans / 315 $ / 3 780 $

35 ans / 428 $ / 5 136 $

40 ans / 595 $ / 7 140 $

45 ans / 860 $ / 10 320 $

50 ans / 1 317 $ / 15 804 $

55 ans / 2 259 $ / 27 108 $

Taux de rendement hypothétique de 5 %

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