Les corrections sont instructives


Édition du 09 Février 2019

Les corrections sont instructives


Édition du 09 Février 2019

EXPERT INVITÉ. Au tennis, c'est dans la défaite qu'on apprend le plus. On en apprend sur soi-même: comment ai-je réagi dans l'adversité, comment ai-je négocié les points importants, y a-t-il des aspects de mon jeu à améliorer ?

Il est certainement plus agréable de gagner un match, mais il est rare qu'une victoire nous apprenne grand-chose sur nous-mêmes. Celui qui ne perd jamais n'apprend pas beaucoup et risque de plafonner dans son développement.

C'est pareil en Bourse. Ce sont les périodes difficiles, les marchés baissiers comme celui que nous avons traversé à la fin de 2018 qui nous en apprennent le plus sur nous-mêmes en tant qu'investisseurs. Comment avez-vous réagi lors des semaines de forte baisse de décembre ? Avez-vous bien dormi ? La chute des marchés a-t-elle gâché votre temps des fêtes ?

Il importe de dresser un bilan de son jeu après une défaite cuisante afin d'améliorer ses chances de gagner les prochains matchs. Si vous êtes de ceux qui ont paniqué et vendu au cours des derniers mois, l'occasion est bien choisie de faire le point et d'apporter certains changements dans votre manière d'investir.

Voici quelques pistes de réflexion en ce sens :

Êtes-vous réellement engagé en Bourse à long terme ?

On ne devrait investir que les sommes d'argent dont on n'a pas besoin à relativement court terme. Si vous avez investi en Bourse des sommes dont vous pourriez avoir besoin l'an prochain pour acheter un condo ou pour payer votre retraite, vous devriez remettre ces investissements en question. On doit, à mon avis, avoir un horizon de placement d'au moins 5 ans, voire de 10 ans, lorsqu'on investit en Bourse. Si ce n'est pas le cas, investissez dans des placements moins risqués (même si potentiellement moins payants) tels que les obligations à court terme et le marché monétaire.

La Bourse est payante... à long terme. Vous êtes attiré par ses rendements annuels composés historiques de près de 10 %, mais vous savez aussi que de tels rendements viennent avec une volatilité élevée et que les corrections et les marchés baissiers sont monnaie courante. Seuls les investisseurs qui sauront traverser ces crises et rester présents en tout temps pourront aspirer aux rendements historiques de la Bourse.

Votre portefeuille est-il adéquatement diversifié ? Est-il trop risqué ?

Si vous aviez une proportion élevée de votre portefeuille dans des titres de grandes sociétés technologiques, celui-ci a fort probablement essuyé une baisse encore plus marquée que le marché dans son ensemble. Trop d'investisseurs suivent les modes et investissent là où les rendements récents ont été les plus élevés. On ne peut pas réussir en Bourse en regardant dans le rétroviseur. Si je reviens à mon analogie du tennis, je considère qu'un bon joueur se doit d'équilibrer les qualités défensives et offensives de son jeu. Privilégier les unes aux dépens des autres mène souvent à l'insuccès.

Il y a en Bourse des titres défensifs et des titres plus risqués. Règle générale, les titres dits «défensifs» ne subiront pas les corrections aussi sévèrement que les titres «offensifs». En revanche, le contraire est aussi vrai : les titres défensifs ne participent généralement pas aux hausses des marchés aussi fortement que les autres. C'est pourquoi j'estime qu'un investisseur devrait tenter de construire son portefeuille d'une manière aussi équilibrée que possible entre les titres défensifs et les titres offensifs.

La répartition de vos actifs correspond-elle à vos objectifs financiers à long terme et à votre degré de tolérance au risque ?

Je considère qu'un investisseur doit répondre objectivement à deux questions avant de décider la proportion de son portefeuille qui sera destinée aux actions : 1. Quelles sommes aurai-je besoin de tirer de mon portefeuille pour subvenir à mes besoins annuels futurs ? 2. Quel est mon degré de tolérance au risque ?

Plus vous avez besoin de revenus en proportion de votre portefeuille, plus il devrait contenir d'obligations. Et vice versa.

Cela dit, il importe avant tout de bien dormir. Même si vous n'avez pas réellement besoin de tirer de revenus de votre portefeuille, si les baisses comme celle que nous venons de traverser vous donnent des ulcères, vous devriez probablement revoir le pourcentage de vos obligations à la hausse.

Êtes-vous fait pour gérer vous-même votre portefeuille ?

Gérer un portefeuille d'actions est passionnant et je connais de nombreux investisseurs autonomes qui réussissent très bien. Mais gérer soi-même est autre chose que de confier la gestion de son portefeuille à des professionnels. La gestion d'un portefeuille nécessite non seulement beaucoup de temps et d'énergie, elle requiert aussi un caractère spécial et des nerfs assez solides pour traverser les périodes plus difficiles.

Aviez-vous conservé suffisamment d'encaisse pour profiter de la correction ?

Dans notre gestion, nous tentons de conserver l'équivalent de près de 5 % de nos portefeuilles en encaisse en tout temps. Cela nous permet de profiter d'une baisse de marché pour acheter un titre que nous avions dans notre mire et qui devient soudainement attrayant, sans être forcés de vendre un autre titre.

C'est dans l'adversité que nous apprenons le plus. Prenez le temps d'analyser ce qui s'est produit au cours des derniers mois dans vos portefeuilles pour y apporter, si nécessaire, les modifications appropriées.

EXPERT INVITÉ
Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100. Plusieurs comptes sous la gestion de COTE 100 possèdent des actions de Berkshire Hathaway.

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